Crise forestière
De hauts fonctionnaires bloqueraient la résolution de la crise en Outaouais
Lors d’une conférence de presse, tenue la semaine dernière, marquant la première année de la Cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides, sa présidente, Chantal Lamarche, a déploré l’inaction du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), allant même jusqu’à prétendre que de hauts fonctionnaires bloqueraient les modifications demandées pour aider l’industrie.
Après plus d’un an de discussion entre les élus, les politiciens, les industriels et les fonctionnaires du gouvernement, les membres de la Cellule d’intervention en viennent à la conclusion que le dossier a fait du surplace et qu’absolument rien n’a avancé dans le dossier complexe qu’est celui de la crise forestière qui sévit en Outaouais et dans les Laurentides.
Le préfet de la MRC de Papineau et co-président du comité de liaison de la Cellule d’intervention, Benoit Lauzon, indique qu’il y a de l’intérêt pour repartir la papetière Fortress et l’industrie, mais que les conditions n’étant pas présentes, aucune offre formelle n’est actuellement sur la table. « Les gens sont là pour pouvoir repartir. Il y a des investisseurs intéressés à repartir la papetière, mais les conditions ne sont pas là et le ministère ne veut pas les mettre en place. »
« Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a signé pour la papetière ce matin? Absolument pas. Il n’y a pas les conditions pour signer. » – Benoit Lauzon
Pour lui, la solution réside encore et toujours dans une baisse du coût d’approvisionnement des usines de 30%, comme il l’exprime depuis le début de la crise forestière actuelle. « C’est aussi simple que ça », lance-t-il.
Il déplore la difficulté de communication et d’interaction avec le MFFP et ses fonctionnaires. « Les gens n’écoutent pas, les gens ne travaillent pas avec nous, les gens ne travaillent pas avec nos industriels pour mettre les bonnes choses en place pour s’assurer une relance de notre industrie. »
Par contre, celui-ci sent une volonté de la part des ministres Mathieu Lacombe (ministre responsable de l’Outaouais), Pierre Fitzgibbon (ministre de l’Économie et de l’Innovation) et Pierre Dufour (ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs) pour résoudre la crise actuelle. « M. Lacombe, M. Fitzgibbon et M. Dufour, on travaille ensemble, on se parle toutes les semaines dans ce dossier-là. Ils travaillent avec nos industriels, mais quelque part ça bloque. »
Il soulève aussi le fait que le régime forestier est unique à l’ensemble de l’industrie partout au Québec et que le bois de feuillus ne représente qu’une faible partie de l’ensemble de l’industrie forestière. Selon lui, une partie du problème s’explique par ce fait. « Est-ce qu’on va modifier un régime qui va venir impacter 85% [de l’industrie]? Non. La problématique est là et c’est pour ça que le ministère ne veut surement pas modifier ce régime forestier là. »
M. Lauzon évoque également le récent projet-pilote annoncé par le gouvernement et qui selon lui ne pourra se faire si l’industrie est toujours à l’arrêt. Il clame que le gouvernement donne les conditions gagnantes aux industriels afin de repartir l’industrie pour pouvoir instaurer ce projet-pilote et pouvoir trouver des solutions durables après quelques années d’essai. « Comment veux-tu qu’on mette un projet-pilote [en place] quand les industriels ne sont pas dans le bois et ne sont pas en opération? Ça ne peut pas fonctionner. »
Blocage d’en haut
Mme Lamarche ne mâche pas ses mots lorsqu’elle parle de la situation qui se passe au sein du MFFP. « Il y a une problématique et tous les jours il y a quelqu’un qui bloque », s’indigne-t-elle.
Elle a par la suite affirmé ne pas savoir assurément d’où venait le blocage. « Il y a quelqu’un ou un groupe qui bloque, ça c’est clair », soutient-elle.
Elle ajoute que comme pour les directions des CISSS, un ménage s’impose au MFFP. « On l’a vu avec le CISSS en Outaouais, il y a eu une enquête à l’interne au niveau de la santé. Il faut qu’ils fassent la même chose au ministère des Forêts parce qu’il y a un blocage », a-t-elle mentionné.
« Il y a quelqu’un qui est pesant, qui connaît la foresterie, qui est très complexe et technique, qui bloque. » – Chantal Lamarche
Elle déclare également que les politiciens, qui ne connaissent peut-être pas les nombreux aspects techniques du monde forestier, peuvent être influencés par les hauts fonctionnaires du MFFP pour appuyer leurs décisions. « Si nos élus politiciens au niveau du gouvernement et de l’Assemblée nationale n’ont pas une connaissance accrue du forestier, les hauts fonctionnaires peuvent leur dire n’importe quoi et eux autres ils embarquent. »
Elle dénonce aussi une certaine hypocrisie qu’il peut y avoir lors de réunions du comité de direction dont elle fait partie. « Quand je siège au comité de direction, ils sont gentils, ils sont polis, ils ont un beau sourire, mais une fois que le Zoom est arrêté, il n’y a plus rien qui se passe », souligne-t-elle.
Mme Lamarche s’est également posé la question à savoir si les nombreux comités créés pour faire face à cette crise n’étaient que du vent pour faire taire les voix qui s’élevaient parmi les élus municipaux et régionaux. « Je me suis posé la question si c’était pour nous faire fermer. Je me suis posé la question à plusieurs reprises. Moi je crois que non, signale-t-elle. Le ministre Dufour a cru à cette cellule-là. C’est l’équipe de M. Dufour qui bloque. »
Même si cette dernière affirmait en début de période de questions suivant la conférence de presse qu’elle ignorait d’où venait le blocage, elle a précisé un peu plus tard qu’elle avait une bonne idée de qui il s’agissait. Elle est cependant demeurée excessivement réservée quant à la divulgation du nom de la ou des personne(s) visées, signalant qu’elle allait en parler avec le ministre Dufour. « Le vrai bobo, à 99% des chances, je sais d’où il vient et de qui. Mais je ne nommerai pas de noms. Je vais parler au ministre Dufour. »
Rappel historique
Mme Lamarche a également tenu à rappeler que lors de l’instauration du nouveau régime forestier en 2013, l’Outaouais avait dénoncé celui-ci et craignait, à raison selon elle, la mort de l’industrie forestière de la région. « Quand le nouveau régime forestier est sorti, l’Outaouais a crié haut et fort qu’elle ne voulait pas faire partie du nouveau régime forestier, que ça tuerait nos industries forestières et c’est ce qui est arrivé. »
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