Tremblements de terre
La rivière des Outaouais, un « corridor » sismique sous surveillance
Chaque année, 5 000 séismes se produisent au Canada. Vingt pour cent d’entre eux surviennent surprenamment au Québec ; trois pour cent (120 à 150), en Outaouais, indiquait Ressources naturelles Canada (RNCan), fin janvier.
Si, au Canada, les séismes plus fréquents et les plus potentiellement violents sont localisés sur le littoral de la Colombie-Britannique, environ 20 % se produisent dans les vallées de l’Outaouais et du Saint-Laurent.
Notre région fait partie de la zone sismique de l’Ouest du Québec. Ce territoire comprend la vallée de l’Outaouais, une ligne tracée de Montréal à Témiscaming, les Laurentides, l’Est de l’Ontario et donc l’axe urbain Ottawa-Gatineau. « C’est la zone sismique la plus active dans l’Est de l’Amérique du Nord », souligne le sismologue Christopher Boucher à RNCan.
Val-des-Bois en 2010
D’amplitude modérée (5.0), le séisme vécu à Val-des-Bois en 2010 a marqué les esprits. « Ce séisme avait causé des pannes téléphoniques, des dommages matériels à Gracefield et des pannes d’électricité à Ottawa », se rappelle M. Boucher, qui cite également le séisme de Shawville en 2013 (5.2). Val-des-Bois connaît souvent des séismes, ajoute-t-il.
Selon RNCan, « un séisme est le résultat d’un mouvement brusque de deux blocs de roc le long d’une cassure (faille) située en profondeur dans l’écorce terrestre. Après de très forts séismes, ce mouvement peut être visible en surface ».
Les failles de l’Est sont « vieilles de 250 à 540 millions d’années et très profondes, environ 20 kilomètres sous nos pieds. En comparaison, dans l’Ouest, c’est beaucoup plus récent », fait valoir M. Boucher.
Ces failles remontent à une ère intermédiaire entre la Pangée (250 millions d’années) et Rodinia, un autre supercontinent (1 milliard d’années). C’est une époque où le continent américain n’existait même pas.
Avant la formation actuelle de notre monde, les supercontinents se succédaient. Tous les continents étaient imbriqués tel un puzzle avant de se séparer. Ainsi, la façade occidentale de l’Afrique épouse parfaitement la façade orientale de l’Amérique du Sud, conséquence de la dérive des continents.
Les continents sont pareils à de lents vaisseaux sur les flots. Même à très faible allure (quelques centimètres par an), les continents se déplacent. Du reste, dans 300 millions d’années, d’aucuns prédisent une nouvelle Pangée. Comme un retour aux origines, la valse des continents.
Les raisons de la colère terrestre
Ressources naturelles Canada indique que « le déplacement continuel de larges segments de la croûte terrestre, appelés plaques tectoniques, provoque plus de 97 % des séismes dans le monde. Le Québec est situé dans une région continentale stable, entraînant par conséquent une activité sismique relativement faible. »
En revanche, de l’île de Vancouver jusqu’au nord de la Californie, la plaque océanique Juan de Fuca glisse centimètre par centimètre (subduction) sous le continent, mais elle peut aussi être bloquée contre la plaque américaine, ce qui génère des séismes de forte amplitude.
L’Est du Canada est connecté à la dorsale médio-atlantique, le point de jonction entre la plaque américaine et la plaque européenne, une zone moindrement perturbée, sans subduction, d’où des séismes plus faibles. À cette « frontière » euroaméricaine, on relève, néanmoins, des mouvements qui entraînent une sorte de « stress » qui s’accumule et qui va se relâcher dans ces vieilles failles.
La distance qui nous sépare des plaques tectoniques (dorsale médio-atlantique) nous préserve d’un puissant séisme a contrario de la côte ouest.
Le rebond postglaciaire, une autre explication
Autre hypothèse qui explique les séismes : le rebond isostatique ou postglaciaire. « L’Est de l’Amérique du Nord était recouvert d’une couche de glace de deux à trois kilomètres d’épaisseur, il y a 10 000 à 20 000 ans. La couche de glace poussait la croûte terrestre. Une fois la fonte glaciaire actée, un rebond de ladite croûte s’est produit. Ce serait une autre cause des tremblements de terre », détaille le sismologue Christopher Boucher.
Une vigie : le capteur d’alerte sismique précoce (ASP)
Installés par RNCan à l’Est du Canada, quelque 200 capteurs d’ASP entreront en service dans un an. Les populations recevront une notification en cas de secousse sismique approchante.
L’épicentre québécois se trouve historiquement à Charlevoix qui connut en 1663, un séisme de magnitude 7, le record provincial.
Pour en savoir plus
Sur la zone sismique dans la partie Est du Canada
Sur le système d’alerte sismique précoce
Liste des séismes ressentis (La recherche s’effectue en précisant la période, la magnitude, et la région. La zone sismique de l’Ouest du Québec se trouve entre latitude 44 et 48, longitude -79.5 et -73.)
La Commission géologique des États-Unis (recense les tremblements de terre importants dans le monde)
Questions générales sur les tremblements de terre au Canada
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