Crues printanières
La région des Laurentides n’échappe pas aux inondations
Chaque année, les riverains des principaux cours d’eau des Laurentides guettent la crue printanière en se préparant au pire. Quelques spécialistes ont rappelé quelles mesures peuvent être mises de l’avant pour faire face aux inondations.
Selon la Sécurité civile, dans notre région, les régions les plus à risques pour des inondations printanières sont celles des rivières du Nord, du Diable, de la Rouge et de la Lièvre. « Année après année, ce sont souvent les mêmes secteurs qui sont touchés », mentionne la directrice de la Sécurité civile des Laurentides, Françoise Bouchard.
Un couvert de neige normal
Selon le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, les couverts de neige dans la région des Laurentides étaient près des normales saisonnières cette année. Les niveaux dans les principales rivières de la région étaient aussi sur ou sous les médianes historiques.
La pluie, le véritable danger
Selon le professeur en géographie et hydrogéomorphologie à l’Université du Québec à Chicoutimi et consultant pour le gouvernement, Maxime Boivin, plusieurs facteurs combinés influencent les crues printanières, mais les risques d’inondations sont principalement imputables aux précipitations sous forme de pluie qui surviennent pendant le dégel. « Il n’y aucune corrélation directe entre la quantité de neige au sol est les risques d’inondations», illustre le scientifique.
Un dégel en douceur
Les spécialistes du Ministère mentionnent que les principaux facteurs météo en lien avec les inondations sont les quantités de pluie et la température. Comme ces paramètres météorologiques possèdent une importante part d’incertitude même à seulement quelques jours d’avance, il est difficile de faire des prédictions sur les risques d’inondation à moyen terme. « Mais les municipalités sont avisées à l’avance des risques potentiels afin qu’elles puissent se préparer », mentionne Maxime Boivin.
Prévention
Afin de minimiser les impacts de la crue printanière sur les régions plus à risques, les spécialistes peuvent influencer le débit des cours d’eau des barrages publics. Dans les Laurentides, les débits évacués aux barrages Mitchinamecus et Kiamika sont ajustés périodiquement au cours de l’hiver afin d’assurer la vidange des réservoirs en prévision de la prochaine crue printanière. Lorsque la crue est amorcée, les débits évacués aux barrages Mitchinamecus et Kiamika seront réduits afin d’emmagasiner une bonne partie de l’eau provenant de la fonte du secteur nord du bassin versant et réduire les impacts sur les riverains situés en aval des réservoirs. Pour ce qui est du barrage Reno, situé à l’exutoire du lac des Écorces, il sera ouvert graduellement jusqu’à sa pleine ouverture au passage de la pointe de la crue.
Des gestionnaires de crise
C’est le ministère de la Sécurité publique du Québec qui est chargé d’intervenir pour assister les municipalités touchées par le débordement des rivières. En cas d’inondations majeures, le département de la Sécurité civile avec l’aide de plusieurs ressources gouvernementales peut mettre en place des mesures pour assurer la sécurité physique et réduire les pertes matérielles des sinistrés. « Il est important de rappeler que ce sont les citoyens qui ont la responsabilité d’assurer leur sécurité, notamment en s’informant des mesures préventives à prendre », rappelle Françoise Bouchard.
En collaboration avec des spécialistes mandatés par le gouvernement, la Sécurité civile peut émettre des recommandations aux municipalités pour assurer la sécurité à long terme de la population. « Malheureusement, parfois la seule solution envisageable est une délocalisation de la population », indique Maxime Boivin.
Changements climatiques
Le météorologue Gilles Brien nous rappelle que les inondations font partie du rythme des saisons depuis 400 ans au Québec et que c’est d’abord la propension de l’humain à vouloir vivre près des cours d’eau qui poussent les Québécois à craindre les crues printanières. « C’est sûr qu’avec les changements climatiques et les inondations de 2017 et 2019, on est plus porté à surveiller ça de près. Avant ces grands événements se produisaient aux 50 ans, maintenant, c’est rendu au 5 à 10 ans. Il faudra s’y habituer », rappelle le météorologue.
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