Aide médicale à mourir
« Je ne veux pas être un fardeau pour mes proches, je veux rester digne »
Le Centre action générations des aînés de la Vallée-de-la-Lièvre (CAGA VL) organisait une conférence à la salle communautaire de Buckingham, pour aborder la question complexe, mais nécessaire de l’aide médicale à mourir. Une conférence menée avec brio par le docteur Guy Morissette, qui a répondu aux nombreuses interrogations des ainés participants.
Le Dr Guy Morissette, qui compte plus de 42 années d’expérience en tant que médecin de famille, a abordé le sujet avec une grande bienveillance et une bonne dose d’humour.
L’ex-directeur des services professionnels au CISSSO a expliqué à la fois les raisons qui poussent certaines personnes à recourir à cette méthode, mais aussi le processus et les démarches à faire pour en bénéficier. Il a aussi abordé les lois et règlements en vigueur au Québec et au Canada qui encadrent cette pratique, et sont régulièrement mis à jour.
« Quatre-vingt-six pour cent des personnes qui ont recours à l’AMM ne peuvent plus gérer leur quotidien ni répondre à leurs besoins primaires comme se nourrir, se laver, etc.. », note le médecin.
« Je ne veux pas être un fardeau pour mes proches, je veux rester digne » est l’une des phrases que l’on entend le plus souvent de la part des patients, ajoute-t-il.
Un sujet qui interpelle la population
Cette conférence a été organisée à la demande de nombreux membres du CAGA VL, comme l’explique la coordinatrice des activités, Marie-Claude Longpré. L’organisme offre de nombreux services aux ainés de la région, des activités favorisant l’autonomie, une aide à la mobilité, et des conférences aux sujets variés.
« C’est un sujet d’actualité, il y a beaucoup de changements en cours, les lois risquent d’être modifiées d’ici quelques mois. Nos membres sont des personnes ainées qui sont très préoccupées par ces questions-là. C’est un bon moyen de regrouper l’information et de tenir les gens informés », explique-t-elle.
Les personnes sur place avaient de nombreuses interrogations concernant notamment le déclin de la santé mentale des suites d’une maladie et les possibilités de recourir tout de même à l’aide médicale à mourir. Le docteur Morissette leur a expliqué qu’il existe des possibilités dans certains cas, comme faire une demande anticipée.
A contrario, les personnes atteintes de troubles et de maladies mentales qui relève du domaine de la psychiatrie, comme la dépression sévère, la schizophrénie les troubles de la personnalité, etc.. Ne peuvent actuellement pas bénéficier de l’AMM au Québec, souligne-t-il.
En 2021, le gouvernement du Canada a établi que les Canadiens dont le seul problème médical est une maladie mentale et qui, autrement, respectent tous les critères d’admissibilité ne seraient pas admissibles à l’AMM pendant deux ans, soit jusqu’au 17 mars 2023. Cette mesure a été prise afin « d’avoir le temps d’évaluer comment l’AMM peut être offerte en toute sécurité dans le cas de personnes atteintes d’une maladie mentale et de veiller à ce que des mesures de sauvegarde appropriées soient en place afin de protéger ces personnes », peut-on lire sur le site gouvernemental.
« La souffrance ce n’est pas juste de la douleur physique. Il y a une multitude d’autres souffrances possibles, qui sont existentielles ou psychologiques ». Guy Morissette
Le projet de Loi C-39 au Canada visant l’abrogation de l’exclusion de l’admissibilité à l’AMM dans les cas de maladie mentale comme seule raison médicale a été adopté le 9 mars 2023, puis repoussé au 17 mars 2024, date à laquelle les personnes en question obtiendront ce service.
L’aide médicale à mourir « populaire » au Québec
Depuis décembre 2015, environ 15 000 personnes ont eu recours à l’aide médicale à mourir au Québec, 35 000 au Canada et plus de 350 en Outaouais. Une croissance linéaire de 30 à 40 % est observable chaque année, mentionne le Dr Morissette.
Concernant le profil des patients, il a ajouté que : 89 % d’entre eux avaient 60 ans et plus, 74 % étaient touchés par le cancer, et 9 % subissaient une maladie neurodégénérative. Si l’âge moyen des personnes qui ont recours à l’AMM est autour des 71 ans, il y a des exceptions comme cette personne de 36 ans qui a souhaité en finir pour des raisons qui lui appartienne.
« L’aide médicale à mourir ce n’est pas juste pour les personnes en fin de vie. C’est une décision mûrement réfléchie par les patients. Les gens sont conscients que, quand on meurt, il n’y a pas de retour en arrière… sauf exception ! (rires) », conclut le Dr Morissette.
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