Chronique Michel Prévost
Le Pythonga, le grand bateau-remorqueur du réservoir Baskatong
Un imposant remorqueur exposé dans un parc à l’intersection de la rue des Oblats et de la rue du Souvenir, au cœur de Maniwaki, attire sans contredit le regard. Il s’agit du Pythonga, un magnifique bateau-remorqueur d’une très grande valeur historique associé au flottage du bois sur l’immense réservoir Baskatong. En fait, le Pyhtonga s’avère un témoin privilégié de l’industrie forestière qui domine l’économie de la Vallée-de-la-Gatineau au 19e et une partie du 20e siècle.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Le Pythonga est construit en 1927. L’année suivante, le bateau-remorqueur arrive à Maniwaki par chemin de fer. Il est par la suite glissé sur la neige jusqu’au nouveau réservoir créé par la construction du barrage Mercier dans les années 1920.
Pendant 65 ans, soit jusqu’en 1993, le Pythonga remorque des millions de billes de bois qui flottent sur l’immense plan d’eau vers les usines de transformation de bois en aval de la rivière Gatineau, particulièrement l’usine de la Compagnie internationale de papier, la CIP, à Gatineau, et les usines de la E.B. Eddy, à Hull.
Le remorqueur est imposant avec ses 70 tonnes. Il mesure 25,90 mètres de long et 4,87 mètres de large. En fait, il s’avère le plus imposant bateau-remorqueur à circuler dans tous les méandres du réservoir Baskatong. Le puissant remorqueur au diesel peut à lui seul tirer jusqu’à trois estacades de bois, ce qui représente environ 3200 cordes de bois.
Le Pythonga est piloté par une équipe de sept personnes : le capitaine et son second, deux mécaniciens, deux hommes de pont et un cuisinier ou une cuisinière. Les hommes se partagent les quarts de jour et de nuit. Seul le capitaine possède sa propre cabine. Les autres membres de l’équipage doivent se partager les tours de couchette. En somme, le Pythonga n’a rien d’un navire de croisière, bien au contraire.
Fait inimaginable aujourd’hui, le Pythonga ne possède pas d’instruments de navigation. En effet, le remorqueur est piloté manuellement. Sa bonne navigation repose entièrement sur la précieuse expérience de son équipage.
En fait, le mécanicien de cale joue un rôle essentiel, car il conduit le bateau selon les indications sonores envoyées par la capitaine. Ainsi, un coup de cloche signale le départ, alors que deux coups commandent une machine arrière, trois coups indiquent qu’il faut ralentir et enfin que quatre coups de cloche signifient le contraire, en avant toute.
Lac Pythonga
Le nom du remorqueur vient du lac Pythonga qui est situé à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Maniwaki. Ce plan d’eau appartient au bassin hydrographique de la Gatineau. Il s’agit d’un toponyme anishanegh algonquin, aussi orthographié Pytongo, Pytonga et Pitaonga. Selon le père oblat Joseph-Étienne Guinard (1864-1965), qui est assigné à Maniwaki en 1898, ce nom signifie « il y a long de sable ».
Selon la Banque de noms de lieux du Québec, de la Commission de toponymie du Québec, ce toponyme « s’explique par le fait que le lac occupe un terrain sablonneux, dénué d’arbres et traversé d’ailleurs par une rivière dite du Désert ». Ce toponyme est utilisé depuis le milieu du 19e siècle, soit bien longtemps avant l’arrivée du bateau-remorqueur Pythonga dans la région.
Le remorqueur historique Pythonga est inventorié dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, mais ne jouit pas de protection patrimoniale. Cela dit, il demeure l’un des plus importants témoins de patrimoine maritime et fluvial de l’Outaouais.
Sources :
Répertoire du patrimoine culturel du Québec : https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=173365&type=bien
Banque de noms de lieux du Québec de la Commission de toponymie du Québec https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=51543
Vous aimeriez peut-être...
Voir plus de : Chronique
Le poinsettia: la fleur de Noël
Plus que toutes les autres plantes, le poinsettia est identifié à la période des Fêtes. En effet, il s’agit d’aller …
Les Oblats de Marie-Immaculée : une congrégation bien présente dans la Vallée-de-la-Gatineau
Les Oblats de Marie-Immaculée, une communauté religieuse de missionnaires, sont liés de près à l’histoire et au développement de la …
CHRONIQUE │ Les sports équestres sont pratiqués dans la Vallée !
On a qu’à regarder autour de nous sur les routes de la Vallée et on constate rapidement le nombre de …