Cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière
L’Outaouais et les Laurentides loin d’être satisfaits
Une cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides a débuté des travaux en décembre 2019 dernier. Les recommandations des différents comités qui la composent ont été déposées au ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Pierre Dufour, en juin 2020. Même si le ministre avait émis son intention de donner suite rapidement à plusieurs propositions, sur le terrain, certains membres de la cellule d’intervention conservent des doutes.
Le ministre entend donner suite rapidement à plusieurs propositions, dont celle en lien avec le développement pour la région de l’Outaouais d’un modèle de planification collaborative pour la saison 2021-2022, laquelle favorisera un processus de planification plus efficient qui générera des gains en termes de coûts d’approvisionnement.
L’application de traitements sylvicoles adaptés au contexte régional, l’utilisation de cours de valorisation des bois ou de cours de concentration, l’appui au modèle de planification collaborative des Laurentides, ainsi que l’identification des chemins multiressources prioritaires afin d’en assurer le développement ou la mise à niveau sont également considérés favorablement selon un communiqué de presse émis le 11 juin par le MFFP.
Gouvernement proactif
Selon M. Dufour, le gouvernement a été actif et certaines recommandations ont déjà fait l’objet d’annonces au cours des derniers mois. C’est notamment le cas de la proposition portant sur la réalisation d’une réserve de secteurs prescrits, harmonisés, équilibrés et organisés représentant trois années d’opérations. L’atteinte de l’objectif de prévisibilité de 300% est prévue pour décembre 2021.
Trois autres suggestions feront l’objet d’analyses par le MFFP, soit la mise en place d’un système de crédits concernant la rente (redevance annuelle), la mobilisation accrue du bois de la forêt privée, de même que la révision du modèle de la valeur marchande des bois sur pied pour la forêt feuillue et mixte.
Rencontre du 16 juin
Le gouvernement du Québec a fait le point sur les démarches effectuées afin de mettre en place des solutions durables pour assurer la relance de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides. Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, et le ministre responsable de la région de l’Outaouais, Mathieu Lacombe, ont discuté, le 16 juin, avec des décideurs et des entrepreneurs régionaux du secteur forestier.
Lors de cette rencontre, Québec a confirmé la prolongation des travaux de la cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides. Ce second mandat accordé à la cellule permettra de cibler de nouveaux marchés ainsi que des projets porteurs pour les produits du bois afin d’optimiser l’utilisation des volumes de fibre disponibles. Le rapport final est attendu au plus tard le 15 décembre 2020.
Aussi au programme de la rencontre, la recherche de partenaires pour sauver l’usine de Fortress à Thurso a été expliquée. Plus de 115 acquéreurs stratégiques et financiers à travers le monde ont été sollicités. Les ministres Fitzgibbon, Dufour et Lacombe estiment qu’il est encore possible de donner une nouvelle vie à ce site industriel et ainsi assurer l’avenir de l’industrie forestière dans la région, mais il n’est pas question de court terme présentement dans ce dossier. Le gouvernement du Québec s’est donc engagé à assurer le paiement de certains frais conservatoires comme le chauffage de l’usine et les assurances par exemple et à assurer la sécurité du site industriel dans une perspective de saine gestion des fonds publics. Ce plan sera réévalué en tenant compte de l’évolution des démarches pour relancer le site industriel.
Réactions dans les régions
À la suite de cette rencontre, autant en Outaouais que dans les Laurentides, des insatisfactions sont demeurées vives. Avec plus d’un mois de retard sur les horaires habituels, les entrepreneurs forestiers retourneront-ils en forêt? Les Laurentides et l’Outaouais partagent une réalité similaire qui touche à 9 000 emplois dans ces régions.
Les deux territoires démontrent un portrait similaire de leurs forêts. Il s’agit de forêt mixte incluant autant des conifères que des feuillus de diverses espèces. Cette réalité impose des frais d’opération supplémentaires lors de l’exploitation de la ressource forestière, mais le régime forestier mis en place au Québec il y a huit ans, ne tient pas compte de cette réalité et propose plutôt une règle unique mur à mur partout dans la province.
