Troubles en eau douce - Ànimiziwin Nibing
Un premier symposium d’art au Presbytère de Blue Sea
Un premier symposium d’art, intitulé Troubles en eau douce (Ànimiziwin Nibing, en langue algonquine) s’est tenu du côté du Presbytère de Blue Sea du 27 et 30 juillet dernier. Pour cette première édition, l’événement a remporté un grand succès, venant confirmer qu’il sera reconduit.
En effet, Le Presbytère de Blue Sea a invité plusieurs artistes de la Vallée-de-la-Gatineau et d’ailleurs au Québec pour concevoir et réaliser, durant cet événement de création intensive de quatre jours, une série de performances multidisciplinaires au cœur du territoire et des communautés de la région.
« C’est une première édition d’un événement de grande envergure. On a six artistes qui sont sur place pour créer devant public pendant tout l’événement. D’autres passent à certains moments. Il y a aussi les chansonniers, musiciens, et notre conteur. C’est vraiment un événement multidisciplinaire. Les artistes prennent le temps d’expliquer leur démarche, leurs inspirations et dans certains cas, les gens sont invités à participer à la création », a expliqué la présidente, Nathalie Jobin.
En partenariat avec la Municipalité de Blue Sea, qui célèbre cette année son 100e anniversaire, la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau et grâce au soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, et à la collaboration du Centre culture Kitigan Zibi Anishinabeg , le Presbytère a voulu permettre aux artistes sélectionnés de développer de nouvelles créations dans des conditions optimales et offrir le soutien nécessaire à leur production devant public au cours du processus ouvert de création.
La programmation des quatre journées a permis au public de comprendre les démarches des artistes invités, de participer à l’évolution de certaines œuvres et d’assister à la création.
À noter que le 29 juillet, une dégustation spéciale de thés du terroir avec les desserts de la cheffe Marie Papilles a eu lieu et le 30 juillet, pour terminer l’événement en beauté, souper chili, animation et spectacles avec, entre autres, le poète et conteur Anishiinabeg, Albert Dumont et le trio musical, Les Chipies, ont été offerts.
Tout au long du symposium, des gourmandises étaient proposées autour de la bannique, pain traditionnel algonquin, que l’on pouvait déguster sur place grâce à la participation du Anishnabe Kwe Café venu de Kitigan Zibi pour l’occasion.
Les artistes présents pour le Symposium
Après avoir présenté leur projet et traversé le processus de sélection, le groupe d’artistes sélectionnés cette année était composé de: Sylvie Grégoire, Yuri Rousseau, Maxime Hector Archambault, Mélissa Ng Wong, Thibault Quinchon, Sherry Ann Rodgers.
Maxime Hector Archambault
Il est un artiste visuel originaire de Messine et vivant maintenant à Montréal. Étant aussi musicien, la peinture est pour lui une façon différente de composer. À travers l’art visuel, il cherche à construire des univers intérieurs qui lui sont propres.
Dans le cadre du Symposium il a voulu rendre hommage à ses origines. À l’aide de collages réalisés à partir de cartes hydrographiques et routières, il a créé une œuvre qui explore les moments importants qu’il a vécus près des cours d’eau de la région et qui sont encore dans sa tête et son coeur. Il a donc terminé l’événement en présentant une cartographie imaginaire de la Vallée de la Gatineau et de ses cours d’eau en poésie et en couleur.
Sherry-Ann Rodgers
Artiste et entrepreneure Anishinaabeg habitant Lac Rapide, elle a créé une variété de pièces liées à la résolution du deuil, au pouvoir d’être bien en tant qu’individu et en tant que communauté, au pouvoir de prendre soin de soi et au pouvoir de créer un changement durable.
Elle a expliqué que le système des pensionnats indiens a créé un héritage de traumatismes individuels provoquant un dysfonctionnement dans les familles qui se propage dans toute la communauté. Elle fait partie de la troisième génération impactée et croit qu’en investissant l’art comme moyen d’expression, elle marche également sur le chemin de la guérison de la communauté dans son ensemble.
« L’art est un moyen d’évacuer les émotions, d’adoucir la douleur et de faciliter le passage vers le positif. C’est mon cadeau à tous ceux qui traversent un traumatisme, une dépression, une dépendance, des abus. Il est temps de mettre fin au cycle du trauma intergénérationnel, sagidizin », a affirmé l’artiste.
Melissa Ng Wong
Originaire de l’île Maurice, est maintenant résidente de la Vallée et enseigne les arts plastiques à la Cité Étudiante. Elle a présenté une démarche artistique et des œuvres reflétant une combinaison de ces expériences, souvenirs et histoires, lui permettant de créer des paysages imaginaires ayant en commun des éléments de la faune et de la flore, dont les papillons monarques grandement menacés d’extinction.
Au travers de cette quête identitaire, l’artiste souhaite sensibiliser les gens. « Avec le thème, ma passion pour la nature et mes origines asiatiques, j’ai voulu incorporer le tout dans une même œuvre en invitant le public à y participer et par le fait même à le sensibiliser », a-t-elle raconté.
Yuri Rousseau
Lors du Symposium, il a fait découvrir sa pratique de la gravure et du papier fait main. Tout au long de l’événement, on pouvait suivre son exploration des impacts de l’activité humaine sur l’écologie marine, et plus particulièrement sur le lac Blue Sea.
Au cours de son processus créatif, il a produit une édition en papier composée entièrement ou partiellement de myriophylle à épi, algue considérée comme envahissante et problématique. L’objectif était de produire une impression représentant cette algue sous plusieurs points de vue.
« Pour le Symposium, j’ai proposé de faire du papier qui intègre le myriophylle à épis. On en parle beaucoup et pour ce projet, j’ai fait beaucoup de recherches. Malheureusement, lorsqu’on parle de cette algue envahissante, le discours est très militaire. On parle de lutte, d’éradication d’une algue diabolique, etc., mais moi, j’essaie d’ouvrir la conversation sur le fait que l’algue est en train de nous dire quelque chose par rapport à l’état de nos lacs et des comportements humains », a, entre autres, expliqué M. Rousseau.
Sylvie Grégoire,
Artiste peintre, comme l’eau qui coule et se déplace librement, elle laisse parler ses gestes sur ses toiles et invitera petits et grands à faire de l’art avec leurs émotions. Lors du Symposium, le public pouvait prendre les pinceaux mis à sa disposition et exprimer, avec elle, ses élans de manière spontanée.
Thibaut Quinchon
Grand passionné et documentariste sonore, venant de Lanaudière, il a amené le public dans son univers qui touche à l’écologie sonore. Expérience immersive unique, l’écologie sonore est une investigation interactive de notre environnement sonore menant à une prise de conscience de celui-ci.
Il a donc mis en lumière, avec des prises de son autant sur terre que sous l’eau, les environnements acoustiques «sains» que l’on retrouve dans la région et plus particulièrement, à Blue Sea.
« J’appelle ce que je fais de l’installation sonore. Avec mes prises de son, à travers divers haut-parleurs positionnés à différents endroits, je joue avec les sons et je crée une trame sonore englobante. Tout a été enregistré ici depuis que je suis arrivé. Ce ne sont que des sons d’ici. J’étudie les territoires par le biais du paysage sonore. (…) Cette fois, j’avais aussi ma caméra avec moi donc j’en ai profité pour ajouter des captations de paysage et comme j’aime faire parler les gens, j’y ai aussi mis des témoignages de gens qui me parlent de l’environnement. Avec le thème Trouble en eau douce, je me suis concentré sur les enjeux écologiques s’y rattachant », a-t-il expliqué.
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