L’art public ne laisse personne indifférent

Publié le 2 décembre 2020 par Hélène Desgranges

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Hélène Desgranges

Journaliste | hdesgranges@inmedias.ca

Légalement, toutes les municipalités du Québec ont l’obligation d’utiliser une part de leur budget annuel pour l’art et la culture. Comme l’un de ses résidents est un artiste reconnu, celle de Denholm a décidé ne pas passer au côté de sa chance d’avoir une de ses œuvres.

L’art public ne laisse personne indifférent

La décision d’utiliser une part de budget pour l’achat d’une œuvre d’art n’a pas fait l’unanimité dès le départ. Rien de nouveau, car l’art est subjectif et si certains adorent une œuvre, les autres ne la comprennent pas ou la détestent, explique le maire Gaétan Guindon.
Les artistes ne sont pas toujours prophètes dans leur pays comme le dit le dicton. Des municipalités se sont éveillées au talent et la reconnaissance de leurs artistes locaux trop tard, à la suite du décès de ceux-ci par exemple. C’est le cas d’Acton Vale en Montérégie avec l’artiste en art moderne Serge Lemoyne. De renommée mondiale, le travail de Lemoyne était incompris par plusieurs citoyens et élus. Une fois décédé, on a constaté l’ampleur de son œuvre et on lui a érigé un parc commémoratif, organisé une exposition et ainsi de suite. Denholm n’a pas fait l’erreur.
Lors du Festival d’été en 2019, le directeur général de la Municipalité a demandé au maire Gaétan Guindon pourquoi Denholm ne possédait pas d’œuvres de l’artiste Denis Marceau, alors que d’autres endroits au Québec en avaient. L’artiste qui vit maintenant de son art déploie ses ailes au Québec et au-delà de la province.
« Des élus sont venus m’exprimer leur satisfaction face à l’exposition Recycl’Art de 2019. » – Denis Marceau
Plusieurs étaient donc convaincus de l’importance pour Denholm, de posséder une réalisation de l’artiste local et cela a conduit à l’acquisition de son œuvre Jean-Fil et Défile. Entre courriels échangés et communications décousues dues à la Covid-19, la transaction a eu lieu.
Une œuvre au sol, modifiée
Au départ, l’œuvre choisie était réalisée pour être exposée au sol. Gaétan Guindon explique que dans cette posture, l’œuvre se serait perdue sous la neige en hiver. L’artiste a donc proposé de l’installer au mur du centre communautaire. L’endroit a été confirmé et l’artiste y a terminé l’installation de l’œuvre d’art dernièrement.
Au départ prévue avec de l’éclairage intégré, ce dernier a été retiré, car, avec les projections des rayons de soleil le jour et l’éclairage du lampadaire déjà en place le soir, les ombres sur le mur de la salle communautaire donnent un autre point de vue à l’œuvre réinventée dont l’artiste est particulièrement fier.
« L’œuvre tire avantage de cette symbiose du soleil et de l’éclairage de soir, elle bouge avec l’humeur du temps. » – Denis Marceau
Récemment installée, l’œuvre n’a pas été vue par tous les citoyens. Jusqu’à maintenant, le maire de Denholm explique qu’il a surtout eu de bons commentaires de gens qui accueillent la beauté de la pièce d’art avec joie. Cependant, il a aussi entendu des gens suggérer qu’une telle œuvre « n’avait pas d’affaire là » ou que c’était de « l’argent jeté par les fenêtres ».
Cette œuvre fabriquée de lames de scie reproduit une pellicule d’animation qui décrit un conte réalisé à l’ONF de Cadet Rousselle. Cette histoire légendaire est connue dans le monde entier. L’artiste a reproduit l’animation qui fut créée par l’artiste peintre hullois, Jean Dallaire et aussi chantée par Félix Leclerc, deux grands hommes célèbres du monde.
Gaétan Guindon ne croit pas que l’œuvre attirera les touristes. L’idée derrière l’achat n’allait pas en ce sens, mais, qui sait, avec les améliorations prévues au Parc des Chutes, des gens pourraient avoir envie de la voir de plus près? D’ailleurs, dès le printemps, des plantes seront déplacées et remplacées par d’autres, plus basses, pour permettre à l’œuvre de ressortir davantage. Pour sa part, le maire dit qu’il a toujours aimé cette création et que les employés municipaux et élus en sont, de façon générale, plutôt fiers aussi.

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