Société d’histoire de l’Outaouais
Les rivières Tomasine et Picanoc : deux toponymes autochtones de la Vallée-de-la-Gatineau
Michel Prévost, D.U., président de la SHO
La Vallée-de-la-Gatineau possède un riche patrimoine toponymique autochtone. La rivière Tomasine reconnue pour son eau limpide et la rivière Picanoc décrite comme étroite et tumultueuse, en sont deux beaux exemples.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
La petite rivière Tomasine prend sa source à l’extrémité sud du lac Embarras, dans la réserve faunique La Vérendrye et coule vers le sud-est avant de se jeter dans le lac du même nom, puis dans le lac Rond et la rivière Désert. Avec ses 25 kilomètres, elle s’avère l’une des plus courtes rivières de la région.
Le petit cours d’eau se distingue par son grand nombre de rapides et de chutes, ainsi que par la beauté naturelle de ses paysages. La rivière Tomasine demeure toutefois difficilement accessible, car il n’y a pas de sentiers de portage.
Origine du nom
À l’instar de la rivière Gatineau, l’origine du nom de ce cours d’eau varie d’une source à l’autre. En effet, comme l’indique le Dictionnaire illustré des noms et lieux du Québec, publié par la Commission de toponymie du Québec, pour certains ce nom anishinabeg tire son origine de tangasin qui voudrait dire toucher le fond rocheux, de tang toucher et asin roche.
En revanche, le père oblat Georges Lemoine (1860-1912) donne une tout autre signification. Ainsi, pour le religieux, qui publie en 1909 un Dictionnaire français-algonquin, le nom viendrait plutôt de rocher ou roche de Tom., de tom, Tom et asin, rocher.
Quoi qu’il en soit, ce nom algonquin est attesté dans la toponymie québécoise depuis la fin du XIXe siècle. En effet, en 1894, l’arpenteur-géomètre Henry O’Sullivan (1845-1912) inscrit dans son rapport sur l’exploration de la région de l’Outaouais supérieur pour le gouvernement du Québec, le toponyme Tomasine pour le lac et la rivière.
La rivière Picanoc
La rivière Picanoc est avec ses 85 kilomètres beaucoup plus longue que la rivière Tomasine. Elle prend sa source à 10 kilomètres au sud-est du lac Usborne, se dirige vers l’est en faisant une grande boucle avant de se jeter dans la rivière Gatineau, tout juste après Gracefield.
Selon le père Georges Lemoine, Pikanook pu Picanock s’avère une variante de pakanak, noyer de pakan, noix. Comme le note le Dictionnaire illustré des noms et lieux du Québec : « Il est probable que les environs de ce cours d’eau aient été peuplés de noyers, un bois très recherché par les Amérindiens pour la fabrication de leurs arcs. »
Il importe cependant de préciser que la graphie et la prononciation de ce toponyme anishinabeg connaissent plusieurs transformations au fil du temps. Ainsi, on trouve le mot Pikanook sur une carte de 1906 du canton de Wright. En 1925, sur une carte du ministère des Mines et Pêcheries du Québec, on voit Pickanok, alors que sur une autre carte datant de la même année du comté de Hull, on inscrit Pickinock.
La graphie actuelle apparaît cependant en 1927 sur une carte du ministère des Terres et Forêts du Québec.
Elle n’a pas changé depuis.
Par ailleurs, le nom algonquin Picanoc est bien présent dans la toponymie de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau puisqu’il désigne également trois voies de navigations, un pont et un petit cours d’eau.
Enfin, il est intéressant de rappeler que Gracefield a déjà porté le nom de Picanoc au XIXe siècle, car la municipalité se trouve au confluent de la rivière Gatineau et de la rivière Picanoc.
Voir : Commission de toponymie du Québec, Dictionnaire illustré des noms et lieux du Québec, Québec, Les Publications du Québec, 2006, 925 p
Commission de toponymie du Québec : https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/accueil.aspx
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