Samian
Un film aux enjeux importants
Rappeur métis originaire de Pikogan, petite communauté autochtone en Abitibi-Témiscamingue, Samian est bien connu pour être, entre autres, un militant pour les peuples des Premières Nations. Interprétant le personnage du policier Oscar, Samian s’est fait un plaisir de parler à L’info de sa vision du film Bootlegger et de l’importance des différents enjeux qui y sont véhiculés.
Pourquoi avoir accepté de jouer dans ce film?
Pour ce qui y est véhiculé, pour ses enjeux. Ce film est porté par des femmes, autant derrière la caméra que devant et ça m’a frappé. En lisant le scénario et en découvrant cette petite, même cette grande révolution qui touche les femmes, ça m’a donné envie de participer à raconter cette histoire-là. De voir d’aussi grands enjeux dénoncés et défendus par une vision féminine, c’est parfait.
Parlez-nous de votre personnage
C’est un beau personnage. C’est le fun de jouer Oscar. C’est un référendum qui s’amène d’ailleurs. C’est Mani qui débarque de Montréal, qui arrive en région éloignée, qui comprend peu la réalité et ne comprend pas que des lois aussi paternalistes soient encore actives aujourd’hui. Oscar est un peu celui qui, en tant que policier, est déchiré entre le « si l’alcool devient légal je risque d’avoir encore des problèmes et si ça reste prohibé, j’ai encore beaucoup de job à faire (rires) ». C’est un père de famille, c’est quelqu’un de très près des jeunes de sa communauté, un bon cœur. Je pense que c’est le premier personnage que je joue et qui est si proche de moi. Je suis vraiment content, car le fils d’Oscar, c’est mon garçon d’un an. Il joue avec moi et c’est vraiment un privilège de pouvoir vivre ça.
Dans le film, des enjeux importants sont abordés. Vous êtes militant de la cause autochtone, le sujet vous interpelle beaucoup. Pensez-vous que le film risque d’avoir un impact?
Je crois que oui et c’est pour ça que je suis embarqué dans le projet en fait. Une des premières choses que j’ai dites, c’est que je serais le premier à vouloir défendre le film, à amener ce débat-là sur la place publique. Il y a matière à avoir une discussion sociale à travers un sujet aussi complexe et délicat en même temps. Les médias sont très frileux quand vient le temps de parler de la réalité des Premières Nations. Je pense qu’aujourd’hui vous avez [les médias présents, ndlr] le beau rôle de venir raconter une histoire. On fait du cinéma sur une réserve. C’est vraiment trippant, mais en même temps, il y a certaines réalités plus complexes par rapport à la loi sur les Indiens. Quand on touche le côté politique, c’est sûr que je vais aller au front. Je vais parler de ce film-là et pas juste du film, mais de la situation et j’ai vraiment envie de porter ça à bout de bras s’il le faut.
Justement, partagez-nous votre opinion sur le fait qu’il y ait encore la loi sur les Indiens, la gouvernance, les réserves.
Cette loi-là prouve qu’il y a encore un côté paternaliste, colonial de vouloir dire aux Indiens quoi faire. Ça montre qu’on a aussi envie de prendre nos propres décisions. Je pense qu’on est dans une époque, autant dans la réalité que dans le film, où on est écœuré de se faire raconter notre histoire, on a plutôt envie de la raconter. C’est à notre tour de prendre la parole. C’est ce que Caroline fait, c’est ce que j’aime faire et c’est ce qu’on fait aussi à travers le film. Tous les comédiens qui ont choisi d’embarquer dans le projet c’est parce qu’ils y croient. En général, je pense que c’est un beau débat à avoir et le film va faire connaître une réalité que beaucoup de gens ignorent au Québec et au Canada aussi, car cette loi-là existe dans les communautés de partout au pays.
Diriez-vous que la situation autochtone est en train de changer?
Quand on parle de la pointe de l’iceberg, ce sujet-là c’est une petite pointe de glace qu’on peut voir au-dessus, mais en dessous, c’est énorme. La Loi sur les Indiens est active depuis 1876. Il y a des choses qui évoluent au fil des années, ça change, mais il n’y a pas qu’un grand problème. Il est plutôt question de différents aspects qu’on s’acharne à traiter sans les prendre dans leur entièreté, sans tenir compte de tous les facteurs. Je dis qu’il y a encore beaucoup de choses à faire.
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