Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Les Oblats de Marie-Immaculée : une congrégation bien présente dans la Vallée-de-la-Gatineau
Les Oblats de Marie-Immaculée, une communauté religieuse de missionnaires, sont liés de près à l’histoire et au développement de la Vallée-de-la-Gatineau à partir du milieu du XIXe siècle.
La congrégation est fondée en France, en 1816, par le futur évêque de Marseille, Monseigneur Eugène de Mazenod, sous le nom de Société missionnaire de Provence. Dix ans plus tard, le pape Léon XII reconnaît officiellement la communauté sous le nom d’Oblats de Marie-Immaculée.
À la suite de plusieurs demandes de l’évêque de Montréal, Monseigneur Ignace Bourget, six missionnaires oblats arrivent, en 1841, au Canada-Uni pour prêcher, éduquer et établir des missions.
Surnommés « les jésuites des campagnes » ou « les missionnaires des pauvres », les Oblats œuvrent auprès des peuples autochtones et des populations modestes et démunies.
Les Oblats arrivent dans la région
En 1844, les Oblats s’établissent dans la petite ville forestière de Bytown (Ottawa). L’année suivante, le père Clément est le premier oblat à visiter la vallée de la Gatineau.
En 1847, le père Joseph-Bruno Guigues, supérieur des Oblats au Canada, devient le premier évêque catholique de Bytown. Le futur diocèse d’Ottawa englobe alors l’Est ontarien et l’Outaouais. L’année suivante, le prélat fonde le Collège de Bytown, la future Université d’Ottawa, que les Oblats dirigeront jusqu’en 1965.
En 1849, Monseigneur Guigues visite pour la première fois la vallée de la Gatineau et se rend jusqu’à Maniwaki, où faute de logement convenable, il doit demeurer chez l’agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson, un protestant…
Très rapidement, plusieurs missionnaires traversent la rivière des Outaouais pour visiter les chantiers forestiers où travaillent de nombreux bûcherons et draveurs catholiques. À l’époque, l’industrie forestière domine l’économie de toute la Vallée de l’Outaouais.
En 1846, les Oblats construisent à Hull un premier lieu de culte appelé « la chapelle de chantier ». Ce modeste bâtiment religieux ne sert pas seulement à célébrer des messes, mais aussi parfois d’auberge pour les cajeux, ces hommes qui amènent de grands radeaux de bois équarri de la région jusqu’au port de Québec.
Peu après leur arrivée au pays, les Oblats recrutent de jeunes Canadiens pour augmenter le nombre de missionnaires de la communauté d’origine française. C’est ainsi que les Oblats se trouvent dans presque toutes les provinces canadiennes.
La congrégation est particulièrement présente auprès des peuples autochtones, entre autres, les Attikameks, les Cris, les Innus et les Inuits, notamment dans l’Ouest, la baie James, dans le Grand Nord et au lac Saint-Jean. En Outaouais, les Oblats œuvrent auprès des Algonquins-Anishinaabe, à Kitigan Zibi.
Les Oblats sont aussi bien établis dans les villes, particulièrement à Montréal depuis 1848. En 1900, la congrégation religieuse fonde la paroisse Saint-Pierre-Apôtre, dans un quartier ouvrier. En 1902, les Oblats s’installent au Cap-de-la-Madeleine, où ils possèdent le sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap, l’un des plus importants lieux de pèlerinage au Canada.
Le déclin
À partir des années 1950, les Oblats, comme bien d’autres congrégations religieuses, font face à une diminution de leurs membres. En réalité, ils doivent s’adapter au déclin de la pratique religieuse chez les catholiques. Par exemple, la plupart de leurs maisons de retraite et de leurs paroisses disparaissent au Québec.
En fait, aujourd’hui, la grande majorité des institutions oblates sont fermées ou ont changé de mains. Cela dit, les Oblats continuent leur engagement pastoral dans certaines régions du Québec et sont toujours présents à Ottawa, notamment à la paroisse du Sacré-Cœur et St. Joseph, ainsi qu’à l’Université Saint-Paul. Il importe toutefois de rappeler que leur riche héritage demeure bien présent dans la Vallée-de-la-Gatineau.
Depuis 1988, les Oblats de Marie-Immaculée sont désignés événement historique national par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada et sont inventoriés dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
Enfin, plusieurs noms et bâtiments de la Vallée-de-la-Gatineau, particulièrement à Maniwaki, rappellent la contribution exceptionnelle des Oblats au développement de l’Outaouais.
Sources
Gaston Carrière, Dictionnaire biographique des Oblats de Marie-Immaculée au Canada, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa.
Oblats de Marie-Immaculée, Répertoire du patrimoine culturel du Québec, https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=7827&type=pge
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