Joseph-Ignace Aumond
Le baron du bois francophone de l’Outaouais
Collaboration spéciale Michel Prévost, président de la Société d’histoire de l’Outaouais. Au XIXe siècle, l’Outaouais compte plusieurs barons du bois, ces hommes d’affaires audacieux qui font fortune dans l’industrie forestière. Ces barons sont tous anglophones à l’exception d’un seul, Joseph-Ignace Aumond. Établi à Ottawa, Aumond exploite toutefois un vaste territoire en Outaouais, particulièrement où se trouve aujourd’hui la Vallée-de-la-Gatineau. Un canton et une municipalité de la MRC portent d’ailleurs son nom.
Joseph-Ignace Aumond est né le 21 mars 1810 à l’Assomption, au Bas-Canada (Québec). Très jeune, il s’installe à Montréal pour travailler comme commis dans le magasin de J.D. Bernard. En 1828, la firme Bernard l’envoie à Bytown pour diriger leur nouveau magasin près du canal Rideau en construction.
Deux ans après son arrivée à Bytown, Aumond, qui n’a que 20 ans, ouvre son propre magasin général et se lance bientôt dans le commerce du bois de sciage en Outaouais. L’entrepreneur rivalise alors avec les grands barons du bois anglophones tels que la famille Philemon Wright, Allan Gilmour, Baxter Bowman et John Egan. Il s’associe d’ailleurs à Egan et quelques autres industriels du bois pour fonder l’Ottawa Lumber Association.
Il importe de préciser qu’Aumond s’avère, au XIXe siècle, le seul Canadien français à jouer un rôle important dans l’industrie forestière en Outaouais. En fait, en 1828, on trouve seulement deux francophones parmi les 38 entrepreneurs forestiers payant des droits de coupe au gouvernement.
Un entrepreneur prospère
Aumond envoie chaque année des dizaines de trains de bois équarri en direction du port de Québec. Les grands pins et chênes sont ensuite exportés par navire en Angleterre. Très engagé dans le bois de sciage, le marchand de bois finit par posséder une des plus grandes scieries à vapeur de la région et à devenir l’un des plus importants employeurs forestiers de l’Outaouais.
En fait, au sommet de sa carrière, Joseph Aumond emploie quelque 1 000 hommes dans ses chantiers de l’Outaouais et du Témiscamingue. L’entrepreneur évalue alors son chiffre d’affaires à plus de 1 000 livres par année, une somme considérable pour l’époque.
Bien que considéré comme très entreprenant et visionnaire, le marchand de bois connaît tout de même un important revers de fortune au milieu des années 1850. Aumond estime avoir perdu 40 000 livres et se dit être ruiné. Il faut savoir que les faillites et les années de vaches maigres sont très fréquentes dans le milieu de l’industrie du bois. Un riche entrepreneur peut se retrouver du jour au lendemain dans la rue s’il n’arrive pas à payer ses créanciers.
Certes, Aumond poursuit son commerce par la suite, mais à une bien plus petite échelle jusqu’à sa mort survenue dans la capitale fédérale le 9 novembre 1879, à l’âge de 69 ans. Il repose au cimetière Notre-Dame d’Ottawa.
Un canton et une municipalité en son nom
Comme le souligne l’historienne Manon Leroux dans L’autre Outaouais, Joseph Aumond « a particulièrement contribué à développer le canton qui porte maintenant son nom, au nord-est de Maniwaki. Fait exceptionnel, on lui a donné son nom de son vivant en 1861 ».
La municipalité d’Aumond rappelle aussi sa mémoire. Pourtant, le seul baron du bois de langue française de l’Outaouais n’a jamais habité dans la région puisqu’il réside à Ottawa, où il joue un rôle très actif dans diverses entreprises et dans la vie civique de la ville. Dans le Dictionnaire biographique du Canada, Henri Pilon le considère d’ailleurs comme « l’un des principaux industriels de la communauté ».
En fait, Aumond et sa femme, Jane Cumming, qu’il épouse en 1833, forment un couple bien en vue à Ottawa. Ils sont les parents de huit enfants, cinq fils et trois filles.
Bref, il ne fait toutefois aucun doute que Joseph-Ignace Aumond contribue activement à développer l’industrie forestière de la Vallée-de-la-Gatineau. D’ailleurs, Manon Leroux va plus loin en affirmant que « son esprit d’entreprise en fait l’un des fondateurs de l’Outaouais ».
Voir:
- Manon Leroux, L’autre Outaouais, Guide de découverte du patrimoine, Gatineau, Pièce sur pièce, 2012, p. 438-441.
- Henri Pilon, « Aumond, Joseph-Ignace », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. X, http://www.biographi.ca/fr/bio/aumond_joseph_ignace_10F.html.
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