Les ponts couverts
Les derniers toits des rivières de la Vallée-de-la-Gatineau (2ème partie)
COLLABORATION SPÉCIALE | Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais. La Vallée-de-la-Gatineau ne compte plus que quatre ponts couverts. Ces belles structures d’une autre époque sont des témoins tangibles de notre patrimoine bâti qui embellissent nos paysages. Ils méritent d’être préservés pour les générations à venir.
Le style Town
Il existe plusieurs styles de ponts couverts, mais au Québec, ils sont presque tous de style Town, du nom du père de cette structure, l’architecte américain Ithiel Town. Dans la Vallée-de-la-Gatineau, ils le sont tous.
Le style Town se caractérise par son principe de poutre en simple treillis de madriers scellés par des chevilles de bois dur, selon un motif de triangle. Il s’avère solide, simple, rapide et économique à réaliser. Qui plus est, sa construction se fait par la main-d’œuvre et des matériaux locaux. D’ailleurs, dans la Haute-Gatineau, ce n’est pas le bois de qualité qui manque. Ce sont tous ces avantages qui expliquent sa grande popularité.
Un vent de changement
Un grand vent de changements frappe le Québec après la Seconde Guerre mondiale. Cette période de progrès est toutefois catastrophique pour les ponts rouges, car la construction de nouvelles routes plus larges pour les camions et la modernisation du réseau routier conduisent à leur rareté.
Quant aux ponts couverts qui échappent à la modernisation, ils sombrent dans l’oubli et on cesse de les entretenir. D’autres sont emportés par la crue des eaux ou sont détruits par la foudre, alors que certains sont victimes d’incendies criminels. La région de l’Outaouais est particulièrement touchée, car la destruction, en 1970, du pont de Val-des-Monts se révèle l’un des premiers cas documentés au Québec. Dans les années 1980, c’est au tour du pont Gendron à Wakefield (reconstruit) et du pont Bowman, à Val-des-Bois, de connaître le même sort. En 2019, la Vallée-de- la-Gatineau n’échappe pas à cette réalité avec l’incendie criminel du pont Kelly, à Low. La Société d’histoire de l’Outaouais a d’ailleurs vivement dénoncé cet affront à l’égard de notre patrimoine bâti et paysager.
Des joyaux à préserver
Le premier mouvement de préservation documenté d’un pont couvert au Québec se trouve en Outaouais. En 1963, le conseil municipal de Mansfield-et-Pontefract, dans le Pontiac, décide de démolir le pont Félix-Gabriel-Marchand, en mauvais état. La municipalité veut alors donner du travail aux chômeurs pendant l’hiver. Heureusement, des citoyens s’y opposent et lancent avec succès une campagne de financement pour le restaurer.
Au Québec, les premières mesures de sensibilisation arrivent en 1966 avec la publication par le gouvernement d’une liste officielle des ponts couverts. La province en compte alors 245. En 1981, le ministère des Affaires culturelles réalise une étude sur ces biens patrimoniaux et procède dans les années suivantes aux classements de six ponts couverts, dont le pont Félix-Gabriel-Marchand, actuellement en restauration et le pont Bowman maintenant disparu.
La même année, le ministère des Travaux publics met sur pied un programme de signalisation routière. Les voyageurs découvrent des ponts isolés tombés dans l’oubli. Si le gouvernement du Québec intervient enfin, c’est sans doute grâce à la Société québécoise des ponts couverts créée en 1981 et disparue au début des années 2000.
Une décision capitale arrive en 1992 lorsque Québec impose un moratoire sur la démolition des ponts couverts et instaure un programme financier de restauration.
Certes, il faut reconnaître qu’il existe maintenant une plus grande sensibilité à l’égard de nos derniers ponts couverts. Ils font désormais partie de nos paysages à protéger, constituent des éléments de fierté pour les collectivités et sont devenus un outil touristique. Cela dit, ces structures demeurent une richesse rare et fragile. Soyons très vigilants pour garder les derniers ponts couverts qui embellissent encore la Vallée-de-la-Gatineau.
Voir Michel Prévost, « Les ponts couverts : les derniers toits des rivières de l’Outaouais », dans Hier encore, no 1 (hiver 2009): 10-14.
Appel à tous: Henri Timothée Roy
Je suis à la recherche de photos et de renseignements sur Henri Timothée Roy, chef de la gare de Maniwaki à partir de 1917, décédé et inhumé dans la même ville en 1934. Il a des descendants qui habitent toujours la région, les Thériault et Auger. Contactez-moi à Michel.Prevost@uottawa.ca.
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