Chronique Historique Société d’histoire de l’Outaouais
Jean-François-Régis Déléage, le roi du Désert
Auteur : Michel Prévost
La municipalité de Déléage, près de Maniwaki, doit son nom à un a oblat, le père Jean-François-Régis Déléage. Ce religieux contribue grandement au développement de la Vallée-de-la-Gatineau en faisant venir des colons et en fondant plusieurs paroisses catholiques. Il fait partie des grands missionnaires de l’Outaouais du dix-neuvième siècle. On souligne cette année le bicentenaire de sa naissance.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
Jean-François-Régis Déléage est né le 15 décembre 1821 à Crossac, dans la Haute-Loire, en France. Après avoir fréquenté le petit séminaire de Monistrol-sur-Loire et le grand séminaire du Puy, il entre au noviciat des Oblats à Notre-Dame de l’Osier, où il fait profession religieuse en 1848.
Déléage s’embarque tout de suite pour le Bas-Canada (Québec) où il termine ses études en théologie à Montréal. Il est ordonné prêtre, le 29 octobre 1848, par Mgr Joseph-Bruno Guigues, le premier évêque catholique de Bytown. À cette époque, le grand diocèse de Bytown, qui deviendra le diocèse d’Ottawa, inclut l’Est ontarien et l’Outaouais.
Afin d’apprendre l’anglais, le nouveau prêtre commence son apostolat à la paroisse Notre-Dame-de-la-Visitation, à South Gloucester, dans l’Est ontarien, qui compte plusieurs familles d’origines irlandaises.
En 1853, Déléage est nommé curé de la nouvelle paroisse de l’Assomption à Maniwaki. Le missionnaire devient également le supérieur des Oblats de Marie-Immaculée à Maniwaki. À son arrivée, la paroisse ne compte que 200 familles et tout est à faire.
Ainsi, le religieux voit à la construction d’une belle église et d’écoles. En 1870, il fait venir les Sœurs Grises de la Croix pour s’occuper de santé et d’éducation. Cette congrégation fondée à Ottawa, en 1845, par mère Élisabeth Bruyère porte aujourd’hui le nom de Sœurs de la Charité d’Ottawa.
Par ailleurs, le père Déléage tente de développer la colonisation sur les terres concédées aux Oblats par l’État pour encourager les Algonquins à s’adonner à la culture, mais il ne connaît pas grand succès. En revanche, il réussit à faire venir dans les cantons d’Egan et de Kensington plusieurs familles irlandaises de son ancienne paroisse à South Gloucester, bientôt suivies par des Canadiens français.
Un prêtre bâtisseur
Le père Déléage s’intéresse également au développement de la région en établissant un moulin à scie à la chute des Eaux en 1854 et, six ans plus tard, un moulin à scie et à farine. Ce bâtiment s’avère à l’origine de la paroisse Sainte-Famille d’Aumond. Il obtient aussi du gouvernement la construction de routes si nécessaires à la croissance de la région.
Sur le plan religieux, le père Déléage voit à la fondation d’une dizaine de paroisses, dont celles de Saint-Gabriel, Sainte-Philomène et La Visitation.
En plus de sa cure, le supérieur des Oblats à Maniwaki parcourt les chantiers forestiers de la Gatineau, mais aussi du Témiscamingue. Il œuvre aussi auprès des Autochtones et maîtrise huit dialectes.
En 1879, Déléage demande d’être relevé de ses fonctions de supérieur des Oblats à Maniwaki. Par la suite, il effectue un bref séjour à la paroisse Sainte-Anne de Mattawa, en Ontario et accepte un dernier engagement comme supérieur de la mission de Témiscamingue. Le religieux, aimé de tous, meurt à Ottawa le 1er août 1884 à l’âge de 62 ans. Il repose au cimetière Notre-Dame de Gatineau.
Un grand missionnaire
Le père Gaston Carrière note dans le Dictionnaire biographique du Canada que Régis Déléage « fut toute sa vie un missionnaire dévoué qui ne reculait devant aucun sacrifice pour assurer le bien-être spirituel et matériel de ses ouailles. Il appartient à la lignée des grands missionnaires du siècle dernier (le dix-neuvième). »
La mémoire du père Déléage est bien présente dans la toponymie de la Vallée-de-la-Gatineau, puisqu’un lac porte son nom à Montcerf-Lytton et à Déléage, une rue ainsi qu’un boulevard lui rendent hommage.
Somme toute, tous ces lieux peuvent porter fièrement le nom de ce prêtre oblat d’origine française qui contribue, pendant plus de 25 ans, au développement de la Vallée-de-la-Gatineau. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « le roi du Désert ».
Voir: Gaston Carrière, « DÉLÉAGE, JEAN-FRANÇOIS-RÉGIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003–, http://www.biographi.ca/fr/bio/deleage_jean_francois_regis_11F.html.
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