Premier jumelage de l’Arterre dans la Vallée
Les jeunes agriculteurs ont vite appris qu’on n’achète pas du foin au Walmart
Simplement venu visiter une ferme d’alpaga, un couple dans la jeune vingtaine a fini par acheter l’endroit à Low, dans la Vallée-de-la-Gatineau. Totalement éloignés du monde de l’agriculture, ils ont failli faire mourir leurs parents en leur apprenant la nouvelle. Du moins, c’est ce qu’ils disent à la blague en racontant leur histoire d’aspirants-agriculteurs devenus propriétaires d’une ferme grâce au soutien de la MRC Vallée-de-la-Gatineau qui a adhéré à l’Arterre en 2017.
L’Arterre est un service qui accompagne et jumelle des aspirants à des agriculteurs locaux désireux d’assurer la relève de leur ferme. Les jeunes aspirants sont, en majorité, des gens qui n’auraient pas nécessairement accès à la terre facilement. Ils sont alors mis en contact avec des agriculteurs qui ne trouvent pas de relève pour leur ferme ou encore avec d’autres qui ne valorisent pas ou n’exploitent plus leurs terres.
Dans la Vallée, un premier jumelage vient d’être réalisé, mais il se pourrait bien qu’il ne soit pas le dernier, puisque sept autres aspirants agriculteurs ont entamé des démarches sérieuses avec Charles-Antoine Besner, agent de développement PDZA et agent de maillage de l’Arterre à la MRC.
« Nous avons présentement 22 propriétaires prêts à effectuer des jumelages. Plusieurs aspirants ont démontré leur intérêt, mais n’en sont pas encore arrivés au point d’aller de l’avant. Sept d’entre eux sont en cours de démarchage », a mentionné Charles-Antoine Besner.
De l’humour chez les premiers aspirants jumelés dans la Vallée
Pendant la pandémie, plusieurs aspirants se sont mis à rêver d’un retour à la terre et l’Arterre dans la Vallée a vu augmenter les demandes. C’est une chose de vouloir se lancer en agriculture, mais cela en est une autre que de le faire. Plusieurs se sont rendu compte qu’ils devaient poursuivre leur réflexion. Charles-Antoine Besner croit cependant que cet engouement aura des répercussions dans les cinq prochaines années.
Adam Paquin, 21 ans, et Jessica Bérubé, 25 ans, ont surpris tout leur entourage en décidant de se lancer dans un projet d’agriculture. Jessica avoue que sans l’accompagnement de Charles-Antoine Besner, ils n’y seraient probablement pas arrivés, mais, c’est fait, le jeune couple est maintenant propriétaire d’une ferme d’alpagas à Low depuis le 1er juillet.
Raisonnables, ils ont tous les deux conservé leur emploi stable pour assurer leur avenir, surtout en ces premières années de démarrage d’entreprise. Jessica travaille dans un hôpital et Adam, dans une banque alimentaire. Rien ne les disposait à la vie de fermiers, mais ils adorent cela. Avec une petite fille de cinq ans qui grandit à leur côté, Jessica juge qu’ils lui ont fait le plus beau cadeau pour qu’elle s’épanouisse.
Mais la vie d’agriculteur a déjà commencé à les surprendre et c’est dans un humour pouvant braver toutes les épreuves que Jessica raconte quelques-unes de leurs premières anecdotes.
« Cet été, on a manqué de foin. La fille de bureau en moi ne s’attendait pas à cela et j’ai vite réalisé que du foin, tu n’achètes pas ça au Walmart! » – Jessica Bérubé
La famille appelée en grand renfort de bras et de véhicules, ils ont réussi à passer cette épreuve.
« Du foin, ça n’entre pas dans un coffre de voiture! » – Jessica Bérubé
Le jeune couple qui vivait en appartement et n’avait que sa poste à entrer le soir réalise que d’entretenir un terrain, celui d’une ferme en plus, demande beaucoup de travail. Ils étaient prêts. La jeune femme explique qu’ils ont trouvé du temps et n’ont aucun regret.
« Ramasser du caca d’Alpaga, ça peut paraitre comme une corvée, mais avec une petite bière, en jasant, ça devient presque agréable! » – Jessiva Bérubé
Le jeune couple a choisi un type de ferme qui leur permet de se faire remplacer au besoin. Pas de traite journalière à prévoir, simplement nourrir et s’occuper des animaux matin et soir. Bien sûr, le temps de la tonte est plus ardu, mais ils apprennent les étapes une à la fois. Bientôt, Jessica apprendra à trier et nettoyer la fibre. Elle ne la filera pas ni ne tricotera, mais donnera ces tâches à des gens extérieurs. En attendant, leur ferme vend des produits d’alpagas venus du Pérou.
Charles-Antoine Besner souhaite que les gens comme Adam et Jessica, qui ne savent pas trop comment se lancer en agriculture, le contactent. Comme le projet de maillage a été lancé en 2018 dans la Vallée, il est normal qu’il y ait eu peu de jumelage jusqu’à maintenant, mais le vent continue de souffler sur les bonnes opportunités et plus la banque d’aspirants et de propriétaires sera garnie, plus les histoires à succès seront la règle, soutient-il.
À propos de l’Arterre
L’Arterre ne fait pas seulement mettre les gens en lien les uns avec les autres, il les accompagne et les met aussi en contexte de la réalité du milieu agricole. Les aspirants doivent se qualifier et accepter que les démarches soient faites officiellement et non pas sur un bout de papier au coin d’une table, spécifie Charles-Antoine Besner. Il peut s’agir de vente-achat ou de location avec option d’achat ou même de partenariat.
Les MRC sont souvent bien placées pour accompagner les aspirants, car ils connaissent le territoire et les entreprises de leur milieu. Charles-Antoine Besner est déjà en contact avec l’UPA, les entreprises agricoles, les marchés publics. Sa connaissance est un avantage pour effectuer les jumelages. Il est là pour faire se poser les bonnes questions autant aux propriétaires qu’aux aspirants : heure de travail et coût de fonctionnement pour les uns et réflexion sur la valeur, la salubrité des actifs et les liens familiaux qui pourraient s’intéresser à la reprise de la terre sont des aspects envisagés avec les propriétaires.
Le processus peut être plus ou moins long selon là où en sont les parties dans leurs démarches, explique Charles-Antoine Besner.
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