Chemin Lépine-Clova
Une juge ordonne le démantèlement des entraves routières
Le 7 octobre à Mont-Laurier, la juge Marie-Josée Bédard du District judiciaire de Labelle a ordonné le démantèlement des entraves routières sur le chemin Lépine-Clova, qui donne accès à la ZEC Petawaga.
La juge a accueilli en partie une demande d’injonction provisoire de la ZEC Petawaga pour une période de dix jours à compter du jugement.
Cette injonction ne vise que le conseil de bande de Kitigan Zibi Anishinabeg et son chef Dylan Whiteduck, car la juge Bédard estime que la participation des Algonquins de lac Barrière, de lac Simon et de Kitcisakik dans l’installation de barrages routiers sur le chemin Lépine-Clova depuis le 14 septembre dernier n’a pas été démontrée.
Le chef Whiteduck a déclaré pour sa part sous serment que l’initiative de filtrer le trafic sur cette artère, qui permet d’accéder à 40% de la ZEC Petawaga, n’avait pas été prise par le conseil de bande de Kitigan Zibi. M. Whiteduck fait remarquer que ni lui ni le conseil de bande n’exerce de contrôle sur les membres de la communauté.
Le chef Whiteduck endosse toutefois les gestes posés par ces derniers.
Mentionnons également que la ZEC Petawaga sert de territoire traditionnel de chasse aux Anishinabe de Kitigan Zibi.
En acceptant la demande d’injonction provisoire de la ZEC Petawaga, la juge Bédard autorise les policiers à intervenir pour assurer le libre accès au chemin Lépine-Clova.
Le point de vue des Algonquins
La ZEC Petawaga, qui couvre 1 186 km2, estime faire injustement les frais du bras de fer qui oppose actuellement les communautés algonquines au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Rappelons que les Algonquins exigent un moratoire sur la chasse sportive à l’orignal dans la réserve faunique La Vérendrye depuis 2019. Le résultat d’un inventaire aérien qui s’est déroulé l’hiver dernier dans la réserve faunique a renforcé leurs revendications.
Les Algonquins ont fait valoir que leurs points de contrôle routiers permettent de maintenir la pression sur le MFFP, avec lequel ils sont en négociation, ainsi que de garantir leurs droits ancestraux enchâssés dans la Constitution. Ils estiment que les démarches judiciaires entamées par la ZEC Petawaga seront un frein dans ces négociations. Ils voient les barrages routiers comme un moyen « raisonnable et proportionnel » d’empêcher l’extinction des orignaux et de préserver leur droit de chasse.
« Gestes illégaux »
La juge Bédard ne l’entend pas de cette oreille. Selon elle, les Algonquins mettent eux-mêmes la table à une judiciarisation de la situation en posant des gestes illégaux, en plus de causer des préjudices à des tiers qui ne sont pas impliqués dans les négociations.
« Le droit de manifester et de s’exprimer librement n’emporte (…) pas le droit de poser des gestes illégaux en bloquant des voies publiques et en entravant l’accès sur un territoire qui appartient à la collectivité. » – La juge Marie-Josée Bédard
Les contrôles routiers installés sur le chemin Lépine-Clova se trouvent aux intersections de la route 117, du chemin Côte-Jaune (au km 22) et Wawati (km 43-44). Selon les Algonquins, la circulation de la population en général n’est pas entravée et les chasseurs d’orignaux qui veulent entrer ou sortir de la ZEC Petawaga peuvent le faire par d’autres accès, ce que réfutent des chasseurs non autochtones.
Une vingtaine d’installations de villégiature se trouveraient dans les 500 km2 bloqués. Alors que la chasse commence le 10 octobre, la ZEC Petawaga estime qu’elle subira des préjudices monétaires si les points de contrôle restent en place, alors que la présence des chasseurs est légitime s’ils sont munis d’un permis du MFFP, qui n’a pas interdit la chasse à l’orignal dans le secteur.
« Ils ne sont pas allés en cour pour rien »
Joint par L’info le 8 octobre, Georges Lafontaine, qui travaille pour le Conseil de la Nation Algonquine, a accepté de commenter brièvement l’affaire.
« C’est sûr qu’ils doivent être déçus, a-t-il dit en parlant des membres de la communauté de Kitigan Zibi Anishinabeg. Je ne sais pas s’ils vont maintenir les barrages. »
À propos des contrôles routiers sur le chemin Lépine-Clova, il a expliqué que « ça vient des gens du peuple ça ».
« Les gens se sont installés. Évidemment, le conseil de bande a soutenu leur démarche, mais ce n’est pas un ordre (…). C’est d’abord parti des gens. C’est pour ça que le chef Whiteduck disait à la juge: quand bien même vous me diriez « t’es obligé de faire ça », je ne peux rien ordonner à ces gens-là, qui sont des gens libres et qui ont décidé de faire ça par eux autres mêmes. Quel est le pouvoir que j’ai sur eux autres? J’enverrai pas la police les enlever de là. »
La crainte de M. Lafontaine, c’est que la situation puisse virer à l’affrontement si les policiers de la Sûreté du Québec interviennent, comme la juge les y autorise.
« La ZEC, ils vont pousser la police à appliquer l’injonction, c’est évident. Ils ne sont pas allés en cour pour rien. »
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