« Il est minuit et quart » selon Daniel Bourdon, maire de Mont-Laurier
Le maire de Mont-Laurier, Daniel Bourdon, a fait partie du comité consultatif de la cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides. La situation de la foresterie lui tient à cœur autant pour sa ville, mais aussi et surtout pour sa région et celle de l’Outaouais. Les 9 000 emplois touchés représentent un enjeu majeur.
Selon Daniel Bourdon, l’industrie forestière a écopé d’augmentations de coûts entre 2011 et 2019. Le gouvernement doit aussi s’attaquer à la lourdeur bureaucratique.
« Il y a plus d’ingénieurs forestiers dans les bureaux que dans le bois! » – Daniel Bourdon
Daniel Bourdon souhaite une meilleure collaboration des bureaux régionaux, il souhaite les voir en mode solution plutôt que réactifs. Même s’il a senti les ministres Fitzgibbon et Dufour à l’écoute lors de la réunion du 16 juin, il dit vouloir s’assurer d’un suivi serré. Daniel Bourdon dit avoir vu les trois ministres prendre beaucoup de notes. Selon lui, trois ministres qui se déplacent pour une rencontre, « c’est bon signe ». Mais il ajoute qu’il n’est pas « minuit moins le quart, il est minuit et quart. » Les entreprises ont un retard d’un mois sur leurs activités en forêt, car aucune entente n’a pu être prise jusqu’à maintenant. Vu la fermeture de l’usine Fortress à Thurso, les entreprises craignent d’aller faire des coupes et engager des frais alors qu’il n’y aura peut-être pas de preneur pour leur bois. Ils ne veulent pas « rester pris avec » comme l’explique le maire de Mont-Laurier.
La rencontre du 16 juin n’a pas apporté de réponses selon Daniel Bourdon. Le fait que la cellule d’intervention a été prolongée jusqu’en décembre 2020 permettra de poursuivre les demandes et de proposer des solutions comme un projet pilote pour les deux régions de l’Outaouais et des Laurentides au lieu d’une proposition mur à mur. La diminution du coût par hectare demeure aussi une lutte qui aiderait les forestiers d’ici pris avec une réalité de forêt mixte.
Chantal Lamarche sous-entend « d’autres moyens pour faire bouger »
La préfète de la Vallée-de-la-Gatineau, Chantal Lamarche, est incertaine face à l’écoute du ministre Dufour dans le dossier de la foresterie qui touche tout autant les Laurentides que l’Outaouais. Le 16 juin dernier, l’élue qui siège sur l’un des comités de la cellule d’intervention sur la vitalité de l’industrie forestière dans les régions de l’Outaouais et des Laurentides a dit du ministre qu’« Il nous écoute, mais son équipe a-t-elle une vision »?
Parce que depuis huit ans, lors de la mise en place du régime forestier qui a établi une règle unique défavorisant les régions comptant sur une exploitation de forêts mixtes, l’Outaouais et les Laurentides ont nommé clairement leurs craintes « d’avoir tout le temps de la misère ».
Parce que la rencontre du 16 juin n’a pas apporté de solutions tangibles, la préfète sent qu’elle s’est déplacée pour rien.
« Ils nous ridiculisent. » – Chantal Lamarche
Chantal Lamarche croit que dans la situation actuelle, aucune forestière ne voudra « entrer dans le bois ». Ceci représente 9 000 emplois comprenant, entre autres, des employés d’usine, des transporteurs et des gens pour faire la coupe. Chantale Lamarche travaille de pair avec le milieu de la foresterie et dit « former une belle équipe » avec eux. La préfète avoue que des discussions sur d’autres moyens à utiliser pour faire « bouger les choses » sont en cours.
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