Journée nationale de la vérité et de la réconciliation
Les communautés de la Vallée-de-la-Gatineau misent sur la sensibilisation
Alors que plusieurs représentants des Premières Nations de la Vallée-de-la-Gatineau sont allés joindre leur voix à celles d’autres communautés sur la Colline Parlementaire à Ottawa, des actions de sensibilisation ont été mises en place dans la région pour souligner la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, le 30 septembre dernier.
Il s’agit là d’une journée qui veut rendre hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats autochtones du Canada, à leurs familles et leurs communautés. Aussi connu comme la Journée du chandail orange, l’événement a été souligné par les diverses communautés de la Vallée-de-la-Gatineau.
Aux Galeries de Maniwaki, des bannières racontant l’histoire des pensionnats ont été installées afin de faire connaître ce pan de l’histoire vécu par des gens de la région. Charlotte Commanda, du Centre d’amitié autochtone de Maniwaki, explique que l’organisme a coordonné l’activité en y accueillant aussi des survivantes venues raconter leur histoire.
Marche solidaire
Une marche de sensibilisation et de solidarité a aussi été organisée par Health and Social Services de Kitigan Zibi. Plus d’une centaine de marcheurs ont participé. Parmi eux, des familles dont les parents et grands-parents ont vécu l’épisode des pensionnats.
Des témoignages pour ne pas oublier
Grace et Celyne, toutes deux de la communauté de Lac-Rapide et ayant vécu l’épisode des pensionnats, ont accepté de raconter leur histoire aux visiteurs venus les rencontrer aux Galeries de Maniwaki.
Grace avait environ 5 ans lorsqu’elle a été envoyée au pensionnat. Elle n’a pas beaucoup de souvenirs de tout ce qui s’y passait, mais se rappelle bien de la protection des « grandes filles » envers les plus petites, comme elle à ce moment. « On nous envoyait dehors, pas habillées pour la température, et les grandes nous entouraient pour nous réchauffer », se souvient-elle. Si ces souvenirs sont désolants, elle est maintenant persuadée que plus jamais de telles situations ne pourront arriver, car « notre peuple se lève debout, ne laissera plus faire des choses pareilles », dit-elle.
Celyne, pour sa part, conserve davantage de souvenirs du pensionnat, car elle était plus âgée : « Je me souviens que les sœurs conduisaient des petites filles dans leur chambre pour les abuser sexuellement. On était tellement nombreux à être envoyés dans les pensionnats qu’on nous a séparés. Certains à Amos, d’autres en Ontario… ». Celyne rappelle que ces sévices vécus ne datent pas de si longtemps. Pour sa part, elle aurait séjourné au pensionnat de 1970 à 1973.
C’est la violence des religieuses et ce qu’elle appelle « leur manque de jugement » qui lui reviennent beaucoup en mémoire. Croit-elle encore à la religion? « Ça m’apportait tellement de tristesse que je n’ai pas eu le temps de juger les prêtres et les sœurs. Je croyais plutôt à ce que je voyais dans le bois et m’y accrochais », répond-elle.
À la terre, mais aussi à leur langue; voici ce à quoi Grace et Celyne se sont le plus accrochées. « Nos parents parlaient juste l’algonquin. Au pensionnat, il ne fallait pas se faire prendre à parler notre langue, parce qu’on recevait des coups de poing et des coups de règle, raconte Celyne. L’été, quand on revenait, on s’accrochait à notre langue et on essayait d’en apprendre le plus possible », ajoute-t-elle en lançant un regard complice à Grace, qui se souvient elle aussi de cette période où elles mettaient tant d’efforts pour communiquer avec leurs parents.
Celyne mentionne que ses enfants et elle sont très proches. Est-ce à cause de ce qu’elle a vécu? Elle amplifie ses mots en serrant ses bras autour d’elle pour simuler un énorme câlin pour les siens. Si elle s’implique, c’est pour sensibiliser.
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