Les aléas et les défis des auteurs et des éditeurs au Québec
Littérature et culture québécoises
Écrire, se faire connaître, se faire éditer et distribuer et voir son livre sur les tablettes d’une grande librairie : pas si simple! Et encore, faut-il pouvoir en retirer quelques revenus. Le lecteur n’a pas idée de l’ampleur du parcours de combattant qu’ont traversé l’auteur et l’éditeur du précieux livre qui lui procure ses quelques instants de plaisir.
« Le principal défi que rencontre un éditeur, c’est l’accessibilité au marché, avoue d’entrée de jeu l’éditrice et directrice générale de l’Association des auteurs et auteures de l’Outaouais (AAAO), Marylène Tremblay.
« C’est difficile d’avoir des portes d’entrée pour se faire distribuer, mais aussi obtenir de la visibilité dans les librairies », ajoute-t-elle.
Une maison d’édition voudra en un premier temps faire affaire avec un distributeur qui entre dans les grandes chaînes de librairies. Mais il faut aussi que le libraire accepte de prendre un ou des exemplaires de ses livres. Les détaillants préfèrent bien souvent mettre sur les présentoirs des noms d’auteurs connus.
« En tant que petit éditeur et nouvelle venue dans le marché, je n’ai pas accès aux grandes surfaces tout de suite. C’est un gros défi », explique Mme Tremblay.
Produire les livres
Les éditeurs qui débutent ne sont généralement pas agréés par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Ils doivent alors s’autofinancer puisqu’ils n’ont pas accès aux diverses subventions et aides financières.
« La période qui précède l’agrément est la plus difficile, c’est celle durant laquelle les éditeurs vont abandonner », confie Mme Tremblay
C’est que le processus qui mène à un agrément par la SODEC, qui fait qu’on est reconnu comme éditeur éligible à recevoir du financement, s’étend généralement sur plusieurs années.
Un éditeur doit publier un certain nombre de titres et d’auteurs québécois. Plus précisément, il s’agit de cinq publications et de quatre auteurs différents.
Le défi consiste alors à attirer des auteurs, mais comment le faire alors que l’éditeur n’est pas connu et n’a pas accès au réseau de distribution?
« De trouver des manuscrits à être publié pour une maison d’édition qui débute constitue un défi, mais au fil du temps plus on est connu, plus on reçoit de manuscrits. »
Marylène Tremblay
Sa maison d’édition reçoit beaucoup de manuscrits, mais pas tous publiables, confie Mme Tremblay.
« Il faut trouver les bons manuscrits, les bonnes personnes. Je reçois beaucoup de choses, les manuscrits n’entrent pas tous dans notre ligne éditoriale, dit-elle. Beaucoup de manuscrits viennent de France, et pour être agréé au Québec, ça prend des auteurs québécois, poursuit-elle. On peut éventuellement publier des auteurs français, mais ça ne compte pas pour l’agrément. »
Parfois l’éditeur fait un bon coup, d’autres fois il prend un auteur qu’il pense qu’il sera bon, mais en fin de compte, c’est l’intérêt du lecteur qui détermine si un livre se vend ou non.
« C’est comme dans la vie de tous les jours, c’est une surprise! »
Réalité pour les auteurs
Pour les auteurs, c’est la rentabilité qui constitue le défi le plus important, mais encore faut-il que son livre soit édité.
« Les auteurs font partie des artistes les moins payés et très peu vivent de ça », déplore Mme Tremblay.
Au départ, 40% du prix d’un livre va au libraire.
« Il ne reste pas beaucoup pour l’éditeur, qui doit payer les illustrateurs, les correcteurs, l’imprimeur, il en reste encore moins pour l’auteur », explique-t-elle.
Ces réalités incitent de plus en plus les auteurs à choisir l’autoédition. Mais là encore, le parcours n’est pas si simple.
« Même avec Amazon c’est difficile. Le livre se retrouve dans une marée de 50 000 autres livres. L’auteur doit faire sa publicité lui-même, doit être excellent en communication et en réseautage. Autrement, ça risque d’être une expérience décevante. C’est la réalité. »
Marylène Tremblay
« J’ai bon espoir que ça va s’améliorer, souhaite l’éditrice. L’an dernier, l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) a déclaré un statu de professionnel pour l’écrivain et ils espèrent être en mesure de représenter l’ensemble des auteurs afin de mieux les protéger »
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