Les joutes d’improvisation reprennent tambour battant

Publié le 12 septembre 2023 par Davide Buscemi

Publié par

Davide Buscemi

Journaliste | dbuscemi@medialo.ca

La saison 2023-2024 de la Joute amicale d’improvisation de Maniwaki et des environs (JAIME) démarrera ce vendredi 15 septembre à 19h au château Logue à Maniwaki.

Des joueurs en pleine improvisation. (Photo gracieuseté)

Les joutes oratoires vont reprendre incessamment sous la houlette de l’arbitre sévère Kim Lacaille qui se surnomme elle-même « arbitch » [sic]. Les joueurs forment quelque troupe d’amateurs aguerris et rompus à l’exercice oral. « On a déjà joué avec les professionnels de la Ligue nationale d’improvisation (LNI). On vise toujours à donner le meilleur spectacle possible », expose Jean-François Chabot qui, lui-même, pratique cette activité depuis 25 ans.

Les joueurs, comme les appelle M. Chabot, proviennent de divers milieux. D’aucuns sont enseignants, d’autres travaillent à la radio. Enfin, certains jouissent d’une expérience du théâtre ou sont même apparus dans des œuvres audiovisuelles.

Dans le civil, ce responsable de la JAIME est enseignant en intégration sociale auprès d’adultes qui présentent des déficiences intellectuelles.

Comment se déroule une joute ?

Deux équipes s’opposent. Elles peuvent changer au fil du temps. L’arbitre propose un thème autour duquel les joueurs vont improviser. « Le modèle d’improvisation développé par la LNI est calqué sur le hockey. Il y a des contraintes : de temps, sur le nombre de joueurs. C’est le public qui vote pour leur improvisation préférée, c’est ça qui donne des points. On le fait à la bonne franquette mais il y a quand même un gagnant. C’est plus pour le plaisir. On ne gagne pas un trophée », explique-t-il.

Le but demeure de construire une histoire tous ensemble en faisant fonctionner son imagination. « Il faut vraiment s’écouter ! », insiste-t-il.

Comme le hockey

L’héritage du hockey se cristallise dans la tenue des improvisateurs qui arborent des chandails. L’arbitre est habillé comme ceux de la LNH. « À l’origine, les joutes se passaient dans une « improvisoire » avec la forme d’une patinoire », raconte Jean-François Chabot.

L’autre héritage du hockey, ce sont les punitions. « Si on a une punition, on ne passe pas deux minutes sur le banc. Mais si une équipe a trois pénalités, ça donne un point à l’adversaire », poursuit-il.
Les punitions s’appliquent quand une équipe n’a pas respecté le thème, la catégorie ou le nombre de joueurs ou bien si l’on commet une « rudesse » : quand on impose une idée sans écouter ce que l’autre va dire.

Les punitions font aussi partie du folklore de ces joutes. « L’arbitre pourrait donner une pénalité simplement pour le spectacle », confirme M. Chabot.

Dans les ligues traditionnelles d’improvisation, pour réagir, les gens lançaient, jadis, des claques (couvre-chaussures) sur l’arbitre. Ici, l’exercice est plus apaisé. Les temps ont changé. « Pour exprimer un « je n’aime pas », le public lancera des toutous (peluches), ça fait moins mal que des claques », s’amuse celui qui est aussi l’auteur d’un premier roman fantastique intitulé Chimères d’un peuple — Le chapelet noir.

L’improvisation, sous cet aspect ludique, est née au Québec en 1977 grâce notamment à Robert Gravel. Depuis, le concept s’est exporté en France, Belgique, Suisse et Italie.