Et si nos arbres mourraient aussi?

Publié le 10 juin 2020 par Hélène Desgranges

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Hélène Desgranges

Journaliste | hdesgranges@inmedias.ca

La covid-19 venue d’Asie offre un parallèle facile à établir pour les spécialistes de la forêt. Avec les maladies qui envahissent nos forêts et menacent de les détruire, des bilans journaliers soulignant la mort d’espèces ne sont pas faits mais l’alarme est sonnée. D’ici 20 ans, tous les pins du Québec pourraient mourir. Comment est-ce possible?

Et si nos arbres mourraient aussi?

Christian Messier a une feuille de route impressionnante. Lorsqu’il est question de menaces dans nos forêts, l’homme instruit fait place au vulgarisateur. Christian Messier est professeur en aménagement forestier et biodiversité à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la résilience des forêts face aux changements climatiques et de la Chaire CRSNG/Hydro-Québec sur le contrôle de la croissance des arbres. Il est le directeur scientifique de l’Institut des sciences de la forêt tempérée de l’UQO. Il collabore aussi à l’émission ˂@Ri˃Moteur de recherche˂@$p˃ de Radio-Canada Ici Première.
Tous ces titres s’effacent derrière la passion de l’homme lorsqu’il parle des menaces contre la forêt. La pandémie actuelle qui touche les humains est tout à fait dans le ton pour faire comprendre aux gens que des changements globaux reliés aux échanges commerciaux entre les pays sont en train de tuer nos arbres. Il tiendra d’ailleurs une conférence en ligne gratuite le 19 mai prochain à 16h. Les gens pourront donc en savoir davantage en allant sur la chaîne YouTube du Cœur des sciences ou sur le site de cet organisme.
Quelles menaces pour l’Outaouais?
Le hêtre est déjà affecté par la maladie corticale du hêtre et celle-ci devrait atteindre tout le territoire de l’Outaouais dans les dix prochaines années. La maladie a été importée d’Europe il y a plusieurs années selon le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs (MFFP).
D’ici 10 à 20 ans, un petit insecte, le puceron lanigère de la pruche, devrait arriver au Québec puisqu’il est en train de migrer de l’est des États-Unis. Selon Christian Messier, une trentaine d’autres insectes et maladies présentes aux États-Unis pourraient se déplacer vers nous et affecter plusieurs espèces, mais pour l’instant, il n’y a pas de menaces immédiates.
Les pins et les érables à risque d’extermination?
Pour l’érable, Christian Mercier explique que le longicorne asiatique est présent aux États-Unis mais il est sous contrôle. Selon lui, il s’agit néanmoins d’une menace car la situation pourrait changer.
« Le dendroctone du pin se déplace lentement d’ouest en est. Selon certain, il pourrait arriver au Québec dans les 20 prochaines années et tuer tous les pins. » – Christian Mercier
La foresterie en renfort
Outre les insectes venus d’ailleurs, la préoccupation majeure qui menace nos forêt tient aussi dans les changements climatiques.
« Il suffirait d’une grosse sécheresse pour que plusieurs espèces soient fortement impactées comme les bouleaux jaunes et blancs. » – Christian Messier
Les forêts ont toujours eu de bons mécanismes naturels qui fonctionnaient bien lorsque les changements se produisaient lentement mais vu la progression de plus en plus rapide de ces changements dus, entre autres, aux échanges commerciaux de plus en plus nombreux, elles n’y parviennent plus.
La foresterie, qui a souvent été montrée du doigt pour certaines de ses pratiques, pourrait jouer un rôle important dans la survie des forêts. Christian Mercier cite la favorisation de repousses d’un maximum d’essences au lieu de favoriser quelques essences plus commerciales seulement afin d’aider nos forêts. Cela peut même vouloir dire de favoriser de nouvelles espèces que l’on retrouve plus au sud afin de tenir compte des changements climatiques anticipés. C’est ce qu’il appelle la foresterie dite de résilience, qui inclut d’autres procédés non cités dans cet article.

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