Mgr Joseph-Bruno Guigues : premier évêque du grand diocèse de Bytown (Ottawa)
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Monseigneur Guigues, le premier évêque catholique de Bytown, s’avère un des personnages marquants de l’Outaouais au 19e siècle. En effet, on lui doit notamment la création de plusieurs paroisses, la venue de congrégations religieuses et la fondation d’une société de colonisation pour peupler le territoire. De plus, le prélat se porte durant tout son règne à la défense des Canadiens français de son diocèse, qui s’étire des deux côtés de la rivière des Outaouais.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Joseph-Eugène-Bruno Guigues est né à La Garde, dans les Hautes-Alpes françaises, le 26 août 1805. Il est ordonné prêtre en 1828 par Mgr de Mazenod, évêque de Marseille. En 1844, le religieux est nommé supérieur extraordinaire au Canada où les Oblats sont établis depuis peu. Trois ans plus tard, il devient le premier évêque du diocèse de Bytown (Ottawa).
Peu familier avec l’anglais, Mgr Guigues se retire dans la paroisse anglophone de Saint-Colomban, près de Montréal, pour apprendre cette langue essentielle à ses nouvelles fonctions. Il est sacré évêque dans la cathédrale Notre-Dame en 1848.
Le modeste diocèse devient grand
À son arrivée, Mgr Guigues trouve un diocèse bien modeste composé d’une cathédrale inachevée, de trois églises en pierre et d’une quinzaine de chapelles. On y compte que sept prêtres séculiers et sept oblats. Son diocèse ne compte qu’environ 40 000 habitants, dont une bonne partie est protestante.
Le prélat consacre toutes ses énergies au développement de son immense diocèse. À sa mort, 25 ans plus tard, les progrès sont remarquables, car le diocèse compte désormais 67 églises, 48 chapelles et plusieurs écoles. De plus, il dispose de 53 prêtres séculiers et de 37 oblats. En 1871, la population du diocèse atteint 182 171 âmes, dont plus de la moitié, soit 96 548 sont catholiques. Faute d’argent, la décoration intérieure de sa cathédrale reste toutefois inachevée.
L’évêque s’intéresse aux missions chez les Autochtones et dans les chantiers forestiers de l’Outaouais. D’ailleurs, il effectue dès 1849 une première visite de la Vallée-de-la-Gatineau, jusqu’à Maniwaki.
En 1849, Mgr Guigues fonde une société de colonisation qu’il préside au début. Fait intéressant, pour assurer le succès de sa mission, l’évêque dirige les colons du Québec vers l’Outaouais et les cantons situés entre Soulanges-Vaudreuil et Bytown. C’est ainsi qu’en grand nombre de colons francophones de la vallée du Saint-Laurent s’installent dans le diocèse de Bytown. C’est d’ailleurs le cas de mes arrière-arrière-grands-parents paternels et maternels.
Un grand éducateur
Parmi tous les intérêts de Mgr Guigues, l’éducation des jeunes s’avère une priorité. Par exemple, en 1848, il fonde le Collège de Bytown, qui deviendra l’Université d’Ottawa en 1866. En 1856, il cède l’établissement aux Oblats qui le dirigent jusqu’en 1965.
Par ailleurs, le prélat croit profondément au bilinguisme dans le ministère et dans l’enseignement. De plus, il s’engage en faveur des écoles catholiques et lutte pour obtenir justice pour les catholiques et ses fidèles de langue française. Par exemple, il encourage directement ces écoles en leur donnant de l’argent de sa caisse épiscopale. Il soutient également les Sœurs de la Charité et leur fondatrice, mère Élisabeth Bruyère et fait venir les Frères des écoles chrétiennes ainsi que les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.
L’évêque, reconnu comme étant proche des pauvres et des aînés démunis, décède à Ottawa le 8 février 1874, à l’âge de 68 ans. Il repose dans la crypte de sa cathédrale.
Gaston Carrière dresse, dans le Dictionnaire biographique du Canada, un portrait flatteur du premier évêque de Bytown. Il note : « D’une grande douceur, Mgr Guigues possédait une rare énergie, et il savait contourner les obstacles pour arriver à ses fins. Homme très simple, il remplit jusqu’à la fin de sa vie les fonctions de curé, assidu au confessionnal, prêchant souvent et visitant les malades. Il faisait la tournée de son diocèse chaque année et ces visites constituaient de véritables retraites au cours desquelles l’évêque était accessible à tous. »
Sources : CARRIÈRE, Gaston. « Guigues, Joseph-Bruno », Dictionnaire biographique du Canada en ligne, 2000. [www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=5013&interval=25&&PHPSESSID=tq8nr452dh3771nkh1ko53jfi7]
PRÉVOST, Michel, L’Université d’Ottawa depuis 1848 / The University of Ottawa since 1848, Ottawa, Université d’Ottawa, 2008, 160 p.
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