« Insolvable »
Forex face à plus de 134 millions de dollars de dettes
Les dettes de la compagnie Forex, qui s’est placée le 7 février sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), s’élèvent à plus de 134 millions de dollars (M$).
L’info a obtenu la Demande pour l’émission d’une ordonnance initiale et d’une ordonnance initiale amendée et reformulée présentée le 7 février à la Chambre commerciale de la Cour supérieure du Québec.
On y apprend que sur ces 134 M$, une somme d’un peu plus de 108 M$ est garantie et une autre de 26 M$ ne l’est pas.
La compagnie doit plus de 20 M$ à la Banque Canadienne Impériale de Commerce (CIBC), plus de 23 M$ à Investissement Québec, plus de 7 M$ à Roynat Inc., environ la même somme à la Banque de Développement du Canada, près de 100 000$ à Komatsu International (Canada) Inc., ainsi que 50 M$ à Les Placements Al-Vi inc.
Sur le Registraire des entreprises du Québec, cette dernière entité est enregistrée à la même adresse que Forex à Montréal. Sa présidente est Vivianne Cossette. Le prêt d’Al-Vi inc. est garanti par une hypothèque universelle de premier rang.
Al-Vi Inc. est aussi identifié comme le prêteur temporaire à Forex d’une somme pouvant atteindre 8,5 M$ afin d’assurer la continuité des opérations au cours des 6 premières semaines de procédures sous la LAAC.
Fondée en Abitibi-Témiscamingue par la famille Cossette, Forex Inc. détient 100 % des intérêts dans Forex Amos Inc. et Wawa OSB Inc., qui figurent avec elle comme débitrices sur le document déposé en cour.
Plus dure sera la chute
Une série de facteurs pousse Forex à se placer sous la protection de la LACC : la chute du prix du bois d’abord, des démarches de financement infructueuses, mais aussi des « divergences profondes » au sein de ses actionnaires. L’acquisition de Wawa OSB en juin 2022 en Ontario vient compliquer le tout.
Le document confirme qu’après avoir connu « des sommets inégalés » pendant la pandémie, le prix du bois subit maintenant « une chute significative ». Le prix des panneaux OSB sur les marchés a connu la même tendance, passant de 800 $ américains par millier de pieds carrés il y a un an à 225 $ à la mi-janvier 2023.
Chiffres à l’appui, Forex dresse le bilan 2022 du volume vendu dans ses usines. À l’usine de Ferme-Neuve par exemple, il est passé de 6 475 mètres cubes en janvier, vendus 1 005 $ américains le mètre cube, à 4 034 mètres cubes en décembre, vendus 443 $ américains le mètre cube.
C’est dans ce contexte que la décision a été prise d’entamer une démarche de ventes d’actifs sous la protection de la LACC.
Forex et les entités qu’elle possède considèrent qu’elles sont insolvables et que la restructuration à l’abri de la LACC vaut mieux qu’une faillite qui « entraînerait des conséquences dévastatrices pour toutes les parties prenantes ».
Plus loin, Forex demande à la cour « l’autorisation, mais non l’obligation » de payer des « dépenses considérées critiques » dans le cadre des procédures sous la LACC, comme le paiement des fournisseurs afin d’éviter leur insolvabilité et de « déclencher un effet domino dont feraient les frais, les fournisseurs essentiels, et ultimement, leurs employés ».
550 emplois dans la balance
Forex possède une usine à Amos de 137 employés et une autre à Wawa en Ontario qui compte 23 employés, sans compter son siège social auquel 21 emplois sont attachés.
Mais c’est dans les Hautes-Laurentides que sa présence est la plus marquée, avec l’usine de Ferme-Neuve qui produit du bois d’œuvre et ses quatre usines de Mont-Laurier (sciage, déroulage, fabrication de lattes, planches de clôture et boîtes de minerais, ainsi que mise en copeaux). Il y a 107 employés à Ferme-Neuve et 67 à Mont-Laurier.
En tout, Forex emploie 350 personnes, sans compter plus de 200 emplois indirects en forêt, comme des fournisseurs de bois rond et d’écorces, des transporteurs ou des opérateurs de cour. Fin janvier, l’entreprise avait annoncé mettre à pied 33 de ses employés à Ferme-Neuve et Mont-Laurier.
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