Sécurité alimentaire
La faim du monde, ce n’est pas juste dans les films
Les demandes d’aide alimentaire ont plus doublé dans la Vallée-de-la-Gatineau depuis l’an dernier, mais dans l’assiette de qui se retrouvent les denrées qui ont été récoltées par les banques alimentaires ?
(Vous pouvez lire la suite de cet article : Comment la Vallée-de-la-Gatineau arrive-t-elle à ses faims ?)
Dans la Vallée-de-la-Gatineau comme partout au Québec nombreux sont ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Selon le Bilan-Faim 2022 des Banques alimentaires du Québec (BAQ), le nombre de demandes d’aide alimentaire auxquelles a répondu Moisson Outaouais chaque mois a augmenté de 35,2 % en un an. Une augmentation de 22 % par rapport à 2021 et de 67 % par rapport à 2019 avant la pandémie. Le Bilan-Faim 2022 regroupe les données de plus de 1200 organismes desservis par le réseau. Sur l’ensemble de ces demandes, 34 % sont des enfants. Rappelons que ces chiffres ne tiennent compte que des personnes qui ont osé demander l’aide alimentaire.
Au Pain Quotidien, un centre de dépannage alimentaire à Maniwaki, la responsable Marjolaine Piché explique que depuis l’an dernier les demandes ont doublé. Mme Piché mentionne que c’est très rare qu’ils refusent des gens, s’ils le font c’est parce qu’ils n’ont presque plus rien à offrir et les invitent à revenir en les plaçant en priorité sur la liste.
Il y a aussi des intervenants de différents milieux qui sollicitent des paniers alimentaires comme la travailleuse de rue, Sandra Poulin. Les gens qui contactent Sandra sont souvent des personnes seules, des familles, des familles monoparentales et d’autres fois c’est de la toxicomanie, de la santé mentale.
Sandra prône beaucoup l’autonomie des personnes, souvent elle va chercher les gens pour qu’ils puissent aller chercher eux-mêmes leur boîte. L’idée c’est aussi de les inviter à sortir de chez eux afin de briser l’isolement pour certains. Parfois, c’est la gêne qui freine les gens et être accompagné est rassurant.
Sandra ne fait pas qu’offrir un dépannage, elle demande aussi pourquoi.
« C’est ça une travailleuse de rue, on essaie d’améliorer la qualité de vie et ce n’est pas juste en apportant un dépannage. Ce besoin cache peut-être autre chose. »
Sandra Poulin
Elle a son bureau, ce qui lui permet de rencontrer les gens qui craignent pour leur confidentialité. « Maniwaki c’est petit et on n’a pas nécessairement envie que tout le monde connaisse notre situation », mentionne-t-elle.
Pour faire appel à Sandra, vous pouvez la joindre par téléphone au 1-613-606-4290 ou par courriel sandra.poulin@lebras.qc.ca
Vous pouvez également contacter sa collègue, Tania Crêtes, par téléphone au 1-873-650-1105.
Témoignage
Lors de notre passage sur le terrain, un usager du service qui préférait ne pas être identifié compagné par Sandra mentionne qu’avec le revenu qu’il a il n’arrive pas à subvenir à ses besoins.
« Avec tout ce que j’ai à payer, je dois couper et malheureusement je coupe dans l’épicerie», concède-t-il. Monsieur explique que ce service lui assure une sécurité et comme il habite dans le bois, il ne vient pas très souvent en ville. Quand il vient chercher un panier, ça lui permet aussi de socialiser un peu.
De son côté, Vincent Courteau, qui a longtemps été travailleur de rue, est maintenant travailleur de proximité. Le mandat de son équipe est d’amener les personnes de la communauté autochtone vers les services dont ils ont besoin en milieu urbain, les faire connaître et d’effectuer la liaison entre les deux. Son but est de contribuer à briser les barrières de langue et les barrières de cultures, puisque beaucoup ne connaissent pas les services comme la banque alimentaire. Vincent mentionne que la sécurité alimentaire c’est beaucoup ce qui mobilise son travail. Il est arrivé en poste en avril 2022 et estime qu’entre 30 à 40 % de leurs interventions sur le terrain sont en lien avec la sécurité alimentaire. On parle de tous les groupes d’âge, de personne seule, de personne âgée, de famille, de jeune, d’étudiant qui ont de la misère à arriver. Ils font de l’accompagnement, un travail de liaison. Au départ, ils les inscrivent et leur expliquent le fonctionnement.
« C’est un peu le processus, on t’a montré comment pêcher, maintenant à ton tour. »
Vincent Courteau
Dans son équipe, ils sont 2 partenaires. Vincent qui est allochtone, francophone et anglophone, fait surtout le réseautage avec les institutions. Sa partenaire, Tamara Ratt, est originaire de Lac-Rapide, elle parle algonquin et elle connaît beaucoup de gens de sa communauté. Une équipe qui se complète bien, conclut Vincent.
Pour faire appel à Vincent et Tamara, vous devez avoir le statut autochtone pour recevoir leurs services. Il vous suffit de rejoindre le Centre d’Amitié Autochtone de Maniwaki au 819-892-0892.
Centre d’Amitié Autochtone de Maniwaki
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