Littérature
Son odyssée au cœur du patrimoine régional
Ni historien ni ethnologue, Jean-Guy Paquin a pourtant fait de l’héritage amérindien la source de sa démarche littéraire. Au fil des paroisses, des archives et des rencontres, l’auteur relie les morceaux oubliés et parfois perdus du patrimoine régional.
Sa conjointe avait ouvert une librairie d’occasion dès leur installation dans la région de la Petite-Nation. À l’enseigne du Premier côté du monde, les clients demandaient s’il y avait un ouvrage portant « sur le coin ». Outre le livre sur le centenaire de leur paroisse, c’était le néant. Bien qu’anecdotique, cela marquait pour Jean-Guy Paquin le début d’une conversation avec le passé, celui de la présence amérindienne.
« Je voulais aborder le sujet autrement, du point de vue d’un écrivain donc avec une dimension humaine, et sans considération historique comme telle, explique Jean-Guy Paquin. Mais forcément, pour savoir qui ils étaient, j’ai fouillé dans les archives et je suis devenu… ce détective. »
Ouvrir une porte
Le pays de Canard Blanc, son premier ouvrage sur l’héritage régional des Premières Nations, a marqué d’une pierre blanche la démarche littéraire de Jean-Guy Paquin. Des suites de cette publication en 2004, des lecteurs l’interpellent. Beaucoup de lecteurs. Des archéologues, certes, mais aussi des Amérindiens tant de l’Ontario que du Québec, ainsi que bon nombre de familles métissées de la région. Il venait d’ouvrir une porte.
Une dame d’Ontario, issue de la communauté de Ardoch, lui a envoyé un courriel. Elle avait lu son livre au chef Harold Perry, aujourd’hui décédé. L’homme aurait pleuré, parce que « très peu de gens écrivent sur la communauté algonquine de la façon que je l’ai présentée », relate l’auteur.
Pour plusieurs familles métissées de la région, le fil de la transmission a été coupé. « Il y a eu beaucoup de pauvreté et de honte qui entouraient les grands-parents ou les grands-oncles, explique Jean-Guy Paquin. Enfin, ceux qui ont des racines amérindiennes m’ont beaucoup parlé de cette dimension-là. » C’est ainsi que des gens ont découvert à la lecture de cet ouvrage que leur grand-mère, une Simon, était Amérindienne, alors qu’elle n’en avait jamais parlé.
Liberté littéraire
Jean-Guy Paquin se sent libre dans son rôle de littéraire parce qu’il ne prend pas parti et qu’il témoigne d’un héritage qui est là et qui n’a pas été rassemblé. « J’ai une formation de littéraire, dit-il. C’est la littérature qui m’intéresse, donc de parler de l’humain comme tel. »
L’auteur soutient ne jamais avoir reçu de commentaires voulant que sa démarche fut de l’appropriation culturelle. « Les gens m’écrivent depuis des années. Ce sont eux directement qui rendent compte de la réception de mon travail. » Jean-Guy Paquin explique être seulement le témoin de sa récolte.
Après Le pays de Canard Blanc (2004) et Au pays des Weskarinis (2014), Jean-Guy Paquin a publié Un endroit appelé le premier côté du monde (2020). Ce sont des livres de grand format qui contiennent des récits, des images ainsi qu’une bibliographie « assez généreuse », dit l’auteur, et ce afin de permettre aux lecteurs de suivre sa démarche, et même d’aller au-delà.
Jean-Guy Paquin n’a pas terminé son odyssée dans le passé autochtone de sa région d’adoption. L’été dernier, des suites d’une visite sur un site de fouilles archéologiques à Nominingue, une idée a germé…
Pour en savoir plus
Il est possible de se procurer son dernier ouvrage en communiquant directement avec l’auteur ou à la Librairie Carpe Diem de Mont-Tremblant. On peut consulter les travaux en généalogie de Jean-Guy Paquin sur le site Web Weskarinis.ca et assister à ses conférences sur les familles algonquiennes de la Petite-Nation et de la Rouge et sur les liens qu’elles ont avec les familles d’Oka, Maniwaki, Laurentides, Mattawa et Nipissing.
À propos de l’auteur
Diplômé en littérature française à l’Université Laval, Jean-Guy Paquin habite à Lac-Simon. Membre fondateur de l’Association des auteurs de l’Outaouais, membre de la Société de généalogie de l’Outaouais, membre de la Société historique Louis-Joseph Papineau, collaborateur à la revue d’histoire « Hier encore » du Centre régional d’archives de l’Outaouais. (Source: weskarini.ca)
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