Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
CHRONIQUE │ George Hamilton : Un baron du bois prospère
Après Allan Gilmour et John Egan, nous poursuivons notre série sur les barons du bois actifs dans la Vallée-de-la-Gatineau avec George Hamilton, considéré comme l’un des entrepreneurs forestiers les plus prospères de la vallée de l’Outaouais, au début du 19e siècle.
George Hamilton est né le 13 avril 1781, à Hamwood, en Irlande. Sa famille est déjà engagée dans le commerce du bois de la Baltique avant de venir s’établir à Québec, quand l’empereur Napoléon 1er impose un blocus continental en 1807.
C’est alors que la compagnie de George et de son frère William obtient des contrats de l’Amirauté britannique pour l’exportation du bois. En 1812, les frères Hamilton mettent la main sur un moulin à Hawkesbury Mills. Cette acquisition leur permet d’entrer à l’intérieur des terres de l’Est ontarien et de l’Outaouais pour s’approvisionner en bois. En 1822, c’est d’ailleurs à Hawkesbury que l’on trouve les plus importantes scieries au monde, avec 22 scies en fonction.
George Hamilton est agent de la compagnie à Québec jusqu’en 1816 et il dirige l’exploitation de Hawkesbury après le départ de son frère William à la retraite. L’entreprise fait alors face à de sérieuses difficultés financières et est même menacée de faillite à plusieurs reprises, ce qui est très fréquent dans l’industrie forestière.
Malgré toutes les difficultés, Hamilton se révèle un entrepreneur astucieux qui parvient à bâtir un empire forestier qui s’étend, en amont, le long des rivières Rouge, Rideau et Gatineau et, en aval, jusqu’à New Liverpool, port d’attache de la compagnie à Québec.
Après 1830, Hamilton prend comme associé Charles A. Low, son fidèle employé, ce qui permet à la firme de valoir 30 000 livres et de couper quelque 7 millions de pieds-planche par année. En fait, la Hamilton & Low devient l’une des trois grandes productrices de madriers au pays.
Il faut savoir que la majorité du commerce du bois est illégale en Outaouais jusqu’en 1826, puisque seul le bois coupé des contrats de l’Amirauté peut provenir des terres publiques. Cela n’empêche pas les bûcherons d’ignorer ces règlements et d’intimider les représentants gouvernementaux.
D’ailleurs, au début, Hamilton participe lui-même à cette violence pour étendre ses activités. Au milieu des années 1820, l’homme d’affaires se révise pour défendre les règlements du gouvernement afin de réguler le commerce du bois et assurer les droits des grands exploitants.
Après 1828, le gouverneur général Aylmer cède aux pressions d’Hamilton, qui obtient l’établissement d’octroi de licences qui favorise les grandes entreprises comme la sienne. Ces dernières s’engagent néanmoins à verser un paiement à la Couronne.
De plus, au début des années 1830, Hamilton milite pour l’obtention du « Gatineau Privilege », qui donne aux barons du bois le privilège d’exploiter la forêt, sur une base non concurrentielle, tout le long de la rivière Gatineau. Nous y reviendrons dans une autre chronique.
Un portrait nuancé
Robert Gillis trace, dans le Dictionnaire biographique du Canada, un portrait nuancé de George Hamilton qui est avec Philemon Wright, l’un des premiers grands barons du bois qui jouent un rôle capital dans la vie publique de l’Amérique du Nord britannique au 19e siècle. Gillis le décrit ainsi : « Homme têtu et dogmatique, tory invétéré qui défendait des principes antidémocratiques et avait des tendances élitistes, il pouvait aller jusqu’à enfreindre la loi pour parvenir à ses fins. Par contre, il avait un raffinement de manières et une générosité d’esprit qui furent bénéfiques dans cette région rude et isolée qu’était la vallée de l’Outaouais dans les premières années du commerce du bois. »
Gillis conclut qu’Hamilton « vint à confondre le bien de son entreprise et celui de l’industrie du bois en général ». Il n’est certainement pas le seul baron du bois de l’Outaouais à agir de cette façon.
Hamilton meurt à Montréal le 7 janvier 1839, à l’âge de 57 ans. Contrairement à d’autres barons du bois, son nom n’est pas présent dans la toponymie de la Vallée-de-la-Gatineau. En revanche, un canton et une municipalité de la Vallée-de-la-Gatineau portent le patronyme de son associé, Charles Low.
Voir plus de : Chronique
Le poinsettia: la fleur de Noël
Plus que toutes les autres plantes, le poinsettia est identifié à la période des Fêtes. En effet, il s’agit d’aller …
Les Oblats de Marie-Immaculée : une congrégation bien présente dans la Vallée-de-la-Gatineau
Les Oblats de Marie-Immaculée, une communauté religieuse de missionnaires, sont liés de près à l’histoire et au développement de la …
CHRONIQUE │ Les sports équestres sont pratiqués dans la Vallée !
On a qu’à regarder autour de nous sur les routes de la Vallée et on constate rapidement le nombre de …