Patrimoine archéologique
L’expédition de canot des Gardiens du Patrimoine rapporte beaucoup
La poussière est à peine retombée après le retour des membres de l’équipage qui participaient à l’expédition qui les a menés en canot du Petit lac Nominingue à Oka. C’est donc l’heure d’un retour verbal avec Sylvain Généreux, l’un des fondateurs des Gardiens du Patrimoine archéologique des Hautes-Laurentides.
« Le but, ou les buts, était de refaire la route traditionnelle des Anichinabés, pour nous, une route archéologique, et retourner à Oka sur les traces de ce chemin de la Petite-Nation. Trajet qui marque notre territoire dans l’identité culturelle », explique le Gardien avec une certaine fierté dans le ton. « Le but était aussi d’y retourner avec de jeunes archéologues et avec des voyageurs en général. »
Cette aventure, le mot est juste, a permis aux Gardiens de repérer de futurs sites à fouiller au moment propice. Comme un site sur une plage du lac Simon, près de la rivière Preston. « […] Cette zone-là est superbe. Quand tu arrives dans ce coin, tu n’as pas le choix d’être là, sur cette plage », explique Sylvain Généreux avec enthousiasme. Il ne divulgue aucun autre mot à ce sujet, sauf qu’une partie de l’équipage y retourne bientôt pour un survol du potentiel archéologique. « Trop tôt pour en jaser! »
Un exercice de reconnaissance
À écouter Sylvain Généreux, en fin de compte, il parle d’une grande expédition qui fait un clin d’œil à l’histoire et la préhistoire. Les traces d’occupation qui remontent à des millénaires que l’expédition a retracés sur certains sites de portage sont des preuves de la présence des autochtones en passant par la Petite-Nation. Ça permet de tisser des liens, comme le souligne le Gardien.
« Ce qui se passe au sud et au nord de la Petite-Nation, nous sommes interreliés. C’est un cordon ombilical. »
– Sylvain Généreux
Ce qui fait dire à M. Généreux que l’expédition s’est permis de récupérer quelques artefacts, qui, symboliquement, posent un drapeau sur les sites de fouilles dans le futur.
« Ces fouilles permettraient sans doute de trouver des indices qui expliqueraient ce que l’on fait à Nominingue, qui est aussi de cette grande route. »
L’expédition s’est greffée de moments qui n’étaient pas anticipés, c’est le moins que l’on puisse dire aujourd’hui. Rappelons-nous qu’à la mi-mai, la température demeure frisquette à cause d’un nordet coriace et l’eau est si froide qu’elle donne le goût de la boire, mais tout cela pèse lourd pour deux membres de l’équipage qui quitteront le canot avant d’arriver à Oka. L’un d’entre eux pour cause d’hypothermie, l’autre pour des raisons personnelles.
« Ces gens-là ont donné leur maximum, je vous l’assure. Les conditions n’étaient pas faciles, mais, malgré tout, la dynamique du groupe rendait le tout agréable », explique Sylvain Généreux.
Soulignons la participation terrestre de l’équipe de ravitaillement (eau, nourriture, etc.) en la présidente des Gardiens, Sylvie Constantin, Robert Bélanger et Dominique Berthelet.
Un homme heureux
L’arrêt au rocher Manitou, imposante pierre émergente du lac Simon où l’équipage s’émerveille devant les peintures rupestres d’ocre rouge des centaines d’années lointaines, ne manque pas de parler. « Être sur un territoire comme ça, c’est en fait ça aussi le but de cette expédition », poursuit Sylvain Généreux. « Plonger au cœur de l’histoire. Ça nous a permis à ce point de mieux comprendre l’organisation de la Petite-Nation. Descendre de Nominingue à Oka, on comprend la dynamique du portage, le transport du matériel, aussi de l’époque archéologique, le transport des objets d’aussi loin que l’état de New York. Ça nous indique à quel point les objets peuvent avoir de la valeur à leurs yeux. »
Parmi l’expédition se trouve Douglas Odjick, membre du conseil de la bande de Kitigan Zibi Anishinabeg, à côté de Maniwaki. Pour l’homme, c’est un pèlerinage, un retour à la terre de ses ancêtres, ce qui n’est pas peu dire. M. Odjick a été renversé par ce retour, ce ressourcement, sur les terres culturelles de son peuple. Au quotidien, affirme Sylvain Généreux, l’homme se tenait légèrement à l’écart et téléphonait au conseil de bande pour dresser le bilan de la journée.
Conférence
Les Gardiens du Patrimoine archéologique des Hautes-Laurentides planifient une conférence, sans doute à la mi-novembre, qui permettra à la population d’en apprendre plus sur l’expédition, mais aussi sur les fouilles archéologiques qui débutaient le 3 juillet. Soulignons qu’ils sont aussi membres organisateurs de l’exposition Clin d’œil sur le Baron Joseph d’Halewyn, au CIRPAL jusqu’au 29 octobre, avec la Société du patrimoine de Nominingue.
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