La rivière Joseph : petit cours d’eau, grande histoire
Par Michel Prévost, M.A., D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
L’été s’avère la meilleure période pour découvrir les cours d’eau de l’Outaouais. La Vallée-de-la-Gatineau possède plusieurs petites rivières qui traversent son territoire. Ce mois-ci, nous vous présentons la rivière Joseph.
Par Michel Prévost, D.U., président de la Société d’histoire de l’Outaouais
La rivière Joseph prend sa source au lac de la Truite, dans la municipalité de Mont-Laurier, et se jette dans la rivière Gatineau, après avoir traversé la municipalité d’Aumond et le lac Saint-Joseph. Le cours d’eau s’étire sur environ 65 kilomètres et son bassin versant est de près de 335 kilomètres carrés.
Son parcours, presque toujours en forêt, s’avère tortueux et le cours d’eau se distingue par une grande variation de son débit. En effet, on peut assister à des crues printanières très prononcées, comme ce fut le cas du débit spectaculaire au printemps 2019. En revanche, le niveau de l’eau se révèle particulièrement bas à la fin de l’été.
Petite rivière, grande histoire
Les Anishinabeg parcourent la rivière pendant des millénaires et profitent des ressources du territoire. La population d’origine européenne commence à exploiter la richesse forestière du secteur au milieu du 19e siècle. En 1861, les pères oblats font construire un moulin à scie et un moulin à farine à la chute où se trouve aujourd’hui Aumond.
Afin d’augmenter la rétention d’eau de la rivière Joseph, deux barrages sont érigés, entre 1876 et 1883, soit un grand barrage à la chute et un plus petit en amont.
Les Oblats exploitent le moulin jusqu’en 1889 et par la suite 16 propriétaires le font fonctionner. Le moulin à scie est opéré à longueur d’année et il emploie à certaines périodes jusqu’à une quinzaine d’employés.
Plusieurs essences d’arbres sont sciées au moulin des Pères, particulièrement le pin rouge, le pin blanc, l’épinette blanche et le cèdre. Toutes ces espèces sont abondantes dans la Vallée-de-la-Gatineau et elles sont acheminées par flottage sur la rivière Joseph.
Fait intéressant, dans les années 1940, une turbine de faible puissance alimente le village d’Aumond. C’est d’ailleurs le potentiel hydro-électrique qui amène, en 1998, la démolition du moulin par un homme d’affaires de Maniwaki dont le projet ne verra jamais le jour. Comme le rappelle bien Manon Leroux dans L’autre Outaouais, cette destruction inutile s’est faite malgré l’opposition de la population.
La disparition des bâtiments, sauf une grande remise en bardeau de cèdre, s’avère une perte inestimable pour le patrimoine bâti d’Aumond et de la Vallée-de-la-Gatineau.
Après la démolition du moulin des Pères, la municipalité d’Aumond achète le domaine et l’aménage en site touristique. Aujourd’hui, des belvédères, des sentiers, des panneaux d’interprétation et des artéfacts liés aux moulins disparus permettent de mettre en valeur le riche passé du site et de découvrir la beauté des lieux, de la chute et de la rivière Joseph.
Petite anecdote, le fils du géant et homme fort, Vital Émard dit Potvin, bras-droit de Jos Montferrand (voir notre chronique du 9 février 2022), se noie en 1867 en traversant la rivière Joseph avec son cheval. Il portait le même prénom que son illustre père.
L’origine du nom
L’origine du toponyme de la rivière Joseph demeure incertaine. En effet, selon certains historiens, le cours d’eau doit son nom à un vieux chef d’une famille d’Amérindiens qui chassaient dans la région. En revanche, pour la Commission de toponymie du Québec, la rivière doit son nom au colonel Joseph-Ignace Aumond (1810-1879), le seul baron du bois francophone de l’Outaouais au 19e siècle. Nous avons tracé un portrait de celui qui a laissé son nom au canton et à la municipalité d’Aumond dans notre chronique du 9 juin 2021.
Fait à noter, le cours d’eau porte aussi à l’origine le nom de rivière Saint-Joseph, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, car la Commission de toponymie du Québec officialise le nom de rivière Joseph en 1976.
Enfin, pour découvrir toutes les beautés de ce cours d’eau, il faut consulter le livre Les saisons de la rivière Joseph de François et Michèle Lemaître produit par les Éditions Carte blanche en 2021. Les photos sont magnifiques.
Sources : Commission de toponymie du Québec, https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/accueil.aspx
Manon Leroux, L’autre Outaouais. Guide de découverte du patrimoine, Gatineau, Société Pièce sur pièce, 2012, p. 438-441.
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