Pauvreté des soins de santé en Outaouais
La Vallée-de-la-Gatineau n’a pas fini de se battre
Le 4 novembre dernier, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a rendu public le Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais. Sans surprise pour certains, le document fait état que les MRC éloignées de Gatineau, comme celle de La Vallée-de-la-Gatineau, sont les parents pauvres de l’accès aux soins en Outaouais.
La centralisation du réseau depuis 2004 est mise en cause dans le portrait et aurait engendré des services moins adaptés dans les régions. Les soins en santé mentale ou de deuxième et troisième lignes y sont parfois même inexistants et l’hôpital de Gatineau reçoit a lui seuls 96,6% des usagères en service de maternité. Bertrand Schepper, chercheur à l’IRIS, conclut qu’en Outaouais, l’accès aux soins de santé est toujours sous la moyenne québécoise, mais les inégalités sont encore plus grandes entre les MRC.
Réaction de la préfète Lamarche
La préfète de la MRC de La Vallée-de-la-Gatineau (MRCVG), Chantal Lamarche l’avait promis lors de sa dernière campagne électorale: elle poursuivrait ses démarches pour la qualité de services en santé sur son territoire. Elle insiste sur le fait que la réforme Barette a littéralement détruit les soins de santé dans la Vallée-de-la-Gatineau.
Le conseil de la MRC est unanime sur la question, précise Mme Lamarche. « Lors de la séance du 21 septembre dernier, le conseil a résolu d’autoriser la directrice générale de la MRC à octroyer un mandat à un consultant pour la rédaction d’un mémoire, recommandé par le comité de travail formé pour le projet pilote en santé. Ce projet sera connu sous l’appellation « Projet pilote en santé – gouvernance locale » et aura pour objectif premier de s’assurer d’avoir des décideurs locaux dans les établissements de la Vallée-de-la-Gatineau », mentionne la préfète.
« Les élus de la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau ont décidé de prendre les choses en mains pour l’avancement du dossier. » – Chantal Lamarche
Le comité de travail de ce dossier est formé de bénévoles et Mme Lamarche soutient qu’ils reçoivent une écoute attentive du bureau du ministre responsable de la région de l’Outaouais, Mathieu Lacombe.
Des avancées dans les dernières années
« Les informations dévoilées dans le portrait de L’IRIS ne sont pas surprenantes. Il n’y a personne en Outaouais qui a fait le saut en lisant ces faits aujourd’hui », mentionne le député de Gatineau, Robert Bussière. Son gouvernement a pris l’engagement d’améliorer l’accès et les services de santé dans la région lors de la campagne électorale de 2018 et a débuté le travail dès le lendemain de son élection, rappelle M. Bussière.
« Nous sommes bien conscients que la tâche à accomplir est énorme, le travail ne nous fait pas peur, nous y travaillons sans relâche. Des enjeux de cette nature, de cette taille, ne se règlent pas en quelques jours, ce type de changement est long à implanter, mais nous gardons confiance et nous continuons de nous relever les manches. »
Le CISSSO pose des actions
Le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO) soutient que l’accessibilité aux soins et services demeure une priorité pour l’organisation et plusieurs actions sont en cours afin d’être le plus ancré possible dans tous les territoires. « Nous travaillons notamment avec nos GMF et cliniques médicales qui sont de fiers partenaires afin d’être le plus accessible possible », mentionne Camille Brochu-Lafrance, agente d’information au CISSSO.
Au cours des deux dernières années, explique l’agente d’information, le CISSSO a rehaussé la gestion de proximité par l’ajout de 4 adjoints de communauté sur chacun des territoires en périphérie, dont la MRCVG. « Ces derniers créent des liens importants avec la communauté et les partenaires et soulèvent à notre organisation les enjeux propres à leur territoire, ce qui nous permet de mettre en place des solutions pour les régler », explique Mme Brochu-Lafrance. « Des gestionnaires ont également été ajoutés dans les hôpitaux et dans nos CHSLD afin d’assurer une meilleure coordination des services offerts dans ces installations », ajoute-t-elle.
« Nous nous sommes récemment engagés à mettre en place des comités consultatifs dans chacun des territoires d’ici la période des Fêtes. » – Camille Brochu-Lafrance
Le CISSSO dit travailler activement à recruter du personnel par différents moyens dont le recrutement international et se dit confiant que les embauches futures viendront consolider les équipes en place.
Voici les données révélées par l’étude
- L’espérance de vie est de 79,4 ans dans le Pontiac et de 79,3 ans dans La Vallée-de-la-Gatineau. La moyenne québécoise est de 82,8 ans.
- Le Québec compte 2,51 médecins par 1 000 habitants, contre seulement 1,54 en Outaouais.
- Le nombre d’infirmières est de 7,34 par 1 000 habitants au Québec, mais de 5,00 en Outaouais.
- La proportion de départs de l’urgence sans prise en charge s’élève en moyenne à 14,9% en Outaouais, contre 10,2% pour le Québec. À Gatineau, c’est entre 18,9% et 20,4%.
- Le délai de prise en charge médicale est beaucoup plus élevé dans les urgences de l’Outaouais que la moyenne québécoise: 3h14 à l’Hôpital de Hull, 3h56 à celui de Gatineau et 3h10 en moyenne pour l’Outaouais, contre 2h23 au Québec.
Les avancées réalisées selon le député Bussière
Depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir, il y a eu des avancées, soutient le député de Gatineau, Robert Bussière. Il en nomme plusieurs:
- Les CLSC fermés par le gouvernement libéral ont été rapidement rouverts.
- Le personnel, coupé par gouvernement libéral a été réaffecté ou embauché.
- Des directeurs territoriaux ont été nommés, ceux-ci servent notamment à faire le lien entre les territoires et le Centre intégré et de services sociaux de l’Outaouais (CISSSO).
- Son gouvernement s’est assuré que les infirmières de la région puissent toucher des primes plus attrayantes pour favoriser davantage la rétention et l’attraction du personnel.
- Le ministre de la Santé a clairement indiqué que des primes permanentes seraient annoncées pour la région.
- Des ententes sont intervenues avec la FMSQ et l’Ordre des Pharmaciens pour élargir les champs de pratique afin de désengorger les urgences.
- Un nouvel hôpital a été annoncé permettant un ajout net de 240 lits dans la région.
- De nouvelles conventions de travail avec le personnel infirmier ont été négociées.
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