Yuri Rousseau
Quand art et environnement se rencontrent
L’artiste originaire de Blue Sea, Yuri Rousseau, qui figurait parmi les artistes participant au Symposium d’art du Presbytère de Blue Sea, utilise l’art pour ouvrir la conversation face aux problématiques environnementales.
Interpellé par la nature, M. Rousseau, lors de son passage au Symposium, a fait découvrir son talent dans la confection du papier fait main composé de plantes indigènes. Tout au long de l’événement, on pouvait suivre son exploration des impacts de l’activité humaine sur l’écologie marine, et plus particulièrement sur le lac Blue Sea. L’événement proposait aussi rencontres et discussions entre artistes et visiteurs, ce qui a permis à M. Rousseau de partager ce qu’il avait appris sur le myriophylle à épis en espérant provoquer réflexions et prises de conscience.
Au cours de son processus créatif, il a fait énormément de rechercher sur le myriophylle à épi pour ensuite produire une édition de papier composée entièrement ou partiellement de cette algue considérée comme envahissante et problématique. Son objectif était de produire une impression représentant cette algue sous plusieurs points de vue. « Pour l’événement, j’ai proposé de faire du papier qui intègre le myriophylle. On en parle beaucoup et pour ce projet, j’ai fait beaucoup de recherches. Malheureusement, lorsqu’on parle de cette algue envahissante, le discours est très militaire. On parle de lutte, de destruction d’une algue diabolique, etc., mais moi, j’essaie d’ouvrir la conversation sur le fait que l’algue est en train de nous dire quelque chose par rapport à l’état de nos lacs et des comportements humains », a, entre autres, expliqué M. Rousseau.
S’informer, discuter, comprendre
Au fil de ses recherches, l’artiste a vite compris que malgré le fait que le myriophylle était de plus en plus connu et présent, les gens sont peu ou mal informés. De là, pour lui, l’importance d’en discuter pour mieux comprendre
« L’algue n’a pas choisi de venir ici, elle a été apportée. Le fait qu’elle prolifère est une conséquence des choix et des actions humaines. La hausse de nutriments observée dans nos lacs est une conséquence de l’érosion des berges et ça devient un enchaînement. Heureusement, il y a des organismes comme le bassin versant et plusieurs autres au Québec qui travaillent fort », a-t-il raconté.
« Le myriophylle à épi c’est un peu comme la voix de la nature qui nous dit d’arrêter de détruire les berges et d’arrêter de déverser des produits dans les lacs. »
Yuri Rousseau
Soulignant l’importance de discuter des situations environnementales afin d’inciter les gens à voir quelles actions citoyennes peuvent être mises en place et à s’impliquer pour essayer d’enrayer ces problématiques, il a aussi expliqué : « pour moi, ce qui est important, c’est d’essayer de changer un peu le discours et de briser la trame de conflit entre l’homme et la nature qui, selon moi, contribue à la déresponsabilisation qu’on a des actes que l’on pose face à la nature en se séparant d’elle. On oublie que nos actions sont centrales aux impacts qui apparaissent. Mon papier est une manière de mettre les choses en évidence et de proposer la discussion. »
Pour l’artiste, ses nombreuses recherches et apprentissages sur le sujet le motivent à vouloir ouvrir la conversation sur des solutions potentielles. « Dans certaines municipalités, il est possible de composter cette algue qui est considérée comme un déchet contaminant et qui est envoyée dans les sites d’enfouissement. Je trouve que c’est le genre de décisions administratives qui est un peu absurde, car tant qu’on ne la remet pas près d’un cours d’eau de manière à ce qu’elle y retourne, il n’y a pas de problème. Les gens ont fait du myriophylle un ennemi juré. L’algue a mauvaise presse, mais on devrait sensibiliser la population plutôt que de lui faire peur. Ça aurait plus d’impact de créer une relation constructive vis-à-vis de notre implication face à la plante, car ce qu’elle fait c’est de retirer les nutriments des lacs. Ce n’est pas juste négatif. L’humain est en train de polluer les lacs et l’algue profite de ce qu’on met dedans et les extraits. Si dans la stratégie humaine on sort l’algue, on la composte et on la met dans nos potagers pour réduire la quantité de nutriment qu’on met sur nos terrains, ça devient positif », a-t-il ajouté.
Selon M. Rousseau, de belles solutions existent et selon lui, tout doit commencer par des discussions et la sensibilisation. Informations et outillages doivent être mis à la disposition des gens afin de réduire la présence du myriophylle qui à ses yeux ne pourra complètement disparaître.
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