Chronique
L’hiver au fil du temps
Michel Prévost, D.U.
Pour certains, l’hiver est une période difficile et redoutée, alors que pour d’autres, c’est une saison agréable et attendue. Quoi qu’il en soit, depuis l’arrivée des premiers colons en Nouvelle-France, nous avons dû nous adapter à notre climat rigoureux et aux caprices de l’hiver. Certes, cette adaptation n’est pas toujours facile et les premiers Européens doivent une fière chandelle aux Autochtones, qui avaient appris depuis des millénaires à survivre à l’hiver.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Au 18e et au 19e siècle, les Français trouvent les hivers pénibles au Canada. Ils n’ont pas l’habitude des chutes abondantes de neige et des grands froids, mais leurs descendants s’adaptent peu à peu à ce climat.
La contribution autochtone
Les premiers colons profitent de la longue expérience des Autochtones pour passer à travers les rigueurs de la période froide. Par exemple, ce sont eux qui montrent aux Français comment combattre le scorbut avec le cèdre blanc. Cette grave maladie, souvent mortelle, est causée par l’absence de vitamine C présente dans les aliments frais. Ils leur font aussi découvrir de nouveaux mets comme le maïs et la viande d’orignal, d’ours et de castor, ainsi que le gibier à plumes. Ce sont aussi les Premières Nations qui montrent aux Européens à se déplacer dans la neige grâce à la raquette et la traîne.
Les habitations
Au début, les habitations sont souvent construites comme en France et ne sont pas adaptées au climat. Les colons vont toutefois les modifier en construisant des maisons en bois plus petites qui se chauffent plus facilement que les maisons en pierres. Cela dit, les occupants continuent à geler l’hiver, car les foyers n’arrivent pas à bien réchauffer les logements. Ce problème est enfin résolu, au milieu du 19e siècle, avec l’arrivée des poêles à bois. Les toits en pente, qui empêchent la neige de s’accumuler, constituent un autre exemple d’adaptation au climat.
Les fourrures et le bois
L’hiver contribue au développement économique du pays. En effet, le commerce des pelleteries avec les Autochtones s’avère le pilier économique de la Nouvelle-France. La rivière Gatineau est d’ailleurs une voie importante pour la traite des pelleteries. La fourrure des animaux sauvages, surtout celle des castors, est très demandée en Europe. La fourrure d’hiver, plus épaisse, est très appréciée, car elle garde le corps bien au chaud.
Au 19e siècle, le bois remplace la fourrure comme moteur économique, particulièrement dans la Vallée-de-la-Gatineau. L’hiver s’avère la période idéale pour couper le bois de nos grandes forêts. Les hommes se dirigent vers les chantiers à la fin de l’automne et y passent la saison froide. La neige permet aux chevaux d’acheminer les billes près des cours d’eau pour la drave.
Les transports
Pendant longtemps, le transport dans la région est plus facile en hiver où les chemins sont en meilleur état, car la terre est gelée et les routes recouvertes de neige tapée. Par ailleurs, les cours d’eau y deviennent des voies rapides de communication. Par exemple, sur les rivières de l’Outaouais, on trouve des ponts de glace qui permettent de traverser d’une rive à l’autre.
Les sports et loisirs
Au fil du temps, les résidents de la région apprennent à s’amuser en hiver en faisant de la raquette, du ski de fonds et alpin, de la glissade, du traîneau à chiens et du patin. Les amateurs de l’hiver profitent aussi des plans d’eaux gelés pour faire de la pêche sur glace, organiser des tournois, des courses de traîneaux et de chevaux. Au XXe siècle, s’ajoutent la motoneige et des véhicules adaptés pour profiter de la neige.
Le sport d’hiver le plus populaire demeure le hockey. La moindre surface glacée devient un espace pour pratiquer notre sport national. Cela dit, le hockey se pratique maintenant plus dans les arénas et moins sur les surfaces glacées extérieures, ce qui n’est pas une mauvaise chose avec les changements climatiques. D’ailleurs, plusieurs sont inquiets et se demandent si nos hivers de neige ne deviendront pas des hivers de verglas et de pluie. Ce serait aussi terrible pour notre industrie touristique.
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