Chronique historique
Le barrage Mercier : à l’origine du réservoir Baskatong
Le barrage Mercier, dans la Vallée-de-la-Gatineau, s’avère le plus impressionnant de l’Outaouais. La structure est érigée, au début du 20e siècle, pour former l’immense réservoir Baskatong et contrôler le débit de la rivière Gatineau. Nous tracerons ici l’historique de cet imposant barrage haut de 25 mètres et large de 345 mètres et nous traiterons également de la toponymie.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Un imposant barrage
En accord avec la Commission des eaux courantes du Québec, un barrage est construit entre 1924 et 1928, à une quarantaine de kilomètres au nord de Maniwaki. Le barrage Mercier va former le réservoir Baskatong, un immense lac artificiel qui fournira en eau les centrales de la Gatineau Powers : Paugan, Chelsea et Rapides Farmers, sur la rivière Gatineau. Ces trois centrales hydro-électriques sont toujours en exploitation. La Gatineau Powers est alors une filiale créée en 1926 par la Canadian International Paper (CIP), pour gérer les ressources hydro-électriques.
En 2008, Hydro-Québec transforme, au coût de 76 millions de dollars, le barrage en centrale hydroélectrique d’une puissance maximale de 50,5 MV. Bien que situé à Grand-Remous, le seul chemin pour s’y rendre passe par Montcerf-Lytton.
Le réservoir Baskatong
Avant la construction du barrage Mercier, le relief du secteur est marqué par les rivières Gatineau et Baskatong, ainsi qu’une douzaine de plans d’eau, dont le petit lac Baskatong, long d’à peine huit kilomètres.
L’ennoiement provoqué par le barrage change toutefois complètement le paysage pour former un lac artificiel de 413 kilomètres carrés. Ce dernier fait 45 kilomètres de long et 19 kilomètres de large. Par ailleurs, les berges qui entourent le réservoir s’étendent sur quelque 2 800 kilomètres. Ce sont ces plages sablonneuses qui font la réputation du réservoir Baskatong.
Au début, le plan d’eau porte concurremment le nom de Mercier et de Baskatong. Cependant, en 1962, la Commission de géographie du Québec, aujourd’hui la Commission de toponymie du Québec, rend officiel le toponyme de réservoir Baskatong. Le barrage garde toutefois le nom de Mercier.
Selon le Dictionnaire illustré des noms de lieux du Québec, Baskatong est un mot d’origine algonquine qui provient probablement de obiskitawang, qui signifie selon le père oblat Georges Lemoine, auteur du Dictionnaire français-algonquin : « endroit où l’eau est resserrée par le sable. » Cela dit, l’étymologie proposée par le père Joseph-Étienne Guinard donne plutôt la signification de lac plié provenant de baskaton, pour piskita. Le missionnaire oblat, qui est assigné à Maniwaki en 1898, ajoute « qu’en hiver les eaux du lac travaillaient la glace, la bombaient et la faisaient plier, d’où l’origine de ce nom. »
Honoré Mercier
Contrairement à ce que l’on peut croire, le barrage et la centrale hydro-électrique ne doivent pas leur nom à Honoré Mercier, premier ministre du Québec de 1887 à 1891, mais à son fils, qui porte le même nom que son illustre père.
Honoré Mercier fils (1875-1937) suit les traces du neuvième premier ministre de la province en s’engagement activement en politique. Ainsi, il commence sa carrière en tant que conseiller municipal à Montréal, de 1906 à 1910. Il se lance aussi en politique provinciale en 1907, lorsqu’il est élu député à l’Assemblée législative du Québec pour le comté de Châteauguay.
Le premier ministre libéral, Lomer Gouin, le nomme ministre de la Colonisation, des Mines et des Pêcheries entre 1914 et 1919, puis ministre des Terres et Forêts en 1919. Il demeure à ce ministère pendant tout le règne du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau, entre 1920 et 1936.
Fait intéressant, en 1903, Mercier épouse Jeanne Fréchette, la fille du poète Louis Fréchette. L’un des fils du couple, appelé aussi Honoré Mercier (1908-1988), suit les traces de son père et de son grand-père en siégeant au Parlement de Québec, de 1944 à 1948.
En somme, le barrage Mercier fait partie du patrimoine industriel de la Vallée-de-la-Gatineau et il se rattache à une série d’ouvrages hydroélectriques conçus au Québec durant les années 1920. Il est aussi à l’origine de l’un des plus grands réservoirs artificiels au monde.
Sources : Commission de toponymie du Québec
Dictionnaire des parlementaires du Québec de 1764 à nos jours
Vous aimeriez peut-être...
Voir plus de : Chronique
Le poinsettia: la fleur de Noël
Plus que toutes les autres plantes, le poinsettia est identifié à la période des Fêtes. En effet, il s’agit d’aller …
Les Oblats de Marie-Immaculée : une congrégation bien présente dans la Vallée-de-la-Gatineau
Les Oblats de Marie-Immaculée, une communauté religieuse de missionnaires, sont liés de près à l’histoire et au développement de la …
CHRONIQUE │ Les sports équestres sont pratiqués dans la Vallée !
On a qu’à regarder autour de nous sur les routes de la Vallée et on constate rapidement le nombre de …