Violence envers les enseignants
Certaines menaces sont trop vulgaires pour être écrites dans un journal
Le lendemain de la Journée mondiale des enseignantes et enseignants, le résultat d’un sondage effectué auprès de 300 enseignants des centres de services scolaires des Hauts-Bois-de-l’Outaouais (CSSHBO) et Pierre-Neveu (CSSPN) a jeté une lumière crue sur la violence que ces derniers subissent au quotidien.
Chaque jour ou presque, le Syndicat du personnel de l’enseignement des Hautes-Rivières (SPEHR) reçoit des appels d’enseignants qui cherchent de l’appui lors de situations de violence vécues au travail. Pour Daniel Boisjoli, président du SPEHR, la violence au travail est inacceptable et cela s’applique aussi aux enseignants.
Guy Croteau, responsable de la sécurité sociale au SPEHR, a plusieurs exemples de violence vécue par les enseignants à donner. Certaines violences verbales sont si difficiles à entendre qu’elles ne peuvent être publiées. Dans la dernière semaine, par exemple, une enseignante s’est fait menacer par un élève du primaire de se faire « ouvrir du bas-ventre jusqu’à la gorge ».
La violence psychologique et verbale se manifeste notamment par des injures, insultes et intimidations, entre autres. Dans la majorité des cas, l’agresseur est l’élève et, occasionnellement, un parent d’élève.
Au niveau de la violence physique, celle-ci se manifeste principalement par des coups, morsures, bousculades et crachats. Se faire lancer des objets est monnaie courante. La semaine dernière, Guy Croteau avait encore des appels concernant des chaises lancées vers un enseignant. Ciseaux ou stylos ont aussi fait partie de la liste des objets projetés en direction du personnel dernièrement.
Dans le cas des violences physiques, les élèves sont à 98% la source de la violence vécue par les enseignants.
Dans les deux centres de services scolaires, la violence physique est principalement présente au niveau du préscolaire-primaire. En ce qui a trait à la violence psychologique et verbale, pour le CSSPN, elle est principalement présente en adaptation scolaire et au secondaire; alors qu’au CSSHBO, c’est au primaire qu’elle est vécue par le personnel enseignant.
Demande d’actions concrètes
Suite au sondage révélateur, le SPEHR demande aux dirigeants du CSSHBO et du CSSPN de mettre en place des actions concrètes pour enrayer toutes formes de violence à l’endroit du personnel de l’éducation, et ce, dans l’ensemble de leurs établissements d’enseignement.
Les enseignants notent une légère augmentation des cas de violence qu’ils subissent. Le reste du personnel scolaire vit aussi ce type de situation. Guy Croteau souhaite que les centres de services scolaires en tiennent compte.
Des chiffres qui parlent
Pour le CSSPN, 49% des répondants ont subi de la violence. Parmi ceux-ci, 42% ont subi de la violence physique et 88% ont subi de la violence verbale/psychologique.
Pour le CSSHBO, 74% des répondants ont subi de la violence. Parmi ceux-ci, 49% ont subi de la violence physique et 88% ont subi de la violence verbale/psychologique
Pour le CSSPN, 57% des victimes d’agression se disent satisfaites de l’accompagnement par la direction dans les situations de violence, alors que pour le CSSHBO, le taux de satisfaction varie de 36% à 42% selon le type d’agression.
Les gestes de violence devenus normaux?
Documents administratifs trop nombreux à remplir, séquences d’interventions trop longues pour régler les problèmes, conséquences non significatives pour les agresseurs et banalisation des actes de violence : tels sont les commentaires les plus souvent formulés par les enseignants à propos de la violence subie au travail.
Guy Croteau souligne que s’ils ne vivent pas dans la peur de ces actes, les enseignants en sont néanmoins préoccupés. Il souligne que certaines conséquences données aux jeunes fautifs sont si courtes qu’à leur retour en classe, l’enseignant a parfois encore des séquelles de ce qu’il vient de vivre, mais doit continuer à enseigner.
L’enseignant qui subit un acte violent doit, dans un premier temps, éviter l’assaut, retirer l’étudiant fautif de la classe et sécuriser les autres élèves, explique Guy Croteau. Il n’a pas le temps d’analyser les raisons qui ont poussé le jeune à agir avec violence.
Le sondage effectué par le SPEHR se ne concentrait pas sur cet aspect. Guy Croteau explique toutefois que le manque de professionnels dans les écoles n’aide en rien la situation, car c’est souvent à eux que les élèves se confient. Les causes de gestes violents ne sont pas toujours mises au grand jour pour permettre aux enseignants de mieux comprendre l’élève fautif. Cependant, les enseignants ont aussi des stratégies pour éviter la violence et celles-ci varient d’un élève à l’autre, par exemple s’il s’agit d’un enfant qui a un trouble d’opposition.
Parents violents ou trop conciliants
Guy Croteau, aussi enseignant, n’en est pas à sa première rencontre de parents. Lors de ces moments, il a souvent vécu de l’intimidation de la part de parents voulant, par exemple, que la note de leur enfant soit augmentée. Au téléphone, lorsqu’on leur indique que leurs enfants ont eu un comportement violent, plusieurs parents les défendent. Certains, même après avoir entendu leur jeune parler violemment avec l’enseignant. Parmi les agresseurs dénoncés par les enseignants, un quart sont des parents.
Les enseignants vivent parfois dans les mêmes municipalités que les élèves. Il arrive donc que les gestes violents aillent jusqu’à du vandalisme à leur domicile ou sur leur voiture.
Enseignants violents ou déplaisants
Le sondage ne portait pas sur les gestes déplacés ou les attitudes déplaisantes pouvant être perpétrés par les enseignants. À ce niveau, Guy Croteau ne se met pas la tête dans le sable. Cela existe bel et bien. Il explique cependant que les gestes inappropriés sont suivis de près et des mesures disciplinaires sont aussi possibles.
Le milieu s’entraide, explique Guy Croteau, avant d’ajouter toutefois que le SPEHR ne protégera jamais un geste violent, peu importe qui le pose.
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