Chronique Michel Prévost
Abigail Wright, la première femme d’affaires de l’Outaouais
L’histoire de l’Outaouais fait une très grande place à Philemon Wright (1760-1839), le fondateur du canton de Hull. On connaît toutefois bien moins sa femme, Abigail Wyman, qui pourtant a joué un rôle beaucoup plus important que l’on pensait au départ.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
En effet, jusqu’à assez récemment, la contribution d’Abigail Wright au développement de la région, au début du 19e siècle, avait été rarement notée. Cela dit, une étude plus attentive des archives de la famille Wright démontre qu’elle contribue activement à l’entreprise familiale, même si la compagnie porte le nom de Wright and Sons. Il faut savoir qu’à cette époque, on fait bien peu de place aux femmes.
Une vie active
Abigail Wyman est née à Charlestown (Woburn), en Nouvelle-Angleterre, le 20 août 1760. Elle épouse son petit-cousin, Philemon Wright, en 1782. Elle arrive à Hull, le 7 mars 1800, au Bas-Canada, avec son mari et ses six enfants âgés de deux à 18 ans. En 1797, elle déplore la mort de sa fille aînée âgée de sept ans qui portait le même prénom qu’elle.
Mme Wright est aussi accompagnée de membres de sa propre famille qui avaient quitté Woburn, près de Boston, dans l’État du Massachusetts, soit un périple périlleux de quelque 800 kilomètres, effectué en hiver, faute de routes.
Trois ans après son arrivée en Outaouais, madame Wright donne naissance à une fille Christina, qui serait la première enfant d’origine européenne née à Hull.
Abigail Wright est décrite comme étant une femme courageuse aux fortes convictions religieuses. Très pieuse, elle donne son soutien aux missionnaires méthodistes, congrégationalistes et anglicans qui sont de passage à Hull au début du 19e siècle. Elle croit également fortement à l’éducation des jeunes.
Cette Hulloise d’adoption a le sens de l’histoire, car elle conserve en souvenir les premières briques de la briqueterie fondée par son mari en 1814.
Abigail Wright décède le 23 janvier 1829, à l’âge de 69 ans, soit dix ans avant son illustre mari. Elle repose avec son époux et une grande partie de sa famille au cimetière historique St. James, sur le boulevard Alexandre-Taché, près de l’Université du Québec en Outaouais, à Gatineau.
Une femme d’affaires
Comme Philemon Wright passe beaucoup de temps à Québec pour s’occuper de son commerce du bois et de ses activités politiques comme député du comté d’Ottawa, il s’en remet à sa femme pour ses rapports périodiques. On sait aussi qu’elle prodigue à son mari plusieurs conseils sur le bon fonctionnement de ses affaires.
Il ne faut d’ailleurs pas croire que les Wright sont actifs seulement dans le canton de Hull, puisque dès 1820, ils exploitent déjà des chantiers dans la Vallée-de-la-Gatineau, de la rivière Picanoc, de la rivière Désert et de la rivière de l’Aigle. De plus, la famille Wright possède des fermes d’approvisionnement pour leurs chantiers forestiers dans les lieux connus aujourd’hui sous les noms de Northfield, Gracefield, Bouchette et Maniwaki.
Rappelons que les Wright sont venus s’établir en Outaouais pour développer une colonie agricole, mais qu’ils se rendent vite compte que le développement de la région repose surtout sur l’industrie forestière, même s’ils exploitent avec succès de grandes fermes agricoles.
Une contribution remarquable
Bref, on ne peut plus ignorer la contribution d’Abigail Wyman-Wright que l’on peut considérer comme étant la première femme d’affaires de l’Outaouais. Certes, l’histoire a plus reconnu le nom de son célèbre mari, Philemon Wright, de ses fils, particulièrement Philemon, Tiberius et Ruggles, ainsi que son petit-fils, Alonzo Wright, surnommé « le roi de la Gatineau ».
Cela dit, comme le démontre l’article récent de l’un de ses lointains descendants, Rick Henderson, Abigail Wright peut être considérée comme « la directrice et la coordinatrice d’une grande partie de l’entreprise de Wright’s Town. »
En somme, on ne peut plus passer sous silence la contribution exceptionnelle d’Abigail Wright dans le développement économique de l’Outaouais et de la Vallée-de-la-Gatineau.
Sources :
Rick Henderson, « La première dame de la région de la capitale du Canada » dans Chroniques de la Capitale : https://fr.capitalchronicles.ca/post/la-premi%C3%A8re-dame-de-la-r%C3%A9gion-de-la-capitale-du-canada-1
Chad Gaffield (Éditeur), Histoire de l’Outaouais, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1994, 876 p.
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