Société d’histoire de l’Outaouais
Les croix de chemin, un patrimoine religieux et culturel à valoriser (2/2)
Michel Prévost, président de la SHO
Le mois dernier, nous avons vu que les croix de chemin sont des témoins de la présence des catholiques francophones et qu’elles font partie du patrimoine religieux et culturel de la Vallée-de-la-Gatineau. Nous poursuivons en démontrant que ces croix n’ont pas qu’une valeur religieuse, bien que les rituels soient très liés à la foi.

Pendant longtemps, l’avenir de ces croix de chemin apparaissait bien sombre, mais un réveil en Outaouais laisse croire que l’on pourra en voir encore pendant longtemps.
Bornes
Les croix de chemin peuvent aussi servir de bornes. À une époque où les adresses des maisons et les noms de rangs ne sont pas indiqués, elles guident le voyageur. En effet, il s’avère facile d’indiquer la route en précisant que la résidence recherchée se trouve à gauche après la croix. À certains endroits, ces monuments servent également à délimiter les limites de la paroisse.
Les rituels
Il existe plusieurs rituels associés aux croix de chemin afin d’exprimer sa foi. Ainsi, après l’avoir érigée, le curé la bénit en présence des voisins. Lorsque l’on passe devant, on fait un signe de la croix et on prononce une prière. Certains, qui habitent trop loin de l’église où à cause du mauvais état des routes, remplacent la messe par des prières à la croix.
Toutefois, c’est en mai, le mois de Marie, que l’on fréquente le plus l’endroit. Alors que les villageois se rendent à l’église, les campagnards se déplacent à la croix pour prier la Vierge et déposer des fleurs. En outre, les jours de mai, la maîtresse ou le maître amène leurs élèves à la croix pour prier. C’est ce qui explique que l’on voit souvent une croix de chemin près de l’école de rang.
Comme derniers exemples, les neuvaines où on se rend neuf soirs de suite à la croix pour assurer de bonnes récoltes. Toutes ces rencontres entre les familles de fermiers, souvent éloignées les unes des autres, jouent aussi un rôle social, car ces sorties permettent d’échanger des nouvelles et de fraterniser entre voisins. Ces monuments contribuent ainsi à développer un sentiment d’appartenance à la communauté rurale.
L’avenir
Jusqu’à assez récemment, l’avenir semblait bien sombre pour nos dernières croix de chemin qui disparaissent les unes après les autres, mais un vent de renouveau apparaît au tournant du XXIe siècle. Ainsi, près de 80 croix de chemin sont maintenant inscrites au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, dont une trentaine sont classées ou citées. D’autres, comme la croix de Déléage se trouve dans le Répertoire du patrimoine du Réseau du patrimoine de Gatineau et de l’Outaouais.
Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses publications traitent de ce sujet. De plus, des sociétés d’histoire se mobilisent pour les préserver et certaines apparaissent sur des circuits patrimoniaux et touristiques. C’est notamment le cas à Aumond.
De beaux exemples
D’ailleurs, l’Outaouais se démarque par plusieurs exemples de préservation de ces croix. Ainsi, soulignons le dynamisme du Comité des affaires culturelles de Papineauville qui a fait citer trois croix de chemin. Dans cette municipalité, c’est le Comité d’embellissement qui s’assure que ces structures soient toujours en bon état. Voilà un bel exemple à suivre.
L’entretien de la croix des Faubert, au lac Bowman, s’avère un autre bel exemple. Ce monument est érigé en 1939 sur la terre de Joseph et Rose-Délima Faubert. Depuis 1983, Michel Charron, d’Ottawa, petit-fils de Joseph, se rend à chaque trois ans à la croix de ses ancêtres pour en assurer l’entretien. En 2008, son fils Yves réalise une vidéo afin de documenter la restauration du monument.
Bref, les croix de chemin sont des témoins importants de notre patrimoine religieux et culturel. De plus, plusieurs sont des œuvres d’art à entretenir puisqu’elles embellissent nos paysages. Il serait vraiment triste de parcourir les campagnes de la Vallée-de-la-Gatineau sans ne plus jamais en apercevoir!
Si vous avez des anecdotes concernant les croix de chemin de la Vallée-de-la-Gatineau, n’hésitez pas à me contacter à Michel.Prevost@uottawa.ca.
Voir: Michel Prévost, « Les croix de chemin de la Petite-Nation: un patrimoine qui n’est pas oublié », dans Hier encore, no 3, 2011: 29-35.
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