En souvenir des enfants envoyés dans les pensionnats autochtones
La Vallée arbore le chandail orange
Il est difficile de ne pas voir la couleur orange depuis quelques semaines, en traversant Kitigan Zibi Anishinabeg dans la Vallée-de-la-Gatineau. La communauté anichinabée a accroché des chandails de cette couleur pour démonter son soutien à tous ceux qui ont été marqués par les « pensionnats indiens ». Voilà maintenant que ceux-ci s’affichent partout dans la région.
La journée du gilet orange date de 2013. Elle est célébrée chaque année le 30 septembre en reconnaissance du tort que le système des pensionnats a fait aux enfants autochtones. Porter un chandail orange lors de cette journée confirme que la personne s’engage à veiller à ce que tout le monde autour d’elle soit important.
Depuis que les restes de 215 enfants ont été retrouvés sur le terrain de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops en Colombie-Britannique, le chandail orange sert de moyen de sensibilisation partout au Canada.
À Kitigan Zibi, Gene Twenish s’est senti interpellé. Aidé de sa sœur et appuyé par sa communauté, Gene a décidé de faire quelque chose.
La population a donc été invitée à afficher un gilet orange à sa porte ou au bord de la route. Toute la communauté de Kitigan Zibi a emboité le pas. Impossible de traverser la réserve sans apercevoir des gilets orange accrochés partout et parfois, aussi, de petits vêtements de bébé qui rappellent les enfants perdus.
Le message sur le gilet: Tous les enfants comptent. En plus d’afficher leur solidarité aux gens touchés par les pensionnats, Gene et sa sœur Darhlene ont ralenti le trafic sur la route 105 le 8 juin dernier.
Ils ont distribué 693 dépliants et ont reçu de support de tous les automobilistes. Aujourd’hui, les chandails orange sont partout. Dans les commerces de Maniwaki, devant des maisons de Grand-Remous, de Blue Sea, de Messine et même les élus de la Vallée-de-la-Gatineau ont signifié leur appui en posant avec le gilet sur les réseaux sociaux ou en portant un ruban orangé, par exemple.
Les aînés se souviennent
Dans leur propre famille, Gene et Darhlene ont des gens qui ont connu les pensionnats autochtones. Des personnes de Kitigan Zibi ont aussi vécu cette époque pas si lointaine.
« On prend ça au jour le jour. Les histoires commencent à sortir. Les aînés avaient gardé ça en dedans. » – Gene Twenish
Gene et Darhlene ne peuvent confirmer si certains aînés de Kitigan Zibi attendent toujours un enfant parti au pensionnat et jamais revenu, mais la solidarité et le fait de parler du sujet publiquement semblent aider certains à partager de lourds secrets. Tel était le vœu de Phyllis (Jack) Webstad qui a inspiré la Journée du chandail orange.
Remerciements
Gene et Darhlene sont si touchés de la solidarité et du support de la population non autochtone envers eux qu’ils tenaient à tout prix à faire part de leur gratitude. Anichinabés ou non, tous garderont les chandails orange bien en vue tant et aussi longtemps que le fera la Colombie-Britannique, en espérant faire connaître ce pan de leur histoire qui marque toujours leur communauté.
D’où vient le mouvement du chandail orange?
Plusieurs informations circulent sur le Web à propos de cette journée de commémoration. Toutes reviennent à cette histoire de Phyllis (Jack) Webstad qui a fréquenté un pensionnat en Colombie-Britannique et qui a inspiré la Journée du chandail orange. Alors que Phyllis était fière d’aller à l’école, sa grand-mère lui avait fait choisir un vêtement au magasin pour ce moment important. Phyllis avait alors choisi un chemisier orangé. Lors de son arrivée au pensionnat, elle a été dépouillée de ses vêtements et n’a jamais revu son chemisier orange. Cette couleur lui a alors longtemps rappelé que ses sentiments n’étaient pas importants et qu’elle ne valait rien.
Malgré tout le travail de guérison qu’elle a entrepris, il arrive encore à Phyllis de croire qu’elle ne vaut rien. Elle s’est donc dite honorée d’être en mesure de raconter son histoire afin que d’autres puissent en bénéficier et comprendre. Peut-être, espère-t-elle, que d’autres survivants se sentiront suffisamment à l’aise pour partager leurs histoires.
Nouvelle découverte macabre en Saskatchewan
La série noire se poursuit au Canada. Le 23 juin, la découverte d’au moins 300 tombes anonymes près de l’ancien pensionnat autochtone de Marieval était cette fois annoncée. Le chiffre a été revu à la hausse le lendemain. On parle désormais de 751 tombes pour ce seul endroit situé non loin de la ville de Regina dans la province de la Saskatchewan. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’est entretenu avec le chef de la Première Nation de Cowessess, Cadmus Delorme, ainsi qu’avec le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde. « Je leur ai dit que notre gouvernement et tous les Canadiens sont à leurs côtés après l’horrible découverte de sépultures non identifiées à l’ancien pensionnat de Marieval. On va continuer d’être là pour les gens de la Première Nation de Cowessess et tous les Autochtones du pays, et on s’engage à établir avec eux un vrai partenariat pour rectifier ces erreurs du passé et favoriser la réconciliation de manière concrète, significative et durable », a déclaré M. Trudeau dans la journée. M. Bellegarde a pour sa part mentionné que cette découverte était « absolument tragique, mais pas surprenante ». Il a appelé tous les Canadiens à faire preuve de solidarité avec les Premières Nations « en cette période extrêmement difficile et émotionnelle ».
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