Racisme envers les Autochtones
Existant aussi dans la Vallée-de-la-Gatineau
La mort d’une femme atikamekw de 37 ans, Joyce Echaquan, à l’hôpital de Joliette le 28 septembre dernier, a relancé le débat sur le racisme subi par les Autochtones au Québec. Loin d’être inconnu, le sujet fait partie de plusieurs plaintes reçues par le Centre d’amitié autochtone de Maniwaki et concerne autant la population, les commerçants, les soins de santé que les policiers. Quel portrait dans la Vallée?
Charlotte Commanda œuvre au Centre d’amitié autochtone de Maniwaki. Elle cumule plus de 25 ans d’expérience et jamais, durant toutes ces années, elle n’a vu le racisme créer de dégâts aussi grands que dans le cas de la femme atikamekw décédée dans des conditions dégradantes.
Cependant, Mme Commanda reçoit de nombreuses plaintes de la part de gens des Premières Nations qui se disent victimes de racisme.
« Lorsque nous recevons une plainte, nous prenons le temps de vérifier les deux côtés de l’histoire. » – Charlotte Commanda
Le Centre d’amitié joue alors un rôle d’accompagnateur pour guider les plaignants vers les ressources appropriées. Un dossier s’est même rendu jusqu’à la cour, précise Charlotte Commanda. L’issu du procès n’est pas connu de cette dernière, car le rôle du centre ne va pas jusqu’à accompagner une personne à la cour.
Types de plaintes reçues
La première et la plus grande cause de racisme dans la Vallée-de-la-Gatineau, selon Charlotte Commanda, est basée sur la langue parlée. Étant donné que les Autochtones de la région ont comme langue première l’algonquin, en deuxième l’anglais et en troisième, le français, une forme de racisme est souvent ressentie par les personnes des Premières Nations ne s’exprimant pas ou peu en français.
Vient ensuite le traitement différent dans certains commerces de Maniwaki. Il n’est pas rare que des gens déposent des plaintes au Centre d’amitié après avoir été suivis et surveillés lors de leurs achats ou qu’on leur ait demandé de vérifier leurs poches ou leurs sacs alors que les non-autochtones ne sont pas traités ainsi.
Finalement, les plaintes au niveau des soins de santé et des policiers viennent en troisième place. Quoique Charlotte Commanda sent une amélioration dans les services hospitaliers dû au fait qu’une personne interprète est sur place régulièrement, entre autres, le racisme en lien avec la langue de communication est encore beaucoup ressenti et ce, surtout en l’absence de ces personnes aidantes. En soirée par exemple.
Au niveau des services de police, les membres des Premières Nations sentent qu’ils ont droit plus souvent que les autres à des vérifications.
École et population générale aussi en cause
Au secondaire, les élèves des Premières Nations vont à la même école que les non-autochtones. Les jeunes des Premières Nations partagent souvent leur sentiment de se sentir exclus, de ne pas se sentir à l’aise de circuler dans leur école.
Souvent entendu par L’info lors de la couverture médiatique des barrages autochtones dans la réserve La Vérendrye dernièrement, le fait que les Premières Nations soient ménagées voire soutenues par le gouvernement revient sur les lèvres de plusieurs qui ne se gênent pas de les blâmer d’en vouloir toujours plus.
Charlotte Commanda confirme qu’il s’agit de propos racistes souvent entendus, mais aussi fréquemment lus sur les réseaux sociaux. Elle déplore le manque de connaissance de la population en ce sens, car cet argument ne représente pas la réalité, dit-elle.
La porte est ouverte, même pour être formé et poser des questions
Charlotte Commanda lance une invitation à la population générale : venez nous rencontrer, venez poser vos questions, le Centre d’amitié autochtone de Maniwaki a un rôle d’éducation. Chaque année, ils vont dans les classes des écoles de la région pour éduquer les jeunes à leur réalité. Le centre n’hésite pas non plus à se joindre aux autres organismes de Maniwaki, lorsque des kiosques d’information sont mis à sa disposition. Mais les gens peuvent aussi s’y rendre pour s’informer.
Une formation de deux jours est d’ailleurs offerte à tous pour mieux comprendre et savoir qui sont les Premières Nations dans la région. Quoiqu’aucune date de soit à l’agenda en ce moment en raison de la Covid-19, tous sont invités à s’y inscrire.
En conclusion, Charlotte Commanda souligne que la responsabilité de mieux se connaître est des deux côtés. L’éducation demeure une clef pour enrayer le racisme selon elle, car ainsi, au lieu de supposer et prétendre, les gens pourront savoir et affirmer. Si eux tentent de se faire voir et connaitre, elle croit que les non-autochtones peuvent aussi faire des pas vers eux. La porte est ouverte, répète-t-elle. Une interprète était d’ailleurs à ses côtés lors de l’entrevue afin de s’assurer que la communication soit fluide.
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