Parmi les 15 ans et plus
60% des Val-Gatinois ont du mal à lire un texte long ou complexe
Le 14 octobre dernier, la Fondation pour l’alphabétisation a dévoilé les résultats d’une l’étude intitulée « La littératie au Québec: un regard local sur les enjeux ». Le portrait dans la Vallée-de-la-Gatineau n’est pas unique, mais il n'est pas reluisant non plus.
Cette étude a été réalisée par un économiste, Pierre Langlois. Il s’agit d’un portrait inédit des compétences en littératie de la population dans toutes les régions du Québec. L’étude comprend aussi des pistes d’actions et de solutions.
Dans son étude, Pierre Langlois a jumelé les résultats de 2012 du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (PEICA) et les données du recensement canadien de 2016. Il a ensuite classé en quatre niveaux le taux de littératie dans les MRC du Québec. Le niveau vert représente les MRC où 54% de la population n’atteindrait pas le niveau 3 du PEICA et le rouge, les MRC où plus de 60% de la population n’atteindrait pas le niveau 3 du PEICA. Le niveau 3 en littératie est le seuil jugé nécessaire pour comprendre des textes plus longs et plus complexes. Ces données sont basées sur une population âgée de 15 ans et plus.
La Vallée dans le rouge
Selon l’étude, la Vallée-de-la-Gatineau se trouve au niveau rouge. Elle est loin d’être la seule. L’étude démontre que les MRC des régions dites éloignées affichent des résultats plus défavorables. Celles-ci ont d’ailleurs des caractéristiques souvent similaires, dont:
- Une forte proportion de répondants sans diplôme
- Une forte proportion de répondants avec un diplôme d’études professionnelles
- Un phénomène de vieillissement de la population
- Des caractéristiques économiques et industrielles particulières: fort secteur agricole ou des pêcheries, présence importante d’un secteur manufacturier et d’industries liées aux ressources naturelles comme la foresterie, le papier ou les mines, par exemple.
Pistes de solution
L’étude donne des pistes de solution. Pour sa part, André Huberdeau, président de la Fondation pour l’alphabétisation (Fondation), mentionne qu’il existe des centaines de groupes populaires au Québec qui touchent plus ou moins à la littératie.
« Plusieurs ont de la difficulté à survivre financièrement, le gouvernement finance peu ces initiatives et avec la COVID-19, il a été difficile pour ces organisations d’aller chercher des revenus autonomes », mentionne-t-il. Résultat? Certains ont réduit leurs activités. « Souvent assurés par des bénévoles, les services de littératie vivent la même pénurie qu’au niveau des employés », ajoute M. Huberdeau.
L’objectif de la Fondation est donc de sensibiliser les gens et cette étude, mentionne M. Huberdeau, ouvre les yeux.
« Le gouvernement pourrait donner encore plus, mais il n’y a rien comme l’action locale. » – André Huberdeau
M. Huberdeau clarifie sa pensée en ajoutant que « Le milieu municipal pourrait se prendre en main. Il pourrait réunir à une même table les gens du milieu, incluant celui du travail. »
En résumé, l’étude partage ces solutions pour les MRC en région:
- Identifier les grands employeurs dans les MRC présentant des résultats plus faibles et ouvrir une discussion sur la littératie
- Définir des mesures de soutien en littératie dans le milieu agricole, de la foresterie et de la transformation
- Établir un contrat social entre le milieu manufacturier et les écoles professionnelles afin d’assurer une diplomation complète
- Soutenir l’apprentissage de la littératie chez les aînés, particulièrement en région
- Comprendre les limites de la couverture régionale des cégeps et des autres actifs de diffusion culturelle
- Comprendre les enjeux de littératie et de décrochage scolaire dans les communautés autochtones.
André Huberdeau rappelle que les démarches pour entreprendre l’apprentissage prennent beaucoup de courage et d’énergie aux gens qui le désirent. Il existe donc INFO Alpha et INFO Apprendre pour aider les gens à s’y retrouver.
« Les commissions scolaires sont de bons alliés pour les gens qui veulent améliorer leur sort, mais juste appeler n’est pas facile pour certains, on les accompagne. À mes yeux, ces gens sont des héros, des modèles de courage », souligne-t-il.
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