Le château Logue : un joyau du patrimoine de Maniwaki
Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais Le château Logue, situé au 8, rue Comeau, est l’un des plus anciens bâtiments de Maniwaki. Il s’avère également l’un des plus importants joyaux du patrimoine de la Vallée-de-la-Gatineau. Sa valeur repose sur son association avec deux grandes familles de la région, les Logue et les Nault, ainsi que sur sa richesse architecturale. Malheureusement, cet immeuble unique, qui porte aussi le nom de maison Ernest-Nault, est en attente d’une restauration et d’une nouvelle vocation afin de le préserver pour les générations à venir.
Deux familles influentes
Charles Logue, né en Irlande en 1846, arrive au Québec vers 1850. Il travaille d’abord dans les chantiers forestiers de la région, puis se lance dans le commerce et finit par posséder trois magasins généraux.
Pour bien démontrer sa réussite sociale, Logue fait construire une demeure monumentale que la population locale surnomme « le château Logue ». Le commerçant devient un des principaux notables de Maniwaki, car il occupe plusieurs fonctions, notamment celles d’exploitant forestier, de marchand de fourrures et de maître de poste. À sa mort en 1900, c’est le plus jeune fils, Charles Edward, qui prend la relève des affaires du père. Ce dernier devient aussi le propriétaire avec ses trois sœurs du château. Malheureusement, la résidence bourgeoise brûle en 1923. Il ne reste plus que les grands murs en pierre et les fondations.
Charles Edward fait reconstruire le manoir en lui redonnant son style d’origine. La famille Logue occupe la maison jusqu’en 1933. Un autre notable, Ernest Nault (1895-1980) achète le château. Nault, maire de Montcerf, possède aussi deux commerces à Maniwaki. Il sera également président de la commission scolaire et conseiller municipal à Maniwaki.
Dans les années 1960, le couple Nault quitte leur maison devenue trop grande pour la transformer en logements. En 1971, la Société d’aménagement de l’Outaouais exproprie les Nault pour incorporer le bâtiment au Centre touristique de la Haute-Gatineau.
L’immeuble est abandonné et il faudra plusieurs années avant que le Comité socioculturel de Maniwaki, dirigé par Jeannine Thibault-Logue, parvienne à le faire restaurer avec l’appui de la Ville de Maniwaki, du ministère des Affaires culturelles du Québec et de nombreux partenaires. En 1989, la bibliothèque municipale s’y installe et y reste jusqu’en 2000. La même année, le château Logue est relié à un important complexe hôtelier.
Enfin, en 1992, l’immeuble accueille le Centre d’interprétation de l’historique de la protection de la forêt contre le feu. Ce centre dirigé par François Ledoux ferme ses portes en 2019.
Une grande valeur architecturale
Le château Logue, construit en 1887, possède une grande valeur architecturale et s’avère l’un des très rares bâtiments de style Second Empire dans la Vallée-de-la-Gatineau. Ce style élaboré en France dans la deuxième moitié du 19e siècle, sous le règne de l’empereur Napoléon III, connaît une grande popularité au Québec dans le dernier quart du 19e siècle.
En fait, le château Logue possède toutes les caractéristiques du style Second Empire : un toit mansardé à quatre versants, des lucarnes cintrées, des fenêtres à arc surbaissé été enfin sa belle corniche à consoles. Le bâtiment se distingue aussi par son toit en tôle et ses deux grandes cheminées. Tous ces éléments donnent un caractère noble au bâtiment de pierre.
Un bâtiment protégé, mais menacé
En 2008, la Ville de Maniwaki reconnaît la richesse historique et architecturale du château Logue en le citant immeuble patrimoniale en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. De plus, l’édifice est inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec et au Registre des lieux patrimoniaux du Canada.
Malgré une citation municipale et deux reconnaissances patrimoniales, l’édifice est actuellement en mauvais état et inoccupé. Espérons que la Ville de Maniwaki et le ministère de la Culture trouveront bientôt le moyen de restaurer le bâtiment et lui donneront une nouvelle vocation. Certes, cela représente tout un défi, mais Maniwaki ne peut pas se permettre de perdre un immeuble aussi remarquable pour sa mémoire et son patrimoine bâti. Il faut agir!
Voir le Répertoire du patrimoine culturel du Québec : https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=123185&type=bien
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