Société d’histoire de l’Outaouais
L’église Notre-Dame-de-la-Visitation de Gracefield, un joyau du patrimoine religieux
Michel Prévost, D.U., président de la SHO
La Vallée-de-la-Gatineau compte plusieurs bâtiments religieux de grande valeur historique et patrimoniale. L’une des plus grandes églises de la région s’avère celle de Notre-Dame-de-la-Visitation, à Gracefield. En effet, cette structure en pierres grises est le bâtiment le plus imposant de la municipalité et son haut clocher constitue un phare pour la campagne environnante.

Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Une longue histoire
Une mission catholique est établie à Gracefield dès 1843, ce qui en fait la plus ancienne de l’actuel diocèse de Mont-Laurier, érigé en 1913. Auparavant, la mission relève du diocèse de Bytown (Ottawa) fondé en 1847.
Le nouvel évêque, Mgr Joseph-Bruno Guigues, s’y rend en 1849. Le prélat ecclésiastique écrit dans ses notes de voyage: « Nous repartîmes pour la Visitation sur la Gatineau. Une soixantaine de familles dépendent de cette mission. Elles sont pauvres aussi, mais remplies d’esprit de foi et de simplicité. » À l’époque, les pionniers vivent durement de la foresterie et de l’agriculture.
La première chapelle, bâtie en 1856, est utilisée pendant plus d’un demi-siècle. En 1912, la modeste construction en bois est remplacée par un bâtiment beaucoup plus imposant pour accueillir les 1 500 fidèles de la paroisse reconnue officiellement en 1901.
La Fabrique paroissiale fait appel à l’architecte hullois Charles Brodeur (1871-1936) et aux entrepreneurs Roy et Boyer. Brodeur dessine au cours de sa carrière les plans de plusieurs bâtiments religieux en Outaouais, notamment l’église de Notre-Dame-de-la-Salette et le bâtiment central du Collège Saint-Alexandre, à Gatineau.
En 1905, Charles Brodeur réalise également les plans du beau presbytère de brique de Notre-Dame-de-la-Visitation.
Lors de la bénédiction du lieu de culte en 1913, le journal Le Droit écrit qu’elle est « la plus belle de la Gatineau ». En fait, sa nef à trois vaisseaux, sa haute voûte à plein cintre, ses colonnes à chapiteaux élaborés et ses belles boiseries attirent tous les regards.
Il faut dire que les paroissiens paieront longtemps pour une église aussi somptueuse. Le riche décor intérieur est toutefois progressivement modifié à partir des années 1950. Ainsi, les trois autels, la chaire, la table de communion et les boiseries sont aujourd’hui disparus.
Un tremblement de terre et des festivités
Presque 100 ans après sa construction, le 23 juin 2010, l’église catholique de Gracefield est endommagée par un tremblement de terre d’une secousse de 5,0 sur l’échelle de Richter, un phénomène sismique d’une très rare amplitude pour la région.
Cela dit, la structure tient le coup, ce qui permet aux paroissiens de Notre-Dame-de-la-Visitation de célébrer en grande pompe, les 14 et 15 juillet 2012, le 100e anniversaire du début de la construction de leur église. Pour l’occasion, Mgr André Chalifoux célèbre une messe. Par ailleurs, de nombreuses festivités marquent la fin de semaine comme des retrouvailles des anciens, un défilé de voitures anciennes et un banquet.
Valeur patrimoniale
En 2017, l’église et le presbytère de la paroisse sont cités monuments historiques par la Municipalité de Gracefield en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. Cette citation permet de les protéger pour les générations en venir. Les élus abrogent toutefois le règlement de protection patrimoniale l’année suivante, ce qui fait que ces deux joyaux du patrimoine religieux de l’Outaouais ne jouissent plus de protection.
Heureusement, les deux bâtiments demeurent inventoriés dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec. Dans l’argumentaire, on peut lire: « Le presbytère et l’église de Notre-Dame-de-la-Visitation présentent des valeurs historiques, architecturales et paysagères. Par ses matériaux, sa conception architecturale, sa décoration intérieure, ses statues et l’ensemble des meubles, l’église de Notre-Dame-de-la-Visitation offre une valeur d’architecture. Également, son implantation au cœur du centre-ville constitue un point de repère ».
On peut en effet se demander que serait le noyau de la municipalité de Gracefield sans sa belle grande église historique. Cela dit, il ne fait pas de doute que son entretien et sa sauvegarde constitueront un défi de taille pour les années à venir.
Voir la fiche de l’église dans le Répertoire du patrimoine culturel du Québec: https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=158514&type=bien.
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