Disparitions et morts suspectes
« Il n’y a aucun dossier qui est laissé sur une tablette »
Depuis sa création en 2004, la Division des dossiers non résolus de la Sûreté du Québec (SQ) a élucidé plusieurs dizaines de cas. Le lieutenant Hugo Fournier a parlé à L’info de cette unité spéciale et discrète qui effectue dans l’ombre un travail de fourmi.
Depuis la création de l’unité voilà 16 ans, une cinquantaine de dossiers ont été résolus sur plusieurs centaines qui sont toujours actifs à l’échelle de tout le Québec. Certains demeurent une énigme 40 ans après avoir été ouverts.
« Il faut comprendre qu’un dossier est classifié à titre de non résolu lorsque toutes les techniques d’enquête ont été utilisées et que les pistes possibles afin de procéder à l’identification et l’arrestation d’un suspect sont examinées et non solutionnées », mentionne le lieutenant Fournier.
Il faut environ cinq ans avant qu’un cas dans lequel un geste criminel pourrait être en cause atterrisse sur le bureau de la Division des dossiers non résolus.
« Il n’y a aucun dossier qui est laissé sur une tablette et qui n’est pas vérifié à l’occasion. Tous les dossiers dont les personnes ne sont pas retrouvées, c’est des dossiers qui sont actifs à la Sûreté, peu importe le nombre d’années », assure le policier.
Pour lui, chaque dossier résolu est un dossier « pas évident » que l’équipe peut se réjouir d’avoir élucidé.
« On doit fouiller et avec la preuve qui a été obtenue dans le passé qui n’était pas toujours dans les mêmes techniques d’enquête ou la même rigueur à l’époque. Des fois, il y a certains dossiers où il y a des pièces manquantes. »
-Lieutenant Hugo Fournier
Depuis 2014, la Division s’affiche sur la Toile et met régulièrement en ligne de nouvelles fiches de dossiers non résolus.
Le policier commente : « (…) progressivement, on veut augmenter le nombre qui est là. Par contre, dans certains cas, on doit obtenir l’autorisation des familles (…). On a (…) des familles où on a peu de collaboration. C’est pas possible de diffuser. C’est pour cette raison-là, entre autres, qu’on ne retrouve pas 700 dossiers. À presque tous les mois ou aux deux mois, on en ajoute quelques dizaines. Comme on dit, c’est un “ work in progress ”. On le fait à temps perdu, si on veut, d’alimenter tout ça (…) ».
« Parfois, certains membres de la famille n’ont aucun intérêt pour la résolution du crime. »
– Lieutenant Hugo Fournier
L’alimentation du site et la médiatisation plus large des dossiers n’est pas la priorité, puisque l’équipe se concentre d’abord sur le travail d’enquête.
L’enquête avant tout
« On va privilégier des enquêtes avant de faire la vérification, l’alimentation. Il y a tout une espèce de processus où on doit avoir la photo, rencontrer la famille, obtenir leur consentement, faire la médiatisation de tout ça », raconte M. Fournier.
Qui plus est, le policier assure que l’équipe « tente d’informer les journalistes » à chaque fois qu’un nouveau cas se retrouve sur le site Internet, « mais ce qu’on constate c’est que ça ne retient pas toujours l’attention ».
Les relances médiatiques ont lieu à l’occasion des anniversaires ou lorsque les enquêteurs pensent que cela pourra faire avancer le dossier.
L’équipe
Enquêteurs de la SQ et personnel civil confondus, la Division des dossiers non résolus compte 35 personnes et elle est dirigée par un lieutenant. À première vue, cela peut paraître peu, mais le lieutenant Fournier précise tout de suite que l’équipe travaille en collaboration étroite avec les différentes unités de soutien de la SQ : des profileurs, des psychologues judiciaires et des centaines d’autres enquêteurs.
« Parfois, entre autres, ils vont demander la collaboration des 300 enquêteurs des crimes majeurs. Ça fait quand même une très grosse équipe. »
-Lieutenant Hugo Fournier
Par ailleurs, la SQ collabore également avec la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) via le site web Canada’s Missing où ses dossiers non résolus sont alimentés.
Disparitions : 10 000 dossiers par an
Le nombre de dossiers de disparition ouverts chaque année au Québec donne le tournis : 10 000.
Le lieutenant Fournier remet cependant le tout dans son contexte : « C’est quand même assez impressionnant. On inclut à l’intérieur de ça l’enfant qui échappe à la vigilance de ses parents et qu’on cherche pendant 30 minutes dans le quartier, le chasseur disparu qu’on retrouve en train de se faire un feu sur le bord d’un lac, une jeune fugueuse qu’on retrouve au centre-ville de Montréal. Et l’enlèvement d’un enfant par son parent est évidemment considéré comme une disparition ».
Les personnes qui pensent détenir des informations susceptibles de faire avancer un dossier non résolu doivent passer par la Centrale de l’information criminelle de la SQ au 1 800 659-4264.
Et à eux qui seraient réticents, le lieutenant assure que leur confidentialité sera préservée : « C’est vraiment notre point de chute où les gens peuvent donner de l’information anonymement et si quelque chose est en lien avec les dossiers non résolus, c’est acheminé à eux. Ils en font l’analyse, ils font les démarches nécessaires… Le système fonctionne bien ».
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