Palais de justice de Maniwaki : « On est trop compliqué pour eux »
Les représentants de la MRC La Vallée-de-la-Gatineau, de Kitigan Zibi Anishinabeg et du Centre d’amitié autochtone de Maniwaki ont exigé devant les caméras, lors d’une conférence de presse le 23 janvier, que le Palais de justice de Maniwaki devienne le chef-lieu du district judiciaire de la MRC, rien de moins.
L’affaire fait des vagues depuis plusieurs mois, voire plus d’un an. Les dossiers en comparution criminelle seront entendus au Palais de justice de Saint-Jérôme et non à celui de Maniwaki. « C’est un non-sens », lance la préfète de la MRC La Vallée-de-la-Gatineau, Chantal Lamarche.
La préfète soutient que la première fois qu’elle a eu vent de la situation, le ministère de la Justice avait déjà fait son choix. « J’ai un dossier ça d’épais pour le prouver », fait-elle valoir devant les caméras en parlant d’échanges de courriels avec le Ministère.
Sans avoir été consulté
C’est à travers des démarches entreprises par la MRC concernant le Palais de justice de Maniwaki que les élus se seraient rendu compte que la gestion des dossiers en comparution criminelle de leur territoire était en fait entre les mains du Palais de justice de Saint-Jérôme.
« On a fait des demandes pour la santé mentale et tranquillement dans le processus, on s’est rendu compte que c’était Saint-Jérôme qui gérait la gestion des dossiers de Maniwaki, de la Vallée-de-la-Gatineau », explique Mme Lamarche.
Presque deux heures de route séparent Maniwaki de Gatineau. La MRC Vallée-de-la-Gatineau est vaste, et les municipalités, dispersées. Faire du Palais de justice de Maniwaki le chef-lieu du district judiciaire de la MRC tombe sous le sens, selon les dignitaires rassemblés. Il serait central, permettrait de réduire la distance à parcourir pour se rendre à une audience, et les coûts engendrés par le déplacement et l’hébergement pour les personnes appelées à se présenter seraient moindre.
La MRC n’entend pas à en rester là. Non seulement elle exige que la Palais de justice de Maniwaki obtienne la pleine gestion de ses dossiers en comparution criminelle, elle demande à ce qu’un juge permanent y soit nommé. Un juge qui serait physiquement présent sur les lieus et non quelqu’un qui parcourait sans cesse la distance pour présider une audience.
Le ministère de la Justice ne semble pas préoccupé puisqu’il aurait répondu qu’avoir un chef-lieu « c’est bien compliqué », selon Mme Lamarche.
Desservir équitablement les résidents autochtones et non autochtones
La sortie du 23 janvier a rassemblé plusieurs élus Val-Gatinois ainsi que Charlotte Commonda, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Maniwaki, et Tina Dewache, représentante du conseil de bande de Kitigan Zibi Anishinabeg.
Kitigan Zibi Anishinabeg est une communauté autochtone aux abords de Maniwaki et elle n’est pas la seule dans la MRC La Vallée-de-la-Gatineau. Mme Commonda et Mme Dewache affirment de concert qu’elles ont reçu de la documentation stipulant qu’elles avaient approuvé le rapatriement de dossiers vers Saint-Jérôme. Elles réfutent ces propos catégoriquement.
Mme Commonda rappelle que le Centre d’amitié autochtone de Maniwaki est un centre de services faits par et pour les résidents autochtones. Le soutien offert est culturellement adapté, et un travail de formation et de discussions a déjà été entamé entre les représentants du Centre et de Kitigan Zibi Anishinabeg ainsi que la MRC et les professionnels du système juridique. « Ça ne fait pas de sens de recommencer à zéro en collaborant avec un nouveau territoire », stipule Mme Commonda.
Les intervenantes mentionnent qu’en plus la deuxième langue parlée de leur communauté est l’anglais. La MRC a donc besoin de juges et avocats qui parlent la langue, ce qui ne sera pas nécessairement le cas à Saint-Jérôme ni à Mont-Laurier selon la préfète.
Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, n’aurait pas donné suite à une demande de rencontre avec Mme Lamarche à propos de la situation juridique de la MRC. Comme l’a laissé entendre Tina Dewache, on se questionne d’ailleurs sur ce qu’il adviendra du Palais de justice de Maniwaki si la décision du rapatriement des dossiers en comparution criminelle est irrévocable.
Vous aimeriez peut-être...
Voir plus de : Accueil
17 hommes arrêtés dans la province
Dix-sept hommes âgés de 38 à 80 ans ont été arrêtés et ont comparu en lien avec des accusations de …
Un nouveau roman pour Marie Paquette : Ma vie au grand jour
L’auteure Marie Paquette est de retour avec son dernier roman, Ma vie au grand jour aux Éditions Marie-Guy.
Le projet de loi solidaire sur l’accaparement des terres agricoles progresse
Le projet de loi 495, visant à lutter contre l’accaparement des terres agricoles par des fonds d’investissement privés, déposés en …