Première femme pompière forestière à Maniwaki
Depuis 2008, Mélissa Miron ouvre le chemin et pas seulement en forêt
Fraîchement revenue de la Colombie-Britannique où elle a combattu les feux de forêt, Mélissa Miron, est la première femme pompière à avoir joint les rangs de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) à la base de Maniwaki.
C’est son sixième déploiement à l’extérieur du Québec. Mélissa Miron est pompière forestière depuis 13 ans. Lorsqu’elle se lève le matin, elle ne sait jamais où elle finira sa journée. Baie-Comeau, Lac-Saint-Jean? La jeune femme qui n’a pas encore 40 ans n’aime pas la routine. En contrepartie, son métier, elle l’adore!
« Mon père était garde-chasse, depuis que j’ai deux ou trois ans, mes parents me trainaient dans la neige pour aller trapper. Aller vers les métiers de la forêt était normal pour moi », raconte Mélissa. Elle a donc accumulé les diplômes dans des professions reliées à la forêt. DEC en génie du bois, AEC en aménagement de la forêt et DEP en pâte et papier, font partie de ses atouts.
Mais voilà, explique-t-elle, alors que papa désirait pour elle de bonnes conditions de travail, son premier emploi à Sainte-Véronique dans les Laurentides l’a convaincue qu’elle n’était pas faite pour un travail entre quatre murs.
C’est lors de son AEC qu’elle a rencontré une entreprise qui engageait des combattants auxiliaires pour la SOPFEU. L’idée lui a plu. « J’ai été intriguée, ils m’ont engagée comme combattante auxiliaire et j’ai travaillé à La Tuque et au Lac-Saint-Jean tout mon été 2017 », se remémore la pompière. « Après cet été-là, je suis retournée à mes études en pâtes et papiers à Sherbrooke et la SOPFEU a ouvert deux postes de pompiers forestiers. J’ai appliqué. »
L’un des postes alors offerts était à la base SOPFEU de Tremblant et l’autre à Maniwaki. Elle a obtenu celui de Maniwaki en 2008 et poursuit son parcours avec cette unité depuis. À présent, elle a atteint ce qu’elle appelle le « stade 2 » qui est le plus haut titre accessible comme pompier.
« J’ai fait ma place »
À Maniwaki, présentement, elles sont environ 6 filles dans les rangs des pompiers forestiers. Au Québec, ce nombre augmente doucement selon Mélissa, mais si elle compare à la Colombie-Britannique qui semble avoir moitié-moitié de femmes et d’hommes sur le terrain, elle croit que le Québec a du retard dans l’équité des genres de cet emploi non conventionnel.
Mis à part quelques « vieux » aux idées arrêtées, Mélissa n’a pas eu de mal à s’intégrer à l’équipe de Maniwaki.
« J’ai fait ma place. Ils ont vu que j’étais là pour travailler et pas pour le plaisir. » – Mélissa Miron
Après son entrée en poste, elle a vu des filles essayer le travail et sentait que certaines prenaient ça comme un « trip ». Entre femmes, elles s’entraident beaucoup et donnent un coup de main aux nouvelles pour aider à leur adaptation, car au début, dit-elle, « on ne sait pas à quoi s’attendre ». Au cours de ses années de travail dans ce milieu majoritairement masculin, elle a entendu bien des blagues, mais aucune personnelle. « Le harcèlement n’est absolument pas toléré », tient-elle à préciser.
Un métier à part
Autant pour les hommes que pour les femmes, la vie de pompier forestier n’est pas facile. « On n’est jamais à la maison, c’est dur pour la famille. On fait de longues rondes de 24h, explique Mélissa. Mais l’hiver, on peut reprendre le temps perdu. »
Célibataire et sans enfant, elle avoue que son horloge biologique n’a jamais sonné le temps des bébés. Aujourd’hui à 37 ans, elle dit qu’elle a préféré se pencher sur sa carrière. Elle a bien eu un conjoint au gré des années de service. « Il était lui aussi pompier, il y a beaucoup de couples à travers le Québec qui sont tous les deux pompiers. Dans un sens, ce n’est pas facile parce que tu es toujours avec l’autre, mais dans l’autre, il n’y a personne d’autre qui peut mieux comprendre ta réalité et ton métier qu’un autre pompier. »
À Maniwaki, elle est une des plus anciennes. Elle a donc des semaines de travail garanties entre la fin-mars et la mi-septembre et ensuite, elle peut toujours être appelée.
Mélisssa encourage les jeunes à envisager une carrière de pompier forestier. « Les filles, on est capable de faire nos marques. On a des qualités. Les gars ont la force et nous l’endurance, on se complète dans ce travail », raconte-t-elle. « Les filles ne doivent pas se laisser intimider par les tests physiques », insiste-t-elle en ajoutant qu’ils sont autant difficiles pour les gars que pour les filles et qu’autant les uns et les autres les échouent ou les réussissent. « Les tests ont les mêmes conditions pour les filles et les gars, il y a pas mal de gars qui ne trippent pas du tout à l’idée de les faire ». Ces tests, explique Mélissa, doivent être réalisés pour faire le métier, mais aussi, avant les déploiements à l’extérieur du Québec. Entre son poste dans les Laurentides comme contrôleur de la qualité et celui qu’elle pratique maintenant, le choix de Mélissa est clair: pompière forestière!
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