Un long métrage tourné à Kitigan Zibi
Bootlegger: prohibition, réalité autochtone et retour du pouvoir aux femmes
La productrice Catherine Chagnon (Microclimat Film) a invité les médias, le 7 décembre dernier, sur le plateau de tournage du film Bootlegger de la réalisatrice Caroline Monnet. Depuis déjà quelques semaines, le tournage du long métrage est en cours dans la communauté de Kitigan Zibi Anishinabeg, avant de retourner vers Montréal où il devrait s’achever le 21 décembre. Le film sortira en 2020, mais aucune date n’est encore confirmée.
Ce premier long métrage de la réalisatrice met en vedette Pascale Bussières, Devery Jacobs, Samian, Jacques Newashish, Dominique Pétin, Joséphine Bacon, C.S. Gilbert Crazy Horse et Brigitte Poupart dans les principaux rôles.
« Le projet du film est parti d’une discussion avec mon coscénariste Daniel Watchorn après la lecture d’un article dans le journal qui parlait d’une communauté dans le nord qui faisait un référendum pour décider si elle continuait la loi de prohibition ou non. Ça m’a interpellée, je trouvais ça intéressant. Par la suite, en m’informant, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de débats sur la question. J’ai trouvé que c’était un bon sujet de départ pour parler de la loi sur les Indiens, des lois paternalistes qui sont désuètes et qui traînent encore » a expliqué Caroline Monnet.
Le film raconte l’histoire de Mani, une jeune avocate ambitieuse qui revient d’urgence dans sa communauté autochtone isolée dans le nord du Québec et qui est déterminée à rompre avec les lois paternalistes en place. Mani propose un référendum pour renverser la prohibition de l’alcool dans la réserve. Cela bouleverse le confort de Laura, une femme blessée, qui s’adonne au trafic illégal d’alcool. Les deux femmes font chacune à leur manière l’expérience vertigineuse de la prise en charge de leurs destins respectifs.
« Pourquoi traiter de la réalité autochtone ? Parce que je suis issue de la Nation algonquine par ma mère. C’est sûr que les questions autochtones m’ont toujours interpellée. Il y a beaucoup de choses à faire encore. Il y a encore beaucoup de préconceptions et d’ignorance et je trouve qu’à travers l’art et le cinéma, c’est une belle façon de raconter, de démystifier et briser les idées préconçues ainsi que d’éduquer. »
-Caroline Monnet, réalisatrice
Bootlegger est réalisé par Mme Monnet et part d’un scénario qu’elle a écrit en collaboration avec Daniel Watchorn. La distribution des rôles et de la figuration est en grande partie autochtone et le film sera tourné en français et en anishinaabemowin.
« Je voulais que ça se fasse à Kitigan Zibi parce que c’est la communauté de ma mère. Pour moi, c’était naturel de vouloir tourner dans la région de Maniwaki et Kitigan Zibi. C’est là où sont mes racines et c’est une façon pour moi de revenir ici, d’en apprendre plus sur ma famille, de reconnecter avec la communauté aussi. C’est un peu comme mon personnage, sans être autobiographique, il y a toujours un peu de soi dans les films qu’on écrit et les personnages qu’on crée », a confié Caroline Monnet.
Réalités de tournage
Pour une équipe, venir tourner en région et qui plus est dans une communauté apporte sont lot de défis et de situations hors du commun. La productrice en parle avec plaisir et avec le sourire.
« C’est sûr que ça nous sort de notre zone de confort. C’est un film qu’on a déployé en peu de temps. À partir du moment où on a eu les confirmations qu’on pouvait aller de l’avant, on a eu une très courte période pour tout mettre en place. Ça, c’est un des éléments difficiles. Quand on est en terrain inconnu comme celui de tourner en région avec une équipe de cinéma ça apporte beaucoup de défis. Ça a été par contre une belle rencontre avec la communauté de Kitigan Zibi. On a eu beaucoup de curiosité et de participation de leur part et un bel appui de la part du conseil de bande. On a vraiment été bien reçu. Une autre réalité est de réussir le mariage des deux mondes. Mentalités, façons de faire, il faut s’ajuster », a expliqué la productrice Catherine Chagnon.
Autre situation cocasse, l’équipe de tournage a dû installer ses quartiers généraux au salon funéraire McConnery.
« C’est un concours de circonstances. On avait beaucoup d’intérêts pour plusieurs lieux de la communauté, comme le centre communautaire où on est aujourd’hui pour tourner, mais qui doivent rester à la disposition de la communauté en tout temps s’il y a un besoin. Il nous fallait un lieu assez vaste pour tous nous accueillir en permanence. Au fil des recherches, comme plusieurs membres de l’équipe sont à l’hôtel dont M. McConnery est un des propriétaires, ils nous ont offert de prendre le salon funéraire. Par contre, c’est arrivé à deux reprises et on a dû mettre nos choses au sous-sol pendant 24h pour laisser la place et tout réinstaller ensuite », a raconté Mme Chagnon en riant.
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