Bien-être animal
Pénurie de vétérinaires s’occupant des chevaux : un problème qui risque de s’accroître à l’avenir en Outaouais
La pénurie d’emplois frappe le domaine équin du monde vétérinaire en particulier en Outaouais où l’on dénombre un millier de chevaux pour une dizaine de vétérinaires mais la région présente surtout la pire moyenne d’âge des praticiens qui laisse augurer une aggravation, départs en retraite obligent. Cela dit, des mesures sont prises dont des stages d’été rémunérés pour étudiants.
Cheval Québec indique que selon leur recensement de 2021, il y aurait 1 020 chevaux dans notre région. L’Ordre des médecins-vétérinaires du Québec (OMVQ) complète le tableau en répertoriant 10 spécialistes en soins apportés aux chevaux.
État des lieux
Toutefois, en 2022, le nombre d’années de pratique, en moyenne, était de 19 ans. Pour 33 % des vétérinaires (moyenne provinciale), cette donnée dépassait les 25 ans d’expérience. L’Outaouais atteint le niveau de 83 %, soit le pire résultat au Québec, et de loin. La deuxième région la moins bien lotie ce sont les Laurentides avec «seulement» 54 %. « La situation outaouaise risque de s’empirer dans les années à venir à cause de ces départs à la retraite », se désole le Dr Gaston Rioux, président de l’OMVQ.
La dizaine de professionnels précitée est disséminée dans l’Outaouais avec quelques disparités. Un seul nom ressort pour la Vallée-de-la-Gatineau. Les MRC de Papineau et des Collines sont mieux pourvues. Il en va de même pour la Ville de Gatineau. « Plus qu’on s’approche des grands centres, plus on a de probabilités d’avoir un service vétérinaire disponible dans tous les secteurs. En Outaouais, avec les distances à parcourir, question de coût et rentabilité, on ne peut pas couvrir l’ensemble du territoire », analyse M. Rioux.
La disponibilité de ces vétérinaires n’est pas totalement pour le secteur équin. En effet, souvent ces professionnels ont une pratique mixte qui les fait s’occuper d’autres animaux.
Le handicap sous-jacent dont pâtit le monde du cheval est la concurrence du bioalimentaire. Autrement dit, le cheval est perçu comme un élément moins sérieux occupant essentiellement la sphère récréative tandis que le bioalimentaire, c’est l’industrie, l’économie et l’alimentation de la population.
Les vétérinaires, dans le domaine équin, rencontrent d’autres difficultés. « Les chevaux de plaisance mais aussi les chevaux de compétition, ça demande une quantité d’équipements dispendieux à la fine pointe : échographes, appareils à radiographie, appareils pour faire des tests sanguins etc. », poursuit le Dr Rioux.
Le niveau de rémunération, en moyenne, serait selon le président de l’OMVQ, l’un des moins bons. Quant aux conditions de travail (en solo et de garde, donc être disponible 24h sur 24, toute l’année), elles génèrent un épuisement et peu de rétention, ce qui renforce la pénurie.
Enfin, en amont, le seul endroit au Québec où l’on étudie la médecine vétérinaire, se trouve à Saint-Hyacinthe en Montérégie. L’an prochain, une autre annexe devrait à Rimouski (Bas-Saint-Laurent) afin d’augmenter le volume de diplômés. Les premiers appartiendront à la promotion 2029. « D’ici 2029, on ne peut pas se contenter de rester les bras croisés et de ne pas essayer d’autres solutions », nuance le Dr Rioux.
Les réponses apportées à cette pénurie
Les alternatives sont locales avec le recrutement de vétérinaires de l’Ontario ou de régions voisines. Pour la province ontarienne, peut se poser la question du critère linguistique. Bien que quelques ilots anglophones demeurent ici ou là dans notre région, la maîtrise du français figure quelque point crucial.
Comme initiatives, il y a également l’inclusion d’étrangers déjà diplômés dans leur pays. Néanmoins, avant de pouvoir exercer au Canada, ces candidats doivent réussir quatre examens étalés sur une durée de deux à cinq ans. Des assouplissements administratifs pourraient être envisagés auprès de l’Office des professions. « On recherche à obtenir le permis restrictif permanent avec des vétérinaires expérimentés assignés à un domaine qui souffre de pénurie », conclut Gaston Rioux.
Cheval Québec précise que présentement deux étudiantes originaires de l’Outaouais, entendent y travailler sitôt le diplôme de vétérinaire obtenu. L’organisme a, également, mis en place des stages d’été rémunérés pour étudiants en médecine vétérinaire, stages qui font l’objet d’une campagne de levée de fonds.
